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HYGIENE

Quand le SHA n’est pas là, l’infection rôde !

Publié le 04/05/2018
hygiène mains

hygiène mains

Le 5 mai se déroulera la Journée internationale de l’hygiène des mains, un événement instauré en 2009. Une bonne occasion pour le ministère des Solidarités et de la Santé de rappeler les bonnes pratiques et de faire un bilan sur l’observance des professionnels de santé et sur les domaines qui restent à améliorer. Même si, il ne faut pas l’oublier, le lavage des mains concerne également les patients et les visiteurs…

80% des micro-organismes se transmettent par les mains selon l’OMS !

La campagne internationale pour promouvoir l’hygiène des mains débutera ce samedi 5 mai, pour sa 9ème édition. Un bon moyen pour les principaux acteurs impliqués comme le ministère des Solidarités et de la Santé , France Assos Santé  et la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H) de rappeler une fois encore les règles de bonnes pratiques aux professionnels de santé mais aussi de sensibiliser plus généralement le grand public.

Les infections liées aux soins demeurent un problème majeur

Apparemment, 80% des micro-organismes se transmettent par les mains, l’OMS estime donc que 40% des infections liées aux soins sont manuportées ! Des chiffres qui pèsent lourd. En effet, l’état sceptique lié aux soins concerne environ 30 millions de personnes par an dans la monde et est la cause de 6 millions de décès. Il touche en particulier les âges extrêmes de la vie et les individus atteints de comorbidités, souligne le Dr Sylvie Renard Dubois, conseillère médicale qualité et gestion des risques à la Direction générale de l’offre de soin (DGOS). Selon elle, ce fléau de santé publique reste un combat jamais gagné .

Ainsi, malgré les différentes campagnes de communication sur le sujet, l’observance n’est pas parfaite ! Il faudrait donc savoir où le bât blesse…

  Personnels hospitaliers, prestataires, visiteurs, patients : tout le monde est concerné et peut agir !

Donner sa main au SHA

Profitant également du bicentenaire de la naissance d’Ignace Philippe Semmelweis (1818-1865), praticien précurseur dans le domaine de l’hygiène, la SF2H a saisi l’occasion pour présenter son guide, récemment publié, sur l’hygiène des mains dans les soins. Ce nouveau document intègre certains questionnements actuels par rapport à celui de 2009. Destiné aux professionnels de terrain, il repose sur un ensemble de préconisations sur les choix des produits, les normes, les aspects techniques comme les gestes à appliquer ou des précisions concernant le port des gants.

Le concept est d’adapter pour adopter, énonce le Dr Olivia Keita-Perse, chef de service épidémiologie et hygiène hospitalière au CH de Monaco et présidente du conseil scientifique du SF2H, car il faut appréhender la dimension culturelle, et surtout lutter contre le bad buzz, notamment au niveau des solutions hydro-alcooliques (SHA) . Si elles sont les plus efficaces et les mieux tolérées, des attaques régulières contre leur utilisation ont été constatées. Par exemple, l’experte évoque une étude d’une qualité scientifique pas exceptionnelle qui avait testé l’impact du bisphénol A dans les tickets de caisses après avoir mis une grande quantité de produit sur les mains et sans friction. Or, le perturbateur endocrinien provient des tickets et non des SHA. D’ailleurs en France, les tickets sont souvent garantis sans Bisphénol A ! Le problème, c’est même lorsque l’on démonte l’argumentaire de ces fake news, il y a un rapport de 1/100 entre la communication erronée et le rétablissement de la vérité. Autrement dit, 99% du grand public retient ma mauvaise information ! En outre, la médecine du travail surveille une éventuelle toxicité des solutions hydro-alcooliques. La probabilité de passage dans le sang en transcutanée est très faible même en cas de grossesse.

 Le principal frein, c’est que l’on demande aux professionnels de santé de changer leurs habitudes, c’est difficile, on est obligé de devenir pédagogue 

Jouer au SHA et au professionnel de santé

D’où l’intérêt d’user de toutes les ficelles de la communication pour parvenir à sensibiliser tous les acteurs. Le principal frein, c’est que l’on demande aux professionnels de santé de changer leurs habitudes, c’est difficile, on est obligé de devenir pédagogue, remarque le Dr Olivier Meunier, membre de l’équipe opérationnelle d’hygiène au CH d’Hagueneau. En tout cas les hygiénistes ne manquent pas de créativité. Des traditionnelles formations, aux affiches avec des messages lumineux par intermittence, aux romans photos dédiés, aux jeux de cartes, puis au concours de photographies, toutes les initiatives sont permises. Le but est de parvenir à toucher tout le monde. On fait passer le même message avec des outils différents. Chacun trouve celui qu’il aime recevoir et mémoriser. L’idée des concours permet d’apprendre de manière active, on espère ainsi générer des réflexes. Il faut néanmoins convaincre. C’est grâce à des photos d’une alliance agrandies par microscopie à balayage par l’Inserm que l’on est arrivé à l’objectif 0 bijoux.

Les équipes travaillent également avec les responsables de formation initiale pour éduquer les futurs professionnels de santé et apparemment on voit déjà la différence entre les générations. Les nouveaux internes réclament les solutions hydro-alcooliques et les vaccins. En revanche, c’est plus compliqué pour les étudiants en soins infirmiers . Ils sont plus timides. Ils ont plus tendance à prendre les mauvaises habitudes sur leur lieu de stage, plutôt qu’à imposer les bonnes pratiques qu’ils ont apprises .

 Il n’est pas question qu’ils se lavent les mains dans la cuisine et se les sèchent avec le torchon qui traîne ! 

Le rôle du patient

Une autre manière de procéder est d’examiner quand et où les soignants sont inobservants afin de mieux déterminer pourquoi et comment y remédier. Une start-up à Marseille a, par exemple, mis en place un outil nommé « MediHandTrace » . C’est un système testé avec succès à la Timone, où tout le monde porte une puce dans ses sabots . Celle-ci mémorise les moments où les personnes prennent les solutions hydro-alcooliques durant leur parcours, informe Alain-Michel Ceretti, président de France Assos Santé. Cela a permis de constater quand les professionnels sont observants et quand ils le sont moins, et dans ce cas peut-être que le distributeur était tout simplement mal placé. On a pu observer que 20% seulement des professionnels de santé au départ étaient observants 100% du temps pendant leur service mais, petit-à-petit l’adhésion a été de plus en plus importante. Le but n’est pas de punir mais d’apporter des pistes d’amélioration, argumente Alain-Michel Ceretti.

Si ce système peut avoir sa place dans les établissements de soins, qu’en est-il pour le secteur de ville  ? La question se pose dans les HAD ou autre et il est peut-être intéressant d’éduquer également les patients  afin qu’ils surveillent eux-même la bonne attitude des soignants. Il n’est pas question qu’ils se lavent les mains dans la cuisine et se les sèchent avec le torchon qui traîne !, renchérit l’intéressé.

Ainsi, des questions demeurent et les enjeux sont d’importance. Rappelons que le ministère des Solidarités et de la Santé s’étant associé à l’OMS pour le lancement de cette journée de campagne sur l’hygiène des mains en 2009 pour une durée de 10 ans, cet engagement devrait donc être renouvelé l’année prochaine. D’ici là on attend le bilan ! Et vous, faites le vôtre. Pensez-vous être irréprochable en matière d'hygiène des mains et ce, en toutes circonstances de soins ? Rappelons en effet que chaque année en France et en moyenne, 500 000 à 800 000 patients sont victimes d’une infection associée aux soins et  4200 patients en décèdent. Il est démontré que 70 à 80 % de ces infections sont transmises par le manuportage des micro-organismes et sont donc évitables.

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com