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Agnès Buzyn veut « changer la place de l'hôpital public dans notre système »

Publié le 14/12/2017
Crédit photo pour le ministère de la santé

Crédit photo pour le ministère de la santé

La ministre des Solidarités et de la Santé a accordé à Libération une interview où elle revient sur ses débuts avenue de Ségur, et ses projets pour l'avenir. Issue de la société civile, ancienne présidente de l'INCa puis de la HAS, ce professeure de médecine a su « faire son trou » et évoquer les principaux problèmes auxquels est à présent confronté le monde de la santé, un monde qu'elle connaît très bien.

Pour Agnès Buzyn, l'actuelle ministre des Solidarités et de la Santé, il est nécessaire de  réformer le système de santé en profondeur et notamment de changer la place qu'y occupe l'hôpital.

Apparemment, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé veut complètement réformer le système de Santé français et pour cela elle n'hésitera à recourir au bistouri ! Des décisions difficiles devront être prises car de vrais défis nous attendent, notamment sur la pertinence des soins. Restant optimiste, la ministre évoque le projet de loi de financement de la Sécurité sociale comme une avancée. On a pu orienter l'action sur des thématiques qui me tiennent à coeur. Elle cite pour exemple l'accès aux soins dans les territoires où elle propose une approche relativement différente qui se fonde sur les moyens à donner aux acteurs de terrains.

L'hôpital à bout de souffle

Avec la tarification de l'activité, ce système a fait croire à l'hôpital public qu'il devait se concentrer sur des activités rentables

Clairement, l'accent est mis lors de cet entretien sur « la restructuration des hôpitaux  » qui s'avère indispensable. Renforcer la capacité d'accueil, recentrer les activités sur leur valeur ajoutée et sur la médecine de recours, on va devoir transformer les choses en profondeur.

Désireuse d'aller contre la vision d'hôpital-entreprise, le Pr Buzyn maintient : non, l'hôpital n'est pas une entreprise et ne doit pas être réduit à des questions financières ! Sur la santé et l'hôpital, je ne dis pas qu'il n'y a pas besoin d'argent, mais nous sommes arrivé au bout d'une histoire et d'un système, annonce la femme politique. Selon elle, ce système avec la tarification de l'activité, a fait croire à l'hôpital public qu'il devait se concentrer sur des activités rentables, qu'il devait se sentir une âme d'entreprise. Alors que l'hôpital apporte autre chose en termes de service public, d'accueil, de compétences !

Un personnel à bout et sous tensions…

Une logique qui est arrivée à son terme, surtout que les premiers à souffrir de ce mode de fonctionnement est bien sûr le personnel. Les équipes hospitalières ont été malheureuses de ce virage. Des équipes auxquelles il faut redonner confiance et du sens à leur mission.

Nous allons avoir besoin de beaucoup plus de professionnels non médecins

Un système a adapter aux besoins de la population vieillissante

Consciente qu'elle se retrouve face à des professionnels de tous bords très en attente et très tendus par le poids des années écoulées, elle tient à entièrement repenser le système et changer la place de l'hôpital. C'est une urgence nous allons nous y atteler dès l'année prochaine y compris pour traiter la bonne articulation entre la ville et l'hôpital. En effet, aux yeux de la ministre, le système de santé français est avant tout inadapté à la situation actuelle notamment au vieillissement de la population. Par exemple, l'assurance maladie a été construite à une période où les personnes avaient essentiellement des maladies aigües ou des accidents, et ne vivaient pas très âgées. Face à des Français qui vivent de plus en plus longtemps et qui sont atteints de multiples pathologies souvent chroniques il est donc nécessaire de rééquilibrer l'activité vers ces parcours, où plusieurs professionnels se coordonnent. D'ailleurs nous allons avoir besoin de beaucoup plus de professionnels non médecins, souligne Agnès Buzyn .

Au niveau des dernières évolutions dans le monde de la Santé, la nouvelle ministre revient sur des réformes de l'ancien gouvernement. Selon elle, le dispositif prévu par la loi sur le tiers payant généralisé n'était ni acceptable ni faisable à très court terme. Un rapport sur le sujet est attendu pour le 31 mars, celui-ci devrait évaluer les populations les plus dans le besoin et donner une idée du calendrier. C'est mon objectif : que personne ne renonce aux soins pour des raisons d'avance de frais. Les jeunes, par exemple, y renoncent trop souvent .

En ce qui concerne les groupements hospitaliers de territoire ou GHT la ministre est plus enthousiaste et décrit le dispositif comme une bonne idée qui permettra de mieux organiser les filières de soins, en faisant en sorte que les établissements ne soient pas en concurrence mais complémentaires les uns des autres.

La prévention en première ligne

Agnès Buzyn garde le cap et tient à maintenir la prévention comme une priorité. Elle revient sur la polémique anti-vaccins , qui semble avoir beaucoup d'importance à ses yeux : c'est une des raisons pour lesquelles j'ai accepté ce poste. Face à la méfiance qui court, il faut faire de la pédagogie, rendre confiance (…), redonner du crédit à la parole rationnelle afin que le discours scientifique reprenne sa place dans la société.

Enfin, en ce qui concerne le débat sur la promotion de l'usage de la cigarette au cinéma, la ministre persiste et signe. Je continue de penser que le cinéma français véhicule une image plutôt positive du tabac. Elle enfonce même le clou : je ne veux rien interdire, mais je note que beaucoup de pays ont pris des recommandations sur le tabac et le cinéma, et on peut imaginer, comme aux Etats-Unis, une charte sans nuire à la liberté de chacun.

Dans tous les cas, si l'on doit retenir quelque chose de cet entretien, c'est que le Dr Buzyn promet une ordonnance « à rallonge » pour notre système de santé !

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com