Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

MODES D'EXERCICE

Sandra, étudiante infirmière, en stage à Trinité-et-Tobago

Publié le 07/01/2016
Infirmier stage Trinité et Tobago

Infirmier stage Trinité et Tobago

Infirmier stage Trinité et Tobago

Infirmier stage Trinité et Tobago

stagiaire infirmier à Trinité et Tobago

stagiaire infirmier à Trinité et Tobago

Trinité-et-Tobago est un pays qui se compose de deux îles au coeur des Caraïbes. Sandra a monté un projet avec son Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) pour y effectuer un stage infirmier lors de sa 2eme année. Après quelques mois de préparatifs, la voici enfin dans le service des urgences de l’hôpital de Port-d'Espagne, un hôpital public de la capitale de Trinité-et-Tobago. Elle nous raconte dans cet article quelle est la vie d’un infirmier là-bas.

Sandra, étudiante en deuxième année en soins infirmiers, effectue un stage à Trinité-et-Tobago.

Flo & Yo - Tu es en stage infirmier à Trinité-et Tobago, où est situé ce pays ? Quel est son climat ?

Sandra - Trinité-et-Tobago est un pays républicain (ancienne colonie anglaise indépendante depuis 56 ans où a régné l’esclavagisme jusqu’en 1885), situé au nord-est du Venezuela. Ce sont deux îles qui le composent et il fait partie des Caraïbes. Le climat est tropical avec une saison des pluies (de septembre à février-mars) et une saison sèche les autres mois. A vrai dire, pour une française, la saison des pluies ressemble à une saison très chaude et humide à la fois.

Flo & Yo - Comment t’es-tu retrouvée là-bas ?

Sandra - Je me suis retrouvée ici car étant étudiante en deuxième année de soins infirmiers j’ai l’opportunité de faire un stage à l’étranger. Aimant les voyages, l’anglais et découvrir d’autres cultures, j’ai profité de l’occasion. Surtout que ma famille maternelle vit ici (trois tantes et deux oncles).

Flo & Yo - Peux-tu nous donner tes premières impressions sur ce pays ?

Sandra - Mes premières impressions sur ce pays :

  • sous développé en matière d’infrastructures routières, administratives et surtout hospitalières ;
  • très riche par l’apport de chaque culture : 40% d’indiens d’Asie d’origine, 37 % de noirs et le reste de blancs et asiatiques. Chacun apportant son langage, ses us et coutumes, ses croyances, ses traditions… ;
  • la joie de vivre à travers la danse, la musique (soca, steel band), le carnaval ;
  • une flore et une faune exotiques, tellement différentes de celles de la France.  Avec des perroquets qui volent en groupe comme on verrait des moineaux chez moi.

Et une cuisine locale variée et épicée...

Tout ça fait que je suis complètement dépaysée mais que j’apprécie ce bain culturel dans lequel je suis plongée depuis le début.

Flo & Yo - Qu’est-ce qui t’a surprise en arrivant ?

Sandra - Ce qui m’a surprise en arrivant à l’hôpital, c’est de voir dès 6h30 du matin autant de monde dans les couloirs, je me suis même demandé si je ne m’étais pas trompée d’endroit. J'ai aussi été étonnée par leurs regards surpris devant une blanche dans cet hôpital où je n’en ai depuis pas croisée d’autres...

Flo & Yo - Comment est le système de soin là bas ?

Sandra - Le système de soin est à deux vitesses :

  • de bonne qualité pour les plus riches qui peuvent cotiser à leur propre assurance maladie et être soignés dans des cliniques privés où se trouvent les meilleurs appareils et les chirurgiens les plus renommés ;
  • de qualité juste suffisante pour les autres car ils ont recours aux soins publics gratuits ou doivent payer pour les soins dans le privé et, de fait, ils viennent quand les onguents et autres médecines parallèles n’ont pas réussi à les guérir, voire ont empiré leur état.

Flo & Yo - Le patient sans assurance règle tous les frais si j’ai bien compris ?

Sandra - Les patients qui utilisent les hôpitaux publics ne paient pas les soins et médicaments d’où une affluence pour des maux assez bénins pour un service des urgences. Par contre, les patients avec des maladies chroniques comme diabète ou hypertension doivent financer leurs appareils de contrôle (lecteur de glycémie...).

Les compétences d’une infirmière à Trinité-et-Tobago se limitent à la prise de paramètres vitaux et à l’administration de médicaments sans pose de cathéter. Elles ne font pas non plus les prises de sang.

Flo & Yo - Quelles sont les pathologies inhabituelles auxquelles tu es confrontée ?

Sandra - La douleur thoracique a l’air d’être le symptôme prévalent pour une consultation aux urgences… mais j’ai appris que les patients simulent souvent pour être pris en charge plus vite. Sinon, les blessures par balle et les prisonniers qui viennent accompagnés de leur garde. J’avoue que ce n’est pas une maladie mais ça me surprend toujours de soigner quelqu’un qui est menotté et surveillé par des policiers armés.

Flo & Yo - Comment se déroule l’organisation des urgences à Trinité-et-Tobago ?

Sandra - L’organisation n’est pas la même qu’en France. Ici, les urgences sont découpées en plusieurs sous services  :

  • resus room où sont pris en charge les cas les plus graves (arrêt cardiaque, patient inconscient, blessures par balles…) ; 
  • la critical area où sont soignés les patients de niveau 2 et 3 dont le pronostic vital n’est pas engagé ;
  • l’ambulant area ensuite et l’observatory room où patients et nurses s’observent pendant des heures en attendant d’être vus par le médecin ou de leurs résultats d’examens sanguins...

Flo & Yo - Quelles sont les compétences d’une infirmière à Trinité-etTobago ? Quelle formation ? Quel salaire ?

Sandra - Les compétences d’une infirmière à Trinité-et-Tobago se limitent à la prise de paramètres vitaux et à l’administration de médicaments sans pose de cathéter. Elles ne font pas non plus les prises de sang. En tout cas, cela se passe comme ça au service des urgences où je suis. Je n’ai pas vu de projets de soin ou de démarche clinique infirmière.

La formation dure 4 ans pour avoir le Bachelor et le titre de registered nurse. Mais il existe aussi un diplôme en trois ans inférieur en reconnaissance par rapport au Bachelor.

Une infirmière à Trinité-et-Tobago perçoit 1 200$ en moyenne de salaire soit un salaire inférieur à une infirmière française.

Flo & Yo - As-tu les mêmes moyens matériels qu’en métropole ?

Sandra - A l’hôpital où je me trouve, les moyens matériels sont moindres. Par exemple, ils manquent de machines et si l'une d'elles tombe en panne, il faut aller en chercher une autre dans un autre service. Une des pompes à injection mécanique a été en panne durant tout mon séjour car la batterie doit être commandée aux États-Unis.

Par contre j’ai visité une clinique privée et un centre de santé publique et là les moyens matériels étaient beaucoup plus conséquents.  Je dirais similaire à ce qu’on peut trouver en France.

Flo & Yo - Comment as-tu monté un tel projet avec ton Ifsi ?

Sandra - Pour monter ce projet, j’ai tout d’abord demandé un accord préalable à mon école. J’ai ensuite envoyé un CV et une lettre de motivation à mes tantes. Elles m’ont mise en contact avec une personne de l’université de North West Indies qui a fait les recherches pour moi. Une fois l’accord de l’hôpital obtenu, j’ai réalisé un dossier écrit présentant le pays, le système de santé, l’hôpital, les vaccins et mon budget. Ce dossier a ensuite été validé par la directrice de mon Ifsi et là j’ai acheté mon billet.

Flo & Yo - Quel est le coût de la vie (alimentation, logement) ?

Sandra - Le coût de la vie est très accessible pour un français, ici 1€ vaut 8$TT. Le midi, je peux acheter à manger pour 2 ou 3 €. Après c’est comme partout : si on mange dans les franchises, les prix sont équivalents ou à peine inférieurs à ce que l’on peut trouver en métropole. L’essence n’est pas chère du tout 1,35 $TT le galon pour une voiture essence soit 0,17 cts le litre ! Aussi, tout le monde dispose d'une voiture, il y a donc une forte pollution car le trafic est dense et les Trinidadiens adorent leur voiture et n’aiment pas marcher.

Côte logement, ma tante loue un appartement avec 2 chambres un grand salon pour 400€ mais elle ne paie pas l’électricité et l’eau.

Merci à Sandra d’avoir accepté de répondre à nos questions sur cette belle expérience hors de nos frontières. J’espère que son témoignage inspirera d’autres étudiants. Un bien beau projet mené jusqu’au bout ! Bravo. De notre côté, nous sommes toujours heureux d’en savoir plus sur ces îles voisines qui sont proche de la Guyane http://www.floetyo.com/blog/infirmier-et-les-difficultes-dun-jeune-dipl…. Si vous aussi vous avez pour désir de travailler à l’étranger en tant que professionnel de santé, n’hésitez pas à nous rejoindre sur notre groupe Facebook https://www.facebook.com/groups/infirmier.monde/ pour venir chercher des conseils pratiques sur l’expatriation !

Flo & Yo - Deux soignants à la conquête du monde !

En novembre 2011, Yohan, alors âgé de 31 ans, aide-soignant  - et Florence, 28 ans, étudiante manip radio en 2éme année, férus de voyages et d'expériences insolites ont créé « Care Conception Through the World », une association loi 1901 dont le nom peut être traduit en français par « La conception du soin autour du monde ». Son but ? Réaliser des reportages photos et vidéos, à travers le monde, sur les différentes façons de concevoir le soin. En résumé : voyager, découvrir, et surtout partager avec la communauté soignante et même au-delà ! Ils nous ont présenté leur projet sur Infirmiers.com, partenaire de leur aventure maintenant en cours. Yoan est désormais infirmier, Florence Manipulatrice en électroradiologie et tous deux sillonnent les routes du monde ! Retrouvez l'intégralité sur www.floetyo.com

Cet article a été publié le 3 décembre 2015 par Flo & Yo que nous remercions de cet échange.

Florence et Yohan MAUVE Rédacteurs Infirmiers.com contact@floetyo.com


Source : infirmiers.com