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ESI

Service sanitaire des étudiants en santé : levier de l'interprofessionnalité

Publié le 14/06/2018

Le service sanitaire va bouleverser les maquettes de formation des étudiants en santé. Le Pr Loïc Vaillant, en charge de la mission ad hoc, est venu présenter le 6 juin dernier, lors des Journées d'Etude du Cefiec, les grandes lignes de cette nouveauté devant les cadres et directeurs d'Ifsi. Au programme : interprofessionnalité et souplesse organisationnelle.

Pour les futurs infirmiers notamment, trois semaines de service devront engendrer trois semaines de préparation.

En février dernier, le Gouvernement a annoncé la mise en place d'un service sanitaire pour environ 40 000 étudiants en santé dès la rentrée 2018 . Parmi eux, les étudiants en soins infirmiers. Dans le cadre des 73e journées nationales d'études du Comité d'entente des formations infirmières et cadres (Cefiec), à Strasbourg le Pr Loïc Vaillant, chargé de la mission interministérielle du service sanitaire, et Brigitte Sifferlen, trésorière du Cefiec, ont présenté les grandes lignes du projet d'arrêté en cours de signature.

Une condition d'obtention du diplôme

L'instauration de ce service répond à deux principales ambitions. Il s'agit à la fois d'initier les futurs professionnels aux enjeux de la santé primaire mais aussi de permettre la réalisation d'actions concrètes de prévention, a détaillé Loïc Vaillant. Lutter contre les inégalités d'accès aux soins sur le territoire, favoriser l'apprentissage en mode projet et surtout inculquer l'interprofessionnalité et l'interdisciplinarité dès la formation figurent parmi les objectifs affichés du projet.

Concrètement, pour obtenir son diplôme, chaque étudiant des filières de santé devra avoir rempli ce service. Il ne représentera pas pour autant l'allongement de la durée des formations mais s'imbriquera dans les maquettes existantes, mobilisant ainsi les instituts. Le service interviendra durant la deuxième année de formation pour les étudiants en soins infirmiers, avec un prérequis : celui d'un enseignement en santé publique, qui intervient en fin de première année. Le service sanitaire sera bien obligatoire pour valider le cursus, a précisé Brigitte Sifferlen. L'étudiant devra en tout valider soit trois mois à mi-temps, soit six semaines à temps plein. Le service n'est pas forcément un dispositif continu mais les heures devront être effectuées.

Concrètement, pour obtenir son diplôme, chaque étudiant des filières de santé devra avoir rempli ce service.

Le service sanitaire intégré aux maquettes

En amont de cette période, le service sanitaire devra être préparé par l'étudiant. C'est aussi en ce sens que les instituts de formation devront être mobilisés. Pour les futurs infirmiers notamment, trois semaines de service devront engendrer trois semaines de préparation. Un module d'enseignement présentiel est envisagé en commun à plusieurs filières, là encore dans un souci de favoriser l'interprofessionnalité. Et Loïc Vaillant d'insister : Le service sanitaire serait un échec si nous n'avions pas le projet de saisir l'occasion pour faire de l'interprofessionnalité. Cela correspond à l'évolution du système de santé, a-t-expliqué. Cependant, le rapporteur s'est voulu rassurant : l'interprofessionnalité des services de l'ensemble des étudiants ne se fera pas demain, il faut se donner du temps.

Le cadrage national prendra aussi en compte à la fois les initiatives locales et réalités des territoires. Les thématiques prioritaires - alimentation, activité physique, addictions et activités sexuelle en intégrant la contraception - pourront être élargies par la suite. Nous avons voulu de la souplesse, a résumé Loïc Vaillant.

Ecouter les étudiants en soins infirmiers s'exprimer sur cette nouvelle mesure qu'est le service sanitaire.

Un guide méthodologique pour les instituts

Quid de la mise en place concrète pour les instituts en soins infirmiers ? Je ne suis pas responsable de l'arrêté, je peux répondre sur les questions de prévention, a plaisanté Loïc Vaillant, en écho aux nombreuses questions de l'intervention précédente, celle de Stéphane Le Bouler, en charge de la mission interministérielle de l'universitarisation de la formation et dont le projet est vivement contesté par une partie de l'assemblée .

Cette fois-ci, les questions de la salle ont principalement porté sur des considérations pratiques. Par exemple : comment les étudiants stagiaires seront-ils encadrés sur leur lieux de stages ? Et surtout pour les instituts, puisque ce stage fera désormais partie intégrante du cursus, comment l'évaluer ? Pour aider les établissements de formation à appréhender ce changement, un guide méthodologique est en cours de préparation, par l'agence Santé publique France, a indiqué Brigitte Sefferlen. Le Cefiec a également appelé les instituts à lui faire part de leurs retours d'expérience, qui seront partagés dans un espace dédié en ligne.

La Fnesi réagit et s'interroge

Par voie de communiqué en date du 13 juin 2018, la Fédération nationale des étudiant(e)s en soins infirmiers (Fnesi) réagit avec ce titre : « Service sanitaire : un accès à la prévention pour tous ? » Et de souligner ceci : la mise en place du service sanitaire semble périlleuse. Beaucoup d’acteurs manquent à ce jour d’informations pour permettre une rentrée sereine avec des actions de promotion de la santé de qualité. En effet, des réunions régionales se sont déjà tenues : elles s’apparentent aux Comités de Pilotage Régionaux mentionnés dans le décret*, chargés de veiller à la bonne application et coordination du service sanitaire. Ces comités négligent trop souvent de convier les représentants en soins infirmiers : formateurs et étudiants. Et de rappeler que les ESI représentent plus de 60% des étudiants concernés par le service sanitaire, il est donc nécessaire d’investir ces groupes pour ne pas voir apparaître une mise en action décorrélée des réalités de notre cursus d’études. La formation en promotion de la santé et la conception des actions ne peuvent se faire sans le concours des étudiants. D’autre part, il sera important de garantir aux étudiants un encadrement de qualité. La Fnesi souhaite également alerter les ministres sur la santé des étudiants. Ils ont un fort taux de renoncement aux soins, supérieur à la population générale étudiante. Malgré l’apparition prochaine de la Contribution de Vie Etudiante et Campus, rien ne garantie une évolution pour les ESI. Et d'affirmer que dans une démarche constructive, la Fnesi se montrera particulièrement exigeante pour garantir à tous les ESI un accès aux services de santé.

Rédaction infirmiers.com

* Le décret relatif à cette réforme a été publié ce 13 juin au Journal officiel.Les modalités pratiques sont également détaillées dans un arrêté,paru le même jour.

Clémence NAYRAC @ClemNayrac

Cet article a été publié par Hospimedia le 7 juin 2018. Merci de ce partage.


Source : infirmiers.com