Deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet de Paris lundi 13 janvier pour des violences policières commises lors de la manifestation du jeudi 9 janvier dernier. Ces procédures, confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), viennent s'ajouter à l'enquête préliminaire ouverte dès vendredi après la diffusion d'une vidéo montrant un policier tirant à bout portant sur des manifestants avec un LBD.
La première, ouverte pour "violences volontaires avec arme par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné une incapacité inférieure à huit jours", fait suite à une plainte déposée par une conductrice de la RATP, par ailleurs militante au syndicat Unsa. Cette dernière accuse un fonctionnaire de police (vidéo à l'appui) de l'avoir violemment frappée à la fin de la manifestation, alors qu'elle se trouvait à proximité de la gare Saint-Lazare. Ce policier "avait de la haine dans les yeux", a raconté sur RTL cette mère de famille, victime d'un "traumatisme crânien". Dans la vidéo, largement relayée sur les réseaux sociaux, on voit le policier lui asséner plusieurs coups de matraque télescopique, notamment au niveau du visage, alors qu'elle cherche à ramasser son téléphone portable tombé à terre.
Le seconde enquête, ouverte pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique", concerne une scène diffusée là aussi sur Internet, impliquant une aide-soignante de Sud Santé et un manifestant de 23 ans, frappé au sol alors qu'il tentait de lui venir en aide. "Il ne connaissait pas cette femme mais il a voulu la secourir, parce qu'elle criait et parce qu'elle avait l'air de se sentir mal", a raconté l'avocate du jeune homme, Camille Vannier, évoquant "une quinzaine de coups de poing", principalement au niveau du visage. Placé en garde à vue à l'issue de la manifestation, le jeune homme a été remis en liberté samedi sans qu'aucune charge soit retenue contre lui, selon son avocate. Il a porté plainte lundi pour "violences volontaires" auprès du parquet de Paris.
Jointe par téléphone par l'équipe de Libération chargée de vérifier l'information, Audrey, aide-soignante à l’hôpital Cochin, a raconté la scène, qui s’est déroulée peu avant 18 heures. J’étais venue défiler contre la réforme des retraites. Je me suis retrouvée au milieu d’une charge policière». Brice Ivanovic rapporte à ce moment-là une situation tendue entre les manifestants et les forces de l’ordre. Jets de projectiles et gaz lacrymogènes se répondent. "Je me suis cachée derrière une barricade pour me protéger des gaz lacrymogènes. Je n’ai pas vu que d’autres policiers arrivaient derrière moi. On m’a traînée au sol, j’ai même senti qu’on me soulevait mais je n’ai pas opposé de résistance de peur d’être blessée
. C’est à ce moment-là qu’un homme se jette sur elle pour la protéger : Je ne connais pas cette personne. J’ai essayé d’envoyer des messages pour le retrouver et le remercier. C'est lui qui a été frappé. Moi, je pèse 50 kilos, si j'avais pris ces coups, ils m'auraient cassé en deux
, a relaté l'aide-soignante.
Selon Audrey, l’homme avait des blessures à la tête, il aurait été pris en charge par les street medics, puis interpellé. Audrey s’en sort, elle, avec une double entorse au genou droit. J’avais mal. Quand les street medics m’ont demandé comment je m’étais fait ça, je n’ai même pas su répondre, tout est allé très vite
. En milieu d’après-midi, vendredi 10 janvier, SUD santé AP-HP a publié un communiqué sur sa page Facebook : Grâce à la protection d’un manifestant, notre collègue aide-soignante a évité le pire. Merci à lui. Nous dénonçons vivement les agissements de cette police violente qui s’attaque à tous et toutes. Nous dénonçons l’impunité de la police qui traîne à terre une femme et roue de coup les manifestants
.
Ces différentes enquêtes interviennent alors que les critiques se multiplient contre les policiers pour leur gestion des manifestations depuis le mouvement des "gilets jaunes".
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