Les parents comme les professionnels n’osent pas aborder avec les enfants le sujet des agressions sexuelles. Ne sachant pas quoi dire, redoutant d’être maladroits, ils restent sur des positions défensives : "ça concerne les autres" ou "si on n’en parle pas, il n’y aura pas de problèmes". C’est un sujet qui fait peur, alors qu’au contraire, la prévention repose sur la circulation de la parole. Des outils existent pour aider parents et professionnels à dépasser leurs inquiétudes. Encore faut-il les diffuser et les faire connaitre, c’est le but de cet article.
Les agressions sexuelles sur mineurs sont un sujet délicat. Il est tout à fait normal d’avoir des difficultés pour en parler, tout simplement parce qu’il est difficile de concevoir que de tels comportements existent et que, le plus souvent, ils sont commis dans l’entourage, par quelqu’un de la famille, parfois par un autre mineur. Même si l’on est éducateur ou soignant, nous avons tous du mal à être disponibles sur ces sujets, tous du mal à les aborder, à écouter un enfant qui se confie et savoir comment réagir.
Pourtant, la prévention repose sur la possibilité de ne plus avoir peur d’en parler. Si les enfants sentent les adultes moins désemparés, accessibles, ils se confient plus facilement en cas de problèmes. Il est donc important d’aborder ce sujet, même avec les plus jeunes car les enfants sont davantage exposés entre 5 et 10 ans. Il est également essentiel que la prévention se fasse en amont des agressions, en dehors des enjeux de soumission, de peur ou de honte qui vont trop souvent enfermer l’enfant dans le silence. Si la prévention ne permet pas d’éviter les agressions sexuelles qui restent de la responsabilité de l’auteur, en revanche, elle permet d’attirer l’attention et de libérer la parole dans les familles, chez les proches ou les voisins. La prévention permet de signifier aux enfants qu’ils n’ont pas à se sentir coupables des actes qu’ils subissent. Elle permet d’écourter le délai des révélations en leur donnant des repères sur ce qui est autorisé ou interdit.
Si les enfants sentent les adultes moins désemparés, accessibles, ils se confient plus facilement en cas de problèmes.
Alors, comment trouver les mots… ?
Alors comment trouver les mots, sans effrayer, sans culpabiliser ? Vers quelles ressources se tourner ? Voici plusieurs sites consacrés à la prévention, pour mieux s’y repérer, pour se sentir plus armé, pour savoir comment en parler avec les enfants.
Pour les plus jeunes, avant 5 ans, le site onnetouchepasici.org1 propose des supports visuels simples et ludiques autour de la rencontre entre Kiko et la main (programme du conseil de l’Europe).
Pour les enfants un peu plus grands, les éditions Bayard ont créé le livret stop aux violences sexuelles
2. Il repose sur des mises en situation sous forme de scénarios alternatifs pour en discuter avec les enfants.
Le site https://permisdeprudence.fr présente deux documents que nous avons créés avec Claude Delafosse et Dominique de Saint Mars. Le livret Les agressions sexuelles envers les enfants. Comment leur en parler ?
s’adresse aux parents et professionnels à travers des conseils concrets. Le permis de prudence
est un petit test à destination des 5/12 ans. Il porte sur dix questions pour évoquer avec les enfants les situations à risque telles que la menace, la loi du silence ou l’inceste.
A l’initiative du rugbyman Sébastien Boueilh, le site www.colosseauxpiedsdargile.org traite des violences sexuelles dans le milieu sportif avec des documents accessibles en ligne (le pack colosse) ainsi que des actions de sensibilisation sur le terrain pour les enfants et les entraineurs.
Et pour être complet sur le sujet, il faut aussi savoir qu’il existe des sites de prévention à destination des auteurs potentiels. Le sujet est tabou, souvent mal compris et trop peu connu. C’est pourtant un axe essentiel de la prévention : éviter le passage à l’acte des personnes ayant des pulsions sexuelles envers les mineurs (convention de Lanzarote 2007). En Suisse, le site www.disno.ch est un service destiné aux personnes, adultes et adolescent(e)s, n’ayant jamais commis d’acte d’ordre sexuel sur enfant mais préoccupé(e)s par des fantasmes sexuels envers des enfants. En France, c’est l’association L’ange bleu qui propose un espace d’accueil et d’écoute spécialisé
Tous ces sites proposent des informations et des supports téléchargeables gratuitement. La liste n’est pas exhaustive, elle présente différents angles d’approches complémentaires. Chaque professionnel y trouvera les documents avec lesquels il sera le plus à l’aise. Ensuite, il est important de les faire connaitre autour de soi et auprès du public pour dépasser le plafond de verre de la peur et de la dénégation.
Il est important d’aborder ce sujet, même avec les plus jeunes car les enfants sont davantage exposés entre 5 et 10 ans.
Notes
Bertrand Lionet, Psychologue clinicien, Docteur en psychologie, Saint Gilles les Bains (974) Lionet.bertrand@neuf.fr
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