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TFE - L’infirmier face à l’arrêt d’une réanimation pédiatrique

Publié le 04/10/2018

En juin 2018, Valentin Leclerc, étudiant en soins infirmiers à l'Institut de formation en soins infirmiers René Auffray (promotion 2015-2018) soutenait avec succès son travail de fin d'études conjoint sur la thématique suivante : "L’infirmier face à l’arrêt d’une réanimation pédiatrique". Il souhaite aujourd’hui le partager avec la communauté d’Infirmiers.com et nous le remercions.

Cet étudiant en soins infirmiers, confronté à l'arrêt cardio-respiratoire d'un nourrisson, est questionné douloureusement dans sa pratique soignante.

Voilà comment cet étudiant nous explique le choix de sa question de recherche. "J’ai toujours eu comme projet professionnel de travailler dans le secours à personne préhospitalier, attiré par la gestion des urgences vitales et l’aspect technique de la prise en charge que ce soit en tant qu’infirmier en service mobile d’urgence et de réanimation ou en tant qu’infirmier de sapeur-pompier. J’ai choisi cette situation pour son caractère exceptionnel mais aussi pour les difficultés auxquelles elle m’a confronté. Prendre en charge un nourrisson en arrêt cardio-respiratoire place le soignant face à de nombreuses difficultés que ce soit pendant ou après la réanimation. Cette situation mobilise de nombreuses compétences et j’ai souhaité comprendre l’impact de ces situations sur le développement des compétences de l’infirmier.

J’ai choisi cette situation pour son caractère exceptionnel mais aussi pour les difficultés auxquelles elle m’a confronté.

La situation se passe lors de mon stage de semestre 4 au sein d’un Service Départemental d’Incendie et de Secours en banlieue de l’ouest parisien. Je suis alors affecté au véhicule léger infirmier (VLI), véhicule de secours à personne contenant l’ensemble du matériel médical nécessaire à la prise en charge de détresse vitale. Le véhicule est armé par un conducteur sapeur-pompier, un infirmier de sapeur-pompier et moi. L’équipe n’assure des missions de secours à personne et, n’ayant pas de médecin dans l’équipage, l’infirmier dispose de nombreux protocoles afin de prendre en charge des victimes.

À 8 h 30 nous partons en intervention en ayant comme information qu’il s’agit d’une détresse respiratoire chez un nourrisson de trois mois. Arrivés au domicile dix minutes plus tard, nous entrons et nous constatons que le nourrisson est en arrêt cardio-respiratoire. En effet, il est en hypothermie, hypotonique et il ne respire pas spontanément. Le conducteur pompier débute alors le massage cardiaque externe pendant que l’infirmière prépare la pose de la voie veineuse périphérique et l’adrénaline. Je mets en place le B.A.V.U. et l’oxygène et commence les insufflations. Nous avons un protocole « arrêt cardio-respiratoire chez le nourrisson » qui nous guide pour la prise en charge. L’infirmière tente à plusieurs reprises la pose d’une voie veineuse sans y parvenir. Dix minutes après, nous sommes rejoints par un premier service mobile d’urgence et de réanimation (S.M.U.R.). Le médecin du S.M.U.R. demande aux parents de sortir de la pièce puis fait la demande d’un S.M.U.R. pédiatrique en renfort. L’infirmière et le médecin du S.M.U.R. essaient à leur tour de poser une voie veineuse mais sans succès. Le médecin tente d’intuber le nourrisson mais n’y arrive pas.

Durant toute l’intervention, je me suis concentré sur le protocole à suivre et sur l’efficacité de mes gestes. Je suis "dans l’intervention" et préoccupé par l’aspect technique de ma prise en charge.

Le SMUR pédiatrique arrive. Le pédiatre, dès son arrivée, rappelle à l’ensemble des intervenants qu’une réanimation pédiatrique doit durer vingt-cinq minutes. Nous sommes au-delà des quarante-cinq minutes, nous arrêtons l’ensemble des gestes en cours. Le médecin et l’infirmière annoncent alors le décès aux parents. Les parents, à la vision du corps de leur enfant, comprennent qu’ils viennent de le perdre, ils s’effondrent entre pleurs et cris.

Durant toute l’intervention, je me suis concentré sur le protocole à suivre et sur l’efficacité de mes gestes. Je suis "dans l’intervention" et préoccupé par l’aspect technique de ma prise en charge. À la vue de la détresse des parents, je comprends vraiment que le nourrisson est mort. Je n’arrive plus à regarder la famille, je suis comme paralysé durant quelques instants. Je retourne ensuite dans l’autre pièce avec les autres intervenants, les plaintes des parents sont trop difficiles à entendre. Nous restons avec la famille pendant vingt-cinq minutes dans le silence. Seule l’infirmière du SMUR pédiatrique est auprès des parents et leur explique à voix basse la suite de la prise en charge de leur enfant. Les parents, beaucoup plus tard, sont installés dans l’unité mobile hospitalière afin d’être emmenés vers le centre de référence sur la mort inattendue du nourrisson. Une fois le SMUR parti, nous prenons un temps pour débriefer, se remémorer l’intervention et échanger autour de notre vécu et nos ressentis.

J’ai perçu durant cette prise en charge plusieurs difficultés pour les différentes équipes et pour moi-même. Il s’agit d’une intervention compliquée à la fois sur le plan technique et relationnel mais aussi sur le plan émotionnel. Ma question de départ a donc été la suivante : "En quoi l’arrêt d’une réanimation pédiatrique impacte-t-il le soignant dans sa pratique professionnelle et son exercice ?""

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Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com