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2012 : année de tous les dangers pour les infirmières ?

Publié le 06/01/2012
Quelles perspectives en 2012 pour les infirmiers ?

Quelles perspectives en 2012 pour les infirmiers ?

L'année 2012 sera-t-elle pour les infirmières l'année de toutes les victoires ou celle de tous les dangers ? Ce que l'on observe aujourd'hui, peu réjouissant, voire même inquiétant, laisse à penser que la deuxième option est hélas plus probable. Sur tous les fronts, bien des conquêtes restent à faire...

Sur tous les terrains d'exercice, la grogne monte et chaque professionnel attend des pouvoirs publics plus de considération et de reconnaissance, avec des desideratas précis et légitimes qui se sont exprimés tout au long de l'année 2011 :

  • les spécialités infirmières - infirmières anesthésistes, infirmières de bloc, puéricultrices, cadres de santé - souhaitent la masterisation de leur cursus, dans la logique de l'alignement européen LMD, mais les processus de réingénierie des diplômes restent toujours en souffrance malgré les manifestations, courriers, actions locales, nationales... On imagine mal comment ces dossiers pourront être finalisés avant les élections présidentielles du printemps... ;
  • les infirmières de l'éducation nationale souhaitent une valorisation de leur travail auprès des jeunes et le même traitement (notamment financier) que leurs collègues de la fonction publique hospitalière. Là aussi, les négociations s'éternisent...
  • si les infirmières libérales « parient sur un bel avenir », la réalité du terrain laisse souvent la place au désarroi. On retiendra le témoignage de l'une d'entre elles qui s'est adressée directement au chef de l’État pour dénoncer haut et fort son découragement, sa fatigue « Alors oui je l’ai choisi (ce métier), mais plus pour longtemps, je suis épuisée et je n’ai que 32 ans ! Non épuisée physiquement mais moralement ! Je n’accepte plus de continuer dans ces conditions. »

En matière de perspectives professionnelles, la publication du rapport Hénard en mars 2011 est loin d'avoir déclenché l'enthousiasme des infirmières. Les rapporteurs considèrent « que la loi hôpital, patients, santé et territoires (HPST) a introduit dans son article 51 sur les coopérations interprofessionnelles un puissant facteur d'évolution sur lequel il serait souhaitable de s'appuyer dans un premier temps pour favoriser l'émergence de nouveaux métiers », ce à quoi les infirmières répondent : avant de créer de nouveaux métiers, valorisons ceux qui existent déjà en reconnaissant notamment toutes les possibilités ouvertes par le rôle propre infirmier et celles offertes par la recherche infirmière, une discipline amenée à se développer et déjà servie par de riches travaux menés ça et là, mais qui manquent de visibilité, notamment auprès des infirmières elles-mêmes.


La question de l'Ordre national des infirmiers (ONI) est toujours aussi prégnante
. L'instance créée en 2006, chahutée depuis ses débuts, a touché le fond en 2011 et ne doit son salut qu'à la volonté du Gouvernement de ne pas la voir disparaître et au soutien de la BPCE (Banque populaire - Caisse d'épargne), banque créditrice de l'ONI, malgré un déficit abyssal. Le changement de présidence, cet été, avec l'arrivée de Didier Borniche et son plan drastique de restructuration n'a pas suffi, au contraire, à redorer le blason d'une structure ordinale en proie à un manque de crédibilité, de confiance et de considération chronique, voire à l'indifférence de la profession. Présidence mutique et critiquée, démissions à la chaîne des présidents des Ordres, notamment départementaux, coups de gueule des uns, coups bas des autres, soutien inconditionnel de certains... bref, une gabegie sans nom... L'ONI a beau marteler sa profession de foi : « Pour agir au bénéfice de la profession, pour que ses actions apportent les indispensables améliorations de l'exercice infirmier et pour qu'il puisse être entendu en leur nom, l'Ordre national des infirmiers doit rassembler toutes les infirmières et tous les infirmiers » et réclamer, à corps et à cris et par des moyens de pression peu supportables les cotisations ordinales pour exercer, la résistance demeure, conduite notamment par le syndicat Résilience et la voix tonitruante de son président. Constat éloquent : un peu plus d’une infirmière sur dix est aujourd’hui inscrite à l’Ordre, et moins d’une sur dix y a cotisé en 2011. On peut également s'étonner - voire être choqués - que, dans ce contexte, aucun message de vœux n'ait été posté sur le site de l'ONI alors que l'année 2012 est déjà bien entamée... un manque d'élégance élémentaire de la part d'une instance qui se doit d'être avant tout fédératrice et en empathie avec sa propre communauté...

La profession a donc le moral en berne et tous les voyants de surchauffe s'allument tour à tour. Les infirmières souffrent et le font savoir. Les enquêtes sur les conditions de travail - et le stress - sont éloquentes et il suffit de leur donner (enfin) la parole lors d'une grande soirée télévisuelle pour que l'audimat monte en flèche et que les usagers des soins réalisent à quel point les « héroïnes du quotidien » sont lasses. « Patients, aidez-nous ! » dit l'une d'entre elles, ce à quoi un usager des soins répond : « Infirmières, révoltez-vous ! »...

En ce début d'année, au-delà des vœux personnels que l'on peut adresser à toutes les infirmières et infirmiers, il est des vœux plus « communautaires » à faire à l'ensemble de la profession. Que 2012 voit l'avènement d'une profession forte et fédérée, consciente de la richesse de ses ressources et prête à défendre, avec force et conviction, son identité, ses compétences et son expertise qui peinent parfois à s'exprimer avec la visibilité qu'il faudrait. Nous serons d'ailleurs attentifs à l'arrivée des nouveaux diplômés issus de la formation en soins infirmiers réformée en 2009. Seront-ils plus combatifs que leurs aînés et mieux armés pour affronter la réalité des services de soins qui ne manquera pas de se dégrader encore... ? Réponse, l'année prochaine !

Bernadette FABREGAS
Rédactrice en chef IZEOS
bernadette.fabregas@izeos.com


Source : infirmiers.com