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PUERICULTRICE

800 puéricultrices attendues à Lyon !

Publié le 18/06/2013

A la veille de l’ouverture des 38èmes journées de l'Association Nationale des Puéricultrices Diplômée et des Étudiants (ANPDE), du 19 au 21 juin 2013 à Lyon, Sébastien Colson, président réélu le 25 mai dernier pour trois nouvelles années, nous livre les préoccupations et les attentes de cette spécialité infirmière riche de quelque 15.500 professionnels.

19-21 juin 2013 : 38èmes journées de l'ANPDE à Lyon

Infirmiers.com - Sous quels auspices s’ouvre cette nouvelle édition lyonnaise et combien de congressistes attendez-vous ? 

Sébastien Colson - Nous allons accueillir environ 800 congressistes et nous avons même dû refuser du monde en raison de la capacité limitée de la salle. Depuis les Journées de La Rochelle, l'année dernière, nous avons plus que doublé le nombre de participants, ce qui reflète un véritable intérêt de la profession pour se former et une reconnaissance de l'apport scientifique et professionnel que nous proposons deux jours durant. Nos préoccupations professionnelles sont nombreuses  certaines récurrentes (!) et, de fait, plénières, tables-rondes et ateliers thématiques nous permettront d’en débattre avec toujours le même esprit constructif et combatif qui nous anime. 

Infirmiers.com - Quelles seront donc la ou les thématiques choisies autour desquelles se dérouleront les débats et ateliers ?

Sébastien Colson - La réingénierie du diplôme d’État de puéricultrice occupera, une fois encore les esprits... et les discussions. En effet, nous avions espéré une annonce officielle ministérielle sur le sujet, mais en vain. Nous sommes donc embarrassé et avons dû réajuster nos propos pour la troisième année consécutive. Visiblement, nos instances font la sourde oreille.  Nous sommes donc toujours et encore en attente d'un cadrage interministériel sur le niveau de sortie du grade Master pour les puéricultrices. Tant que nous n'aurons pas cette décision, les travaux de réingénierie ne bougeront pas. Raison pour laquelle nous n'avons pas eu de convocation par la DGOS depuis notre dernière réunion du 28 septembre 2011. C'est une honte que cette décision prenne autant de temps, car le dernier programme de formation des puéricultrices date de 1983. Il aura 30 ans le 13 juillet prochain... Alors que les référentiels de formations sont actuellement révisés tous les 5 ans après évaluation de l'Agence d'évaluation de la recherche dans l'enseignement supérieur (AERES) à l'université. Très clairement, la profession en a assez d'attendre. La voie diplomatique semble de moins en moins efficace. Par conséquent, le conseil d'administration de l'ANPDE a voté une stratégie de communication le 25 mai dernier. Nous attendons de voir ce qui se passera pendant notre congrès - si toutefois une annonce officielle arrivait - mais nous n'y croyons guère. Ce sera maintenant à la profession de montrer qui elle est et ce qu'elle veut, soutenue par notre association bien entendue.

D’autres thématiques, moins chargées en électricité, occuperont une place importante en séance plénière : l'enfant et l'autisme, la consultation de puéricultrice, l'évolution des établissements d'accueil des jeunes enfants (EAJE) ou l'interculturalité dans les soins. Concernant les ateliers, leurs thématiques seront en phase avec l’exercice professionnel et les problématiques qui s’y rattachent avec, entre autres : l’exercice libéral, les fiches de poste spécifique des puéricultrices en hospitalier, l’harmonisation des pratiques en Protection Maternelle et Infantile (PMI), l’évolution des établissements d'accueil du jeune enfant (EAJE) et nos propositions pour une meilleure prise en soin de l'enfant et sa famille, la vaccination des tout-petits, la douleur en hospitalier et en extra-hospitalier ou encore comment écrire dans une revue professionnelle... Nous proposerons également une première réunion des représentants étudiants à la commission étudiante, afin d'aborder les problématiques de vie étudiante pour les infirmiers et sages-femmes étudiant puéricultrices.

Concernant l’ouverture européenne, quelques interventions francophones sont à souligner, notamment celle du SIDIIEF sur la formation infirmière, ou encore un atelier sur une expérience franco-québécoise de recherche sur l'allaitement et un atelier sur les pleurs du bébé par une puéricultrice formatrice à l'HES de Genève.

Très clairement, la profession en a assez d'attendre. La voie diplomatique semble de moins en moins efficace...

Infirmiers.com - L'interculturalité dans les soins à l'enfant et sa famille, vous l’avez souligné, est un des sujets que vous allez aborder durant ce congrès, quelles en sont les finalités attendues ?

Sébastien Colson - Notre spécialité se place souvent dans cette interculturalité dans son exercice quotidien du fait de notre prise en soin holistique de l'enfant et sa famille et de notre activité plurisectorielle (hôpital, PMI, EAJE, libérale...). Cependant, on n'en parle encore très peu alors que la prise en compte des éléments culturels des patients est aujourd’hui un élément incontournable. Si, en France, cette thématique est encore jeune, dans d’autres pays comme les États-Unis, elle est bien ancrée dans le système des soins. Il est vrai que l’histoire des États-Unis a été fortement marquée par des vagues de migrants qui se sont installés et qui, dans la perspective américaine, ont gardé un certains nombres de tradition communautaire. Comment l’interculturalité dans les soins est-elle appréhendée en France et notamment dans les soins dédiés aux enfants ? Quelles sont les ressources qui permettent aux professionnels de santé de mieux intégrer cette notion dans leur quotidien ? A l’occasion de ces journées d’études, les infirmières puéricultrices tenteront de répondre à ces questions autour de Christophe Debout, Professeur, Directeur du département sciences infirmières et paramédicales de l’EHESP et de Jenna Fouillen, infirmière puéricultrice en néonatologie au CHU de Grenoble.

Infirmiers.com – Votre association exerce un fort lobbying auprès des pouvoirs publics. Comment vous organisez-vous pour constituer vos groupes de travail et produire vos arguments ?

Sébastien Colson - Nos préoccupations professionnelles sont multiples, de fait, nous avons réorganisé l'association en ce sens de façon à être toujours très constructifs. Le bureau est en cours de renouvellement. Nous attendons des candidatures pour les postes aux vice-présidences et au secrétariat général. Quant à mon mandat de président, il a été renouvelé le 25 mai 2013, c'est donc reparti pour 3 ans... Il en faut du temps pour construire ! Ainsi, nous avons mis en place plusieurs commissions de réflexion dédiées à des sujets précis : hôpital, PMI, mode d'accueil, libéral (en cours d'installation), étudiants. Ces commissions se doivent d'anticiper les événements clés, comme les discussions autour du projet de loi de financement de la sécurité sociale par exemple, ou bien les différents travaux HAS ou ministériels. Effectives de façon récente, elles accomplissent déjà un travail formidable. Une autre véritable avancée au sein de l'association, c'est l'installation d'un « conseil scientifique ANPDE » qui vient de lancer une enquête pour établir un réseau de puéricultrice ayant un diplôme universitaire et des compétences de recherche. C'est en effet en favorisant la recherche dans notre profession que nous pourrons disposer d'arguments scientifiques pour la défendre. Nous sommes très en retard par rapport au reste du monde, il est donc nécessaire de promouvoir ce type d'activités. Nos préoccupations majeures se portent également sur la réforme de la formation et l'évolution de l'exercice. Nous sommes également très investis dans les dossiers spécifiques, comme la mise à jour de la recommandation HAS ou les travaux de la Commission Nationale de la Naissance et de la Santé de l'Enfant concernant les sorties de maternité, le parcours de soins des enfants atteints de troubles de l'apprentissage ou encore le parcours de soins des enfants atteints de maladie chronique. ; autant de dossiers qui nécessitent un travail important pour apporter une contribution significative. Enfin, récemment, en mars 2013 ; le rapport ONDPS sur la prise en charge de la santé de l'enfant est paru. Ce rapport, présidé par le Pr Berland, a demandé un investissement important également et pour la première fois, la puéricultrice est mise en valeur (citée 37 fois), tout cela dans un consensus entre tous les participants de la commission : ONDPS, DGOS, DGS, HAS, DREES, CNAMTS, médecins généralistes, puéricultrices, pédiatres, péso-psychiatres... Nous espérons qu'il sera utilisé très prochainement pour toutes les concertations que nous avons en cours.

C'est en favorisant la recherche dans notre profession que nous pourrons disposer d'arguments scientifiques pour la défendre.

Infirmiers.com – En marge de ces préoccupations, on parle aujourd'hui de plus en plus des sages-femmes en maternité pour remplacer les puéricultrices. A votre avis, quelles sont les raisons de cette mutation et comment vous positionnez-vous sur le sujet ?

Sébastien Colson - Il s'agit d'un sujet sensible, d’autant que les raisons de ce changement ne sont pas clairement données. Mais ce qu'on peut constater - et c’est regrettable - c'est que la politique actuelle place davantage les professions de santé en concurrence plutôt que dans un esprit de collaboration. Notre offre de soins devrait être centrée sur les besoins et les demandes des populations que nous devons prendre en soin, en définissant les compétences attendues pour y répondre, ce qui permettrait de définir le rôle et les missions de chaque profession auprès de cette population dans un esprit de collaboration, chacun reconnaissant les limites de ses compétences. Nous en sommes malheureusement bien loin, mais il s'agit de notre cheval de bataille. Les puéricultrices ne veulent pas prendre la place des autres professionnels, elles veulent juste la leur, et qu'elle soit reconnue et valorisée.

Infirmiers.com – Vous êtes depuis un an déjà administrateur du Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone (SIDIIEF). Qu'est-ce que cela suppose, quelles sont les axes de travail, comment enrichir et faire rayonner le métier de puéricultrice dans l'espace francophone et partout dans le monde ?

Sébastien Colson -L'expérience au sein du SIDIIEF est réellement enrichissante. Au-delà de la spécialité de puéricultrice, c’est toute la France qui rayonne dans l'espace francophone. De nombreux axes de travail ont été déterminés lors des réunions stratégiques, en mars dernier, à Montréal. Nous avons défini ensemble un plan triennal ambitieux et nous sommes positionnés, par exemple, contre l'excision au Gabon. Si le SIDIIEF est un soutien pour les démarches que nous entreprenons sur la formation, nous sommes également un soutien pour le SIDIIEF et son rayonnement en France. L'ANPDE va prochainement co-organiser un cycle de séminaires européens avec la Belgique et la Suisse et nous sommes très heureux de participer à cette opération. 

Infirmiers.com – Une question plus personnelle pour finir. Vous préparez actuellement un doctorat en Santé publique à Aix-Marseille Université, en co-tutelle avec l'Université de Montréal en Sciences Infirmières. Quelles perspectives envisagez-vous ?

Sébastien Colson - Pour être précis, je réalise la première co-tutelle de thèse sur deux disciplines différentes entre la France et le Canada. Je suis en effet inscrit en Santé publique à Aix-Marseille Université (AMU) et en Sciences Infirmières à l'Université de Montréal (UdeM). Ce projet est un réel plaisir pour moi même s'il demande énormément d'investissement. Pendant mes différents séjours au Québec, j'ai pu me plonger au cœur de la discipline infirmière et je garde des contacts avec mes collègues étudiants de Montréal, ainsi qu'avec les professeurs qui m'ont apporté leur enseignement, et bien sûr avec ma directrice de thèse, José Côté. Le projet post-doctoral est de devenir enseignant chercheur, avec une implantation dans un milieu clinique (pédiatrique de préférence !). Cependant, je suis confronté, comme mes collègues docteurs avant moi, à la problématique de l'intégration des infirmiers à des qualifications de maître de conférence, puisqu'il n'existe pas encore de Conseil National des Universités avec une section « Sciences Infirmières ». Tout est donc à créer et il me semble que les politiques doivent s’activer en la matière, en raison de la mise à l'université des infirmiers en France. La profession infirmière doit recevoir un enseignement disciplinaire infirmier pour acquérir les compétences qui sont demandées pendant les formations de 1er, 2ème et prochainement peut-être 3ème cycle. Nous sommes donc dépendants, une nouvelle fois, d'une décision politique pour que notre profession, notre discipline, soit reconnue et valorisée à juste titre. 

Infirmiers.com souhaite un excellent congrès aux puéricultrices, riche de beaux débats et de belles perspectives !

Propos recueillis par Bernadette FABREGAS Rédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com


Source : infirmiers.com