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ESI

Parce que les étudiants en soins infirmiers d'aujourd'hui sont les infirmiers de demain...

Publié le 17/09/2018
ESi, souffrance

ESi, souffrance

Un an après les résultats sur le mal-être des étudiants en soins infirmiers dévoilés par la Fnesi, où en sommes-nous ? Que disent les indicateurs suite aux différentes mesures initiées par les tutelles et aux actions mises en oeuvre parfois par les étudiants eux-mêmes, sur le terrain de leur formation en Ifsi ? Entre petites victoires, aspirations, propositions et défis à relever, l'heure est au bilan en ayant bien en tête que la situation concernant le bien-être des étudiants en soins infirmiers reste l'affaire de tous et de chacun d'entre nous...

La Fnesi l'a rappelé, "la situation concernant le bien-être des étudiants en soins infirmiers reste l'affaire de tous."

L'année qui vient de s'écouler représente un tournant pour les conditions de vie et d'études des étudiants en soins infirmiers. Des avancées sans précédent ont été obtenues par les ESI et la Fnesi se félicite de ces victoires. Cependant, le combat n'est pas terminé, de larges problématiques touchent encore les futurs soignants et il relève de la responsabilité de chacun des acteurs de notre formation de s'en saisir. Voici, en substance, le message-clé délivré par Ludivine Gauthier, présidente de la Fédération nationale des étudiant(e)s en soins infirmiers (Fnesi) à l'occasion de la conférence de presse organisée par la Fédération étudiante ce lundi 17 septembre 2018. La date n'a pas été choisie au hasard. Il y a un an, jour pour jour, le 17 septembre 2017, la Fnesi dévoilait les résultats pour le moins inquiétants de son enquête sur "Le Mal-Etre des étudiants en soins infirmiers".

De larges problématiques touchent encore les futurs soignants et il relève de la responsabilité de chacun des acteurs de notre formation de s'en saisir. 

Rappelons-le, les chiffres parlaient alors d'eux-mêmes et ils ne pouvaient qu'interpeller, d'autant qu'un ouvrage percutant "Omerta à l'hôpital. Le livre noir des maltraitances faites aux étudiants en santé" , sorti début 2017, avait déjà fait comprendre à la communauté soignante et à ses tutelles "qu'il était temps de briser ce tabou." L'enquête de la Fnesi enfonçait donc le clou. Certains étudiants en soins infirmiers parlaient ainsi d'un épuisement psychologique à long terme qui les conduisait à envisager de quitter la formation. D'autres décrivaient des études épuisantes, où l'on prône le bien-être du patient mais où celui des ESI est oublié. L'état des lieux pointait un épuisement fréquent ou permanent qui touchait près de 62% des étudiants en soins infirmiers avec un premier responsable pointé du doigt : le haut degré de stress couplé à un mauvais encadrement. Le gouvernement avait alors tendu l'oreille, confiant au Dr Donata Marra d’identifier la spécificité des risques auxquels les étudiants sont confrontés durant leur parcours de formation ainsi que les étapes du parcours posant des problèmes particuliers. Une mission qui avait pour objectif "de mieux comprendre pour mieux agir" et rendue en avril 2018 . 15 engagements du gouvernement répondaient ainsi au mal-être profond des étudiants en santé, maintes fois mis en évidence par les associations : création, dans toutes les universités, d’une structure d’accompagnement des victimes de violence ouverte à tous les étudiants et garantissant la confidentialité, amélioration des conditions de stages, avec notamment, la possibilité donnée aux étudiants en soins infirmiers d'évaluer leur terrain de stage ainsi que la formation pédagogique de tous les encadrants dans une perpective d'un meilleur dépistage des signes de souffrance mentale...

La professionnalisation, la qualité de la formation et l'accès aux services étudiants sont nos trois piliers, selon la Présidente de la Fnesi, Ludivine Gauthier

La Fnesi revenait donc ce 17 septembre 2018 sur ces actions mises en place et les avancées en faveur du bien-être des ESI, dressant notamment un état des lieux des travaux réalisés sur les conditions d’études et d’accueil à l’hôpital des ESI. En effet, la qualité de vie et des études sur les terrains de stage est un axe primordial a martellé Ludivine Gauthier. Le temps de stage durant la formation équivaut à 2100 heures de pratique professionnelle, réparties sur les trois années, soit 50% du temps de formation pour les étudiants. Il est donc primordial de faire en sorte que les conditions de stages permettent bien l'acquisition de compétences professionnalisantes. Et de souligner que trop souvent encore, le vécu de l'étudiant en stage ne lui permet pas d'évoluer dans sa formation, et pire parfois si les conditions qu'il subit lui font perdre confiance en lui. De fait, il faut l'affirmer, l’étudiant en soins infirmiers est un excellent indicateur de la bonne « santé » d’un service de soins, de son fonctionnement, accueil et service rendu à tout usager... les évaluations de stage sont donc très importantes à analyser afin de faire progresser l'ensemble de la machine. Rappelons que cet élément des terrains de stage, de l'accueil des étudiants et du retour qu'ils en font - en bien ou en mal - à leurs enseignants est particulièrement bien explicité par Nicolas Philibert dans son film "De chaque instant" .

Affirmons également que l'ESI d'aujourd'hui créé le professionnel infirmier de demain et que sa formation impactera énormément la qualité des soins qu'il sera en mesure de dispenser alors à ses patients. La Fédération hospitalière de France s'était saisie de cet argument en avril 2018 pour co-signer avec les associations professionnelles et étudiantes "Neuf engagements pour la qualité de vie des stagiaires paramédicaux" afin d'initier une véritable démarche pour agir durablement en ce sens. Pour la Fnesi, les demandes d'aide des ESI s'avèrent encore très importantes et le fait d'oser en parler est déjà une petite victoire en soi. A ce jour, ce sont en moyenne plus de 450 étudiants qui nous contactent chaque mois pour parler de leurs difficultés.

L’étudiant en soins infirmiers est un excellent indicateur de la bonne « santé » d’un service de soins, de son fonctionnement, accueil et service rendu à tout usager... les évaluations de stage sont donc très importantes à analyser afin de faire progresser l'ensemble de la machine.

Tout n'est donc pas négatif car la prise de conscience des acteurs concernés par la formation des étudiants est effective. Les Ifsi reconnaissent dans leur très grande majorité les actions menées en lien avec le bien-être étudiant. La réforme du texte de gouvernance - là encore pas appliquée par tous les instituts - permet d'améliorer les droits des étudiants mais aussi d'avoir une voix décisionnaire au sein des conseils. La formation des tuteurs de stage pour un meilleur encadrement des étudiants et la création d'instances s'inscrivant dans la démarche d'amélioration de la qualité de vie au travail (Centre National d'Appui, Observatoire National de la Qualité de Vie au Travail) vont dans ce sens et la Fnesi se félicite d'être invitée et incluses pour prendre part à leur modélisation.

En cette rentrée, les étudiants en soins infirmiers bénéficient également d'une inscription à l'université et aux droits qui en découlent. Là encore la vigilance reste de mise pour une montée en charge progressive de ces droits et leur homogénéisation sur l'ensemble des territoires. La Fnesi a également pu agir à travers les actions et les projets réalisés par ses associations avec la "Semaine du bien-être", projet soutenu par la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH). Un kit spécifique et des outils pratiques  - supports de prévention, fiche projet, sondage de satisfaction... - permettent aux étudiants en soins infirmiers, aux élus de promotion et aux associations étudiantes locales d'organiser à leur convenance des actions spécifiques dans leurs IFSi respectifs.

Le combat de la Fnesi continue néanmoins sur d'autres axes, tout aussi importants : frais de scolarité, indemnités de stage, services de proximité, enseignement des risques psychosociaux et musculo-squelettiques, activités sportives... autant d'éléments d'environnement qui participent à la qualité de vie de l'étudiant à l'Ifsi. Ces larges problématiques touchent en effet les futurs soignants et les marquent durablement. Pour Ludivine Gauthier, à l'aube de réformes impactant le système de santé français - Emmanuel Macron annoncera demain 18 septembre les éléments de cette réforme -  il est important de considérer la prochaine génération de soignants, leurs aspirations et propositions pour faire évoluer le système d'aujourd'hui et de demain. La fédération étudiante entend donc bien rester "pro-active" avec comme préalable pour l'ensemble des ESI "Soigne et prends soin de toi". Après avoir posé un constat traumatique, l'heure est à présent au changement, à l'étape d'après, et l'on ne peut que s'en réjouir si elle est suivie d'améliorations et d'un mieux-être général des étudiants en soins infirmiers, des étudiants en santé et, plus largement, d'une communauté soignante dans son entier qui le mérite tout autant.

Je sais aujourd'hui quelle soignante je suis et celle que je ne veux pas être ou devenir. Je ne veux pas que les conditions me changent comme ce stage violent m'a bouleversé lorsque j'étais étudiante. Raphaëlle Jean-Louis

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com