Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

PORTRAIT / TEMOIGNAGE

Agnès, infirmière depuis 30 ans : "les patients sont de plus en plus exigeants"

Publié le 07/12/2017
yeux fermés

yeux fermés

Dans le cadre de sa rubrique "C'est mon boulot", le journaliste de France Info Philippe Duport poursuit sa série autour de ceux qui font le même métier depuis 30 ans. Cette fois, il a donné la parole à une infirmière, Agnès, qui travaille depuis 30 ans à l'hôpital Saint-Louis en chirurgie générale. En trois décennies, elle a pu constater de nombreux bouleversements… Comme en atteste le témoignage que nous avons écouté pour vous.

Agnès, infirmière depuis 30 ans, a eu le temps de voir l’hôpital changer. Les patients d’abord, ne sont plus les mêmes. Les patients comme les proches sont de plus en plus exigeants, confie ainsi Agnès qui remarque des incivilités et qui, parfois, les signale. Pourtant, l’infirmière ne se laisse pas entamer : Parfois ça peut aller très loin mais moi j'en prends mon parti, ça ternit un peu mon humeur du matin, mais pas plus, assure-t-elle.

Nous avons très peu de temps de formation parce que nous travaillons à flux tendu

Il a fallu s’adapter à un environnement de plus en plus complexe

Moins de temps de formation, moins de personnel aussi… Les restrictions budgétaires sont devenues tangibles dans le service d’Agnès.

En trente ans, l’environnement s’est aussi beaucoup complexifié, notamment avec l’arrivée des ordinateurs ou de machines de plus en plus élaborées au sein des hôpitaux. Une technologie qui a obligé les équipes à s’adapter. Bien sûr que c'est difficile pour moi, mais je fais avec. Je m'évertue à ne pas faire de fautes, mais je ne vais pas vite sur le clavier, je n'ai pas cette agilité-là, je ne l'aurai peut-être jamais. Je m'adapte, je suis parmi celles qui ont du mal mais je m'adapte !, explique Agnès.

Paradoxalement, dans cet univers de plus en plus compliqué à appréhender, les formations sont moins fréquentes. Nous avons très peu de temps de formation parce que nous travaillons à flux tendu, nous sommes toujours en service minimum, ce qui fait que nous ne pouvons pas [nous permettre]. Moi, ça fait bien cinq ou six ans que je ne suis pas allée en formation, regrette ainsi Agnès.

Les restrictions budgétaires sont devenues palpables

Moins de temps de formation, moins de personnel aussi… Les restrictions budgétaires sont devenues tangibles dans le service d’Agnès : On le ressent très fortement dans les services. Quand il y a des départs en retraite ou si une personne a un poste un peu surnuméraire, ou quelqu'un qui a eu un emploi protégé parce qu'il a eu des soucis de santé, ces postes-là disparaissent à tout jamais, témoigne-t-elle. Ces bouleversements se sont opérés progressivement selon l’infirmière qui compare les deux époques séparées de 30 ans : [Avant], on ne parlait pas d'argent, raconte-t-elle. Quant aux missions de l’hôpital public, de service public – accepter tout le monde, l'enseignement, la recherche, elles étaient extrêmement valorisées il y a 30 ans selon Agnès. Ce n’est malheureusement plus le cas aujourd’hui. Maintenant on n'en parle plus.

Alors, comment tenir dans ce contexte ? N’hésitez pas à vous souvenir des belles choses, comme nous le rappelle Sylvie Robillard , infirmière et formatrice, dans son édito. Se souvenir des belles choses, un réflexe qui participe aussi à la longévité d’un métier. Du moins, nous l’espérons.

Découvrez la chronique de France Info et le témoignage d’Agnès :

Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com