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Accueil d'un nouvel agent : quid du rôle du cadre de santé

Publié le 22/09/2015
équipe soignants hopital

équipe soignants hopital

L’intégration d’un nouvel agent est une phase importante de la carrière de celui-ci, mais aussi de l’unité dans lequel il est affecté. Annie Juin, étudiante cadre de santé, nous donne sa vision de ce qui doit être fait pour favoriser cette intégration.

Favoriser l'accueil d'un nouvel agent...

Que ce soit dans le cadre d’une mutation, de la mobilité interne avec orientation ou non dans un autre pôle, ou à l’issue de formations professionnalisantes, tout changement génère de l’angoisse. D’innombrables interrogations se bousculent tant sur l’organisation professionnelle que sur le plan privé. Pour certains, cela sera consécutif à la réalisation d’un projet, à un aboutissement, et et constituera pour d’autres l’entrée dans le monde professionnel. Quelles que soient les attentes de chacun , une étape est primordiale : l’accueil.

Une étape clé dans la carrière d’un agent

Avant toute prise de fonction dans un nouveau service, voire dans un nouvel établissement, l’agent doit se sentir attendu. Qui mieux que le cadre de santé pour assurer cette étape charnière pour une nouvelle recrue ? Dans une institution, le rôle du cadre est divers et varié, il a des missions à accomplir et nous pouvons attribuer à ces dernières des niveaux d’importance. L’un de ses principaux rôles est l’accompagnement des équipes soignantes. Sur une échelle de valeurs, où place t-on l’accueil d’un nouveau soignant ? Les établissements ont-ils mesuré et pris conscience de l’incidence que cela pouvait avoir de réaliser un accueil de qualité ? Par expérience, les cadres expriment que cela ne nécessite pas énormément de temps, mais qu’il faut impérativement y dédier un moment car des enjeux importants en dépendent, notamment l’intégration et l’implication au travail d’un nouvel agent.

Faciliter l’intégration au sein de l’équipe

Le cadre de santé, lorsqu’il va accueillir un professionnel, transmettra une quantité conséquente d’informations, de l’organisation du service à la présentation de l’équipe, toute la logistique telle que les identifiants informatiques, les tenues de travail, les clés, la remise en main propre de la fiche de poste, du planning, etc.

Autant d’éléments qui vont permettre au soignant de débuter sa prise de fonction plus sereinement et d’organiser sa vie privée par la même occasion. Le cadre va avoir pour rôle d’accompagner l’agent, de faciliter son intégration au sein de l’équipe, de l’aider à s’adapter dans son nouvel environnement, de lui faire prendre conscience de l’intérêt de s’impliquer dans son travail et de trouver sa place dans le groupe.

L’importance du cadre dans la qualité de l’environnement de travail

Le cadre est en capacité de donner tous les outils pour favoriser une bonne intégration, mais le pouvoir d’intégrer un nouvel agent revient à l’équipe. Au cadre d’adapter habilement sa stratégie de management pour influer et donner l’impulsion nécessaire à la dynamique d’équipe. Un climat de confiance, l’ambiance environnementale, la relation avec les collègues, des conditions de travail satisfaisantes, une équité dans les plannings, autant d’éléments qui vont faire office de leviers et vont favoriser l’engagement de travailler au sein de l’institution, la fidélisation du personnel, l’implication.

L’incertitude liée à la conjoncture

Chacun a sa représentation du travail et lui donne des degrés d’importance, ces attributs sont propres à chaque professionnel. Il en ressort que ces derniers génèrent tous de l’anxiété à l’idée de perdre leur emploi. Dans la société actuelle, chaque agent est en quête d’une stabilité au travail, d’une sécurité de l’emploi, soit par le biais de contrat à durée indéterminée dans des établissements privés, soit, en secteur public, par une titularisation qui se réalisera dans le cadre d’une période de stagiairisation de plus en plus longue. Malgré cette incertitude, les professionnels qui continuent de s’impliquer dans la réalisation de leurs missions. Dans le secteur de la santé, les soignants s’investissent, font preuve d’implication pour atteindre de manière satisfaisante les objectifs du service. Il émane toutefois des propos des soignants un ressenti prégnant d’une non reconnaissance de leur travail quotidien.

Des changements organisationnels et psychologiques

À celle-ci s’ajoutent les conditions de travail qui sont un facteur favorisant à la fidélisation des agents. Au fil des années, différents travaux de recherche ont observé l’apparition de traumatismes musculo-squelettiques (TMS), une violence croissante, quel que soit le service. En secteur des urgences ou en secteur gériatrique, aucun pôle n’est épargné. Les agents sont exposés à des agressions physiques ou verbales et ces divers traumatismes nécessitent d’être pris en charge.

Autres révolutions des années 2000 impactant sur le travail, l’apparition des réductions du temps de travail (RTT), cette nouvelle politique favorisant la création d’emploi, engageant les services a une réflexion sur l’organisation de leur travail, la charge restant à l’identique mais nécessitant un lissage différent des tâches.

L’intégration pour favoriser l’implication

Le cadre de santé s’est trouvé au coeur de cette mouvance sociale, il a été témoin de cette évolution sociale. Le travail a une place importante dans l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Un agent va apprécier venir à son travail s’il fait partie intégrante de l’équipe. Le fait de se sentir bien sur son lieu professionnel va impliquer des comportements positifs.Dans une équipe, chacun apporte sa pierre à l’édifice, il ne faut pas perdre de vue l’objectif à atteindre mais il est essentiel que ce dernier soit réalisé par un groupe uni et que soient mises à profit les compétences complémentaires de chacun. L’implication ne s’effectue pas si la motivation n’est pas présente. Pour favoriser l’implication, un agent doit avoir ce désir d’apprendre, de rester en veille culturelle, d’être satisfait du travail réalisé, de prendre du plaisir, être reconnu pour le travail effectué.

Favoriser le bien-être au travail

Avec du recul, je peux en conclure que chaque être humain va réagir différemment face au changement, chacun va l’appréhender à sa manière, même si en général, de l’anxiété est générée à un degré plus ou moins important. Le cadre fait le lien entre l’équipe et les différents acteurs de l’institution. Une préparation en amont lors de l’arrivée d’un nouvel agent s’avère donc bénéfique. Cette anticipation sera moins anxiogène pour l’arrivant. Un cadre sera posé. Nous passons annuellement un nombre considérable d’heures sur notre lieu de travail, c’est important de s’y sentir bien. Quand on se sent bien au travail, cela a des retentissements positifs, d’ordre professionnel ou privé. Il ne faut pas négliger cet équilibre, qui est indispensable pour qu’un agent se réalise. Il n’est pas exclu qu’une pression « plane » au sein des unités de soins. Si un soignant ne va pas bien sur le plan physique ou psychologique, le cadre doit être là pour apporter son soutien et l’accompagner. Cette relation sera plus aisée si, dès son arrivée dans l’unité, une relation de confiance se construit progressivement.

Concluons notre article sur une petite note d’humour signée Coluche : « Le travail, c’est bien une maladie, puisqu’il y a une médecine du travail ».

Annie Juin  Étudiante cadre de santé  calypso22@orange.fr


Source : infirmiers.com