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GRANDS DOSSIERS

Accidents d'exposition au sang : 2017 année de transition

Publié le 15/09/2017
Seringue prise de sang

Seringue prise de sang

Les AES sont parmi les accidents du travail les plus fréquents en milieux de soins. Ils peuvent être responsables de la transmission de maladies infectieuses. Des séroconversions ont ainsi été documentées dans la surveillance nationale des contaminations professionnelles par le VIH, le VHC et le VHB conduite par Santé Publique France (ex InVS) et transférée au GERES à compter du 1er mai 2017.

A l'hôpital, comme en ville, la manipulation des aiguilles reste le principal type d'exposition aux AES signalée.

Dans les établissements de santé, ces accidents, bien documentés, ont conduit à la mise en place de programmes de prévention adaptés. Deux enquêtes du GERES conduites à 10 ans d’intervalle1 avaient montré une diminution d’un facteur 4 du risque d’AES par piqûres chez les infirmiers : de 26 piqûre/100 infirmiers/an en 1990 à 7 en 2000.

Précautions standards, matériels de sécurité… font leurs preuves

Les données de la surveillance nationale des AES, coordonnée par le RAISIN et associant le GERES, effective de 2003 à 20152, ont confirmé cette tendance : le taux d’AES par piqûres chez les infirmiers est passé de 5,2 piqûres/100 infirmiers/an en 2004 à 3,6 en 2015. La surveillance des AES a montré que la sécurité d’exercice des professionnels de santé s’est fortement améliorée et que l’utilisation des matériels de sécurité apparaît significativement associée à un moindre risque d’accident. Au fil des ans, une meilleure application des précautions standard , l’utilisation plus répandue de matériels de sécurité pour les gestes invasifs, ont conduit à une diminution importante du risque d’AES . La surveillance nationale a également permis de guider et stimuler des actions de prévention dépassant le thème des AES dans les établissements de santé, en mobilisant en binômes étroits les médecins du travail et les équipes opérationnelles d’hygiène .

Tous les secteurs du soin concernés...

Cette surveillance, qui n’est plus considérée comme une surveillance nationale prioritaire, a été arrêtée depuis le 1er janvier 2016 et n’est plus assurée par le RAISIN3. En cette année 2017 de transition, le réseau CClin-Arlin doit être réorganisé en structures régionales, les CPIAS et le Comité de coordination du Raisin doit évoluer vers un Comité de pilotage des activités nationales du futur réseau des CPIAS. La surveillance des AES devant être poursuivie règlementairement dans les établissements de santé, il a été décidé de continuer à proposer l’outil Web-AES.
Les efforts doivent être poursuivis dans le sens de la prévention et de la prise en charge des AES. La directive européenne 2010/32/UE, le décret et l’arrêté des 9 et 10 juillet 2013 transposant en droit français la directive ont vocation à renforcer cette démarche de prévention et notamment promouvoir le recours aux matériels de sécurité.

Si la diminution du risque a été particulièrement forte au niveau de l’hôpital, le recours aux matériels de sécurité semble moindre dans les petits établissements et notamment les établissements privés4. Le risque d’AES est également présent en dehors des établissements de santé ainsi que l’ont montré les enquêtes conduites par le GERES5,6 : EHPAD, laboratoires de ville, soins de ville… Il est cependant moins bien connu du fait du peu d’études disponibles et d’une prise en compte plus récente.

Ne pas baisser la garde…

Une surveillance des AES à une échelle plus large que le niveau local permet de repérer une augmentation des accidents liés à des évènements rares ou émergents (dysfonctionnement ou incompatibilité entre dispositifs, nouvelles pratiques de soins…) et de mettre en place des actions correctrices. Le maintient d’un réseau de surveillance sentinelle, qui pourrait s’étendre à d’autres lieux de soins (EHPAD, ville…), paraît à ce titre souhaitable pour continuer à disposer d’indicateurs ciblés sur les AES, dont les thèmes pourraient varier : piqûres liées au prélèvement, AES en pédiatrie, pénétration de tel matériel de sécurité, AES en HDJ, chirurgie ambulatoire…, afin d’argumenter des politiques de prévention et déclencher le cas échéant des alertes.

Gérard PELLISIER   Responsable Scientifique/Organisation GERES  

Références bibliographiques

  1. Risque d’exposition au sang parmi le personnel infirmier – Evolution 1990-2000. Documents pour le médecin du travail 2000 ;96 :447-457
  2. Surveillance des accidents avec exposition au sang dans les établissements de santé français. Réseau AES-Raisin, France – Résultats 2015. Saint-Maurice : Santé publlique France ;2017. 61 p.
  3. http://www.cclinparisnord.org/AES/AES.php
  4. Suivi des AES dans les établissements de santé. Place et intérêt des matériels de sécurité. Feuillets de Biologie 2012 ;LIII(309) :41-48.
  5. Risque d’exposition au sang lors des prélèvements veineux. Résultats d’une étude dans les laboratoires d’analyses médicales. Documents pour le médecin du travail 2007 ;110 :173-192.
  6. Cabipic : risques d’accidents d’exposition au sang et couvertures vaccinales des médecins libéraux en région parisienne en 2011. BEH 2012 ;38 :421-424.

Source : infirmiers.com