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Pour les ESI rennais, une année au coeur de la vague, au coeur de l’action…

Publié le 22/07/2020
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ESI Rennes

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Pour les ESI rennais, une année au coeur de la vague, au coeur de l’action…

Pour les ESI rennais, une année au coeur de la vague, au coeur de l’action…

L’histoire aurait pu être "ordinaire" pour les étudiants en soins infirmiers de cette promotion 2018-2020 de l’IFPS du Centre hospitalier Guillaume Régnier, à Rennes. Apprentissage et progression en stages, suivi des cours en présentiel, gestion du stress pour les évaluations, gestion du collectif avec ses hauts et ses bas…  Ça c’est au conditionnel… Recommençons maintenant au présent pour raconter une histoire "extra-ordinaire"… sur fond de crise sanitaire majeure.

Septembre 2019 : la rentrée en Licence 2 fait débuter cette promotion Rennaise par le stage 3. Tout se déroule pour le mieux, les acquisitions progressent pour tous.  En octobre, vient le temps de l’alternance à l’IFSI. Le déroulé des Unités d’Enseignement (UE) commence avec un maillage bien huilé pour un programme d’études chargé. Un brunch convivial permet un partage avec les L1 et élèves AS, afin que nouveaux de l’année et grands tissent un lien d’appartenance au même institut de formation. Commence alors le Service Sanitaire pour les Etudiants en Santé (SSES) de L2. L’équipe pédagogique a encore fait le choix pour cette saison 2 de laisser les étudiants en complète autonomie pendant ces 5 semaines consacrées au projet.  Depuis longtemps, la co-construction fait partie des fondements du projet pédagogique institutionnel. Là va se jouer l’alchimie de la créativité et des personnalités dans chacun des groupes, constitués sur la base du volontariat.  La première édition du SSES a été investie par la promo précédente avec un esprit d’initiative qui a bluffé l’équipe pédagogique. Ils passent alors le relais aux L2 avec passion. Le flambeau est entre de bonnes mains, cette session 2 sera époustouflante. 5 semaines sans aucun cours magistral, les étudiants explorent, partent à la rencontre, cherchent, créent. Avec peu de moyens, ils usent d’ingéniosité pour créer des outils adaptés, ludiques, afin de faire passer les messages de prévention, mettre en réflexion les publics pour promouvoir leur santé. Cette session s’achèvera en novembre par deux jours de communication et de stands d’exposition, où chaque groupe présentera l’action menée en présence des professionnels qui les ont accueillis sur le terrain.

Un début d’année 2020… dynamique

En janvier 2020, deux groupes de la promo proposent leur candidature pour participer aux 24ème trophée MNH sur la thématique de l’éducation à la santé des enfants et adolescents. La soirée du jury aura lieu mi-mars à Paris, il va falloir attendre mais la directrice, les formateurs comme les étudiants ont espoir…  un plateau de jeu sur la thématique de l’utilisation des réseaux sociaux, un escape game sur la thématique du harcèlement scolaire représenteront notre IFSI. La qualité est là, la créativité déjà remarquée. Pendant ce temps, d’autres participeront activement à mettre la casquette d’hôtes lors de la journée portes ouvertes de l’IFPS. Ils sont fiers de présenter leurs conditions de formation.

Février 2020 : pour couper symboliquement les deux semestres qui s’enchaînent et comptent 20 semaines de cours, l’équipe des 4 formateurs d’année perpétue l’organisation de deux jours centrés sur le bien-être des futurs soignants. Ainsi chacun peut s’inscrire dans 4 ateliers allant de l’autohypnose, en passant par la danse au sol, la réflexothérapie, le tai chi, mais aussi un dispositif médical de réalité virtuelle à tester contre la douleur et l’anxiété (masque 3D). Les étudiants sont ravis et font tout de suite le lien entre ces ressources et leur future prise de poste.

Durant toutes ces semaines le BDE s’active pour vendre des goodies et sweat-shirt afin de financer des soirées entre étudiants. Composé de membres engagés et dynamiques, ils animent le hall principal avec leur stand. Parfois le ESI partant pour le Cambodge ou l’outre-mer en stage font aussi l’animation sur les temps de pause. Un esprit joyeux et vivant souffle dans les locaux.

Mi-mars 2020, la nouvelle tombe : face au risque COVID19, l’IPFS ferme et la directrice renvoie tous les étudiants chez eux. L’ensemble des formateurs, réactifs, s’organisent à la hâte : cours en visio, emploi du temps chamboulé, réattribution des étudiants sur le terrain là où les établissements en ont besoin…un flou peu confortable s’installe mais tous s’adapteront selon les directives au fil des semaines. Les étudiants sont demandeurs, il veulent aller aider dans les unités de soins, leur place est là-bas plutôt que chez eux. Certains devant rester confinés seront frustrés.

Les étudiants sont demandeurs, il veulent aller aider dans les unités de soins, leur place est là-bas plutôt que chez eux. Certains devant rester confinés seront frustrés.

Avril 2020, un appel à projets retient l’attention : celui de la Fondation de France Tous ensemble contre le covid. Rapidement le BDE et 17 étudiants s’en saisissent. En parallèle des cours, avec l’aide de 2 formatrices d’année et le partenariat d’un SSIAD de la Mutualité Française, ils iront visiter les personnes âgées isolées en ces temps de confinement. Mai annoncera l’attribution de 1400 euros par la Fondation de France pour mettre en place ces actions. Cette expérience les touche au point que d’aucuns diront qu’elle devrait être obligatoire pour tous les étudiants durant leur parcours de formation. Ce changement de rôle, mais pas de posture, les enrichit d’humanité.

Dans le même temps Adecco étudie le même dossier pour le Challenge Etudiants Santé et leur attribue un prix de 800 euros à l’unanimité du jury !

Visiter les personnes âgées isolées en ces temps de confinement…  Cette expérience touche  les étudiants au point que d’aucuns diront qu’elle devrait être obligatoire pour tous les étudiants durant leur parcours de formation...

Tout au long de cette période de crise, la promotion fait l’objet d’un suivi pédagogique renforcé. La directrice et toutes les équipes de l’IFPS sont mobilisés : chacun prend des nouvelles régulièrement, répond aux appels, avec pour objectif d’éviter un sentiment d’abandon chez les étudiants. Ceux en promotion professionnelle ont été rappelés dès le premier jours et sont en première ligne pour lutter contre l’épidémie dans leur établissement de santé. Ils devront allier leur mission dans les unités de soins, la disponibilité pour les enfants à la maison et l’aide aux devoirs, leur propre cours à intégrer afin de valider le semestre ; la pression, l’épuisement et l’inquiétude sont là. Ils doivent tout mener de front ! Dans le même temps les locaux de l’IFPS restent tristement vides.

Afin de garder le lien et soutenir la promo, les 4 formateurs recueillent les photos de chacun des étudiants pour réaliser un mur qui sera placé dans le hall de l’IFPS. De nombreuses réunions de crise de l’établissement se déroulent dans les locaux. Les professionnels voient ainsi l’engagement des étudiants. Ils découvrent avec émoi cette nouvelle génération de soignant.  Quelques étudiants témoigneront de cette période grâce à la rédaction d’une lettre ouverte. Le passage à l’écrit favorisera la prise de recul pour deux étudiants. L’accompagnement passe aussi par des moyens encore peu exploités. Les réseaux sociaux contribueront également à diffuser les encouragements et bonnes nouvelles.

De nombreuses réunions de crise de l’établissement se déroulent dans les locaux. Les professionnels voient ainsi l’engagement des étudiants. Ils découvrent avec émoi cette nouvelle génération de soignant.

Arrive le mois de mai. Après la mobilisation en unité de soins, ils reprennent le chemin des cours mais pas de l’IFSI. Le distanciel est de mise et l’ensemble des formateurs ont pu affiné diffusion et moyens pédagogiques pour assurer les cours. La crainte du décrochage pointe dans le sondage réalisé auprès de tous les apprenants de l’IFPS. La fatigue aussi. Néanmoins les étudiants sont peinés de ne pas pouvoir venir à l’IFPS. Le contact leur manque, les copains, l’ambiance, et même… les amphis… !

Ce semestre 4 s’achève en juin avec une remise en stage 4. L’appréhension des étudiants de ne pas être au niveau attendu se dissipe grâce aux équipes de terrain maintenant un encadrement adapté. Le financement par la Région d’une sortie en mer va bénéficier aux étudiants des IFSI de Bretagne : étudiants confrontés à des conditions de travail très éprouvantes, sur la période COVID ou pour d'autres ayant souffert de l'isolement et/ou d'une situation précaire. Encore une possibilité pour décompresser à laquelle plusieurs étudiants adhéreront. Le 16 juin certains participeront à l’appel national du Comité Inter Hospitalier afin de revendiquer l’accès aux soins pour tous, des meilleures conditions de travail. 

Septembre sera l’occasion de célébrer toutes ces récompenses mais surtout l’incroyable vivacité et le professionnalisme de ces futurs soignants. La CAC du semestre n’est pas encore passée, l’heure du bilan d’année institutionnel et des étudiants ne sont pas encore planifiés. Il y aura des rattrapages, des témoignages de situations difficilement vécues, des pratiques expérimentales non dispensées à reprogrammer impérativement en laboratoires cliniques…

A chaque mois son événement, et depuis janvier dernier, tant d’imprévus ! Grâce à la dynamique de cette promotion et l’accompagnement pédagogique cette sacrée traversée restera marquée par la force du soutien, un esprit positif malgré tout et l’opportunité pour les apprenants de se connaître soi-même au travers de tous ces apprentissages. Sans l’impulsion direction/ formateurs référents de promotion, sans cette diversité parmi les étudiants et les capacités de chacun réunies, l’alchimie ne prend pas.

Centrer l’orientation pédagogique sur l’étudiant plutôt que les contenus est une approche gagnante. Cette démarche s’inscrit dans le concret, l’expérientiel. Laisser le choix, favoriser l’autonomie tout en gardant le cap permet un ancrage positif et une progression individuelle, quelle que soit l’énergie que chacun des étudiants a déployé dans cette année scolaire. Il y a ceux qui foncent, ceux qui se distancient, ceux qui observent. Peu importe chacun prend à sa mesure et tous s’adaptent. Les gratifications reçues ont contribué au renforcement positif de l’identité professionnelle des 90 étudiants.

Cette année scolaire s’achevant est donc une histoire extra-ordinaire à tous points de vue. D’un point de vue national, bien sûr tout le monde est épuisé, bien sûr la crise, les crises sont majeures ; retenons de cette histoire locale ce qui est mis en lumière, pouvant nourrir nos intentions et le monde d’après. Les circonstances exceptionnelles face à la crise COVID, ont poussé les équipes pédagogiques à repenser le modèle pédagogique. Il reste maintenant à se poser la question : quelle orientation pédagogique choisir pour la suite ? c’est le nouveau défi de tout pédagogue au regard de ces 4 mois d’aménagements à échelle nationale.

Septembre à l’IFPS sera marqué par les mesures sanitaires à respecter ; mais surtout c’est la dernière année de formation pour cette promotion talentueuse en route vers la session du Diplôme d’Etat Infirmier de juillet 2021. Ce qui est déjà acquis, au regard des retours d’analyse de pratique professionnelle de ces apprenants : tous auront tiré des enseignements de vie bien au-delà de leurs futures compétences professionnelles. 

Grâce à la dynamique de cette promotion et l’accompagnement pédagogique cette sacrée traversée restera marquée par la force du soutien, un esprit positif malgré tout et l’opportunité pour les apprenants de se connaître soi-même au travers de tous ces apprentissages.

Catherine Trotin Cadre de santé formatrice IFPS CHGR Rennes


Source : infirmiers.com