Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

AU COEUR DU METIER

IPA - Les infirmiers veulent "une approche collaborative innovante"

Publié le 27/04/2018
colère, déception, emoticone

colère, déception, emoticone

Dans un communiqué intitulé "Plaidoyer pour le maintien de l’accès aux soins dans une approche collaborative innovante", 11 signataires (ordre national des infirmiers, associations professionnelles infirmière et syndicats) témoignent de "leur étonnement et surtout de leur inquiétude à la lecture de la version amendée du projet de décret en Conseil d’État relatif à l’exercice en pratique avancée des auxiliaires médicaux" porté à leur connaissance le 24 avril 2018 par la DGOS. Nous reproduisons ici dans l'intégralité le texte de ce communiqué adressé également à la ministre des Affaires sociales et de la Santé Agnès Buzyn. 

Un projet de décret sur l'IPA qui continue d'entretenir la confusion entre pratique avancée et coopération entre professionnels de santé.

Nous sommes en effet surpris de constater que les besoins et les attentes de la population en matière de santé restent insuffisamment pris en compte en dépit du plan d’accès aux soins lancé à l’automne 2017 par Monsieur le Premier ministre. Nombre de médecins de ville et d’équipes exerçant au sein de services d’urgences se déclarent saturés par l’afflux de patients en besoin de soins au regard de problèmes physiques ou psycho-sociaux et alertent les pouvoirs publics sur ce sujet. Tout aussi inquiétant, l’offre de soins en psychiatrie et en santé mentale est sans cesse pointée du doigt tant elle peine à s’adapter à l’évolution des besoins des patients et de leurs proches désormais majoritairement suivis en ambulatoire.

Alors que la loi de modernisation de notre système de santé a introduit dans son article 119 l’exercice en pratique avancée pour les professionnels paramédicaux, on constate qu’il aura fallu plus d’un an et demi pour que des textes d’application soient rédigés alors que les besoins sont sans cesse croissants. Plus surprenant, on constate que les futurs infirmiers de pratique avancée se trouvent écartés des soins de premier recours pour des raisons qui restent encore à clarifier alors que leur contribution au sein des équipes pluriprofessionnelles aurait pourtant pu desserrer l’étau qui enserre ce secteur d’activité.

Plus surprenant, alors que dans la version du projet de décret en Conseil d’État présentée le 8 mars dernier par la DGOS la santé mentale/psychiatrie constituait un domaine d’intervention de l’IPA eu égard aux besoins identifiés dans ce domaine, on constate dans la nouvelle version du projet que cette orientation a disparu. Qu’est-ce qui motive ce revirement ? A-t-on bien mesuré les conséquences pour les patients et les familles de cette décision ? Plus surprenant encore, nous constatons dans l’article 5 une rigidification extrême de la mise en oeuvre de l’exercice en pratique avancée : là où l’on demandait un document validé par l’équipe, on doit désormais rédiger un protocole descriptif précisant des règles de collaboration signé par le médecin et l’infirmier. Cette mesure est inutile eu égard aux compétences développées par les infirmiers de pratique avancée et de surcroît elle entretient la confusion entre pratique avancée et coopération entre professionnels de santé.

Ces constats suscitent chez nous de vives inquiétudes. Un fossé se creuse entre la France et les systèmes de santé étrangers qui, confrontés à des défis de santé publique similaires, sont beaucoup plus audacieux et développent des stratégies plus adaptées qui dépassent les clivages traditionnels entre professions de santé. Ces pays qui adoptent ces nouveaux modèles d’organisation de l’offre de soins, reposant sur une approche collaborative centrée sur le patient et respectueuse de la contribution ainsi que des compétences de chacun des acteurs, en mesurent la plus-value. Les nombreuses publications de recherche dans ce domaine en attestent.

Là où l’on demandait un document validé par l’équipe, on doit désormais rédiger un protocole descriptif précisant des règles de collaboration signé par le médecin et l’infirmier.

Osons l’innovation face aux axes de progrès identifiés dans notre offre de soins et dépassons le conservatisme qui bloque systématiquement toute tentative d’introduction de ces modèles dont l’efficacité ne peut-être questionnée. Nous avons le devoir moral, l’obligation éthique et déontologique de ne pas rester muets face à ces constats. Nous souhaitons au contraire proposer la contribution des infirmiers face à ces problèmes dans une approche collaborative respectueuse de la plus-value apportée par chaque professionnel de santé et du secteur médico-social dans le parcours de santé, de soins et de vie des patients et dans les initiatives visant à maintenir la santé de notre population. Modernisons vraiment notre système de santé et donnons-nous les moyens d’atteindre les objectifs fixés dans la stratégie nationale de santé en faisant de la démocratie sanitaire une réalité.

Osons l’innovation face aux axes de progrès identifiés dans notre offre de soins et dépassons le conservatisme qui bloque systématiquement toute tentative d’introduction de ces modèles dont l’efficacité ne peut-être questionnée.

Du côté des syndicats libéraux

Des bémols mais aussi un progrès historique pour Convergence Infirmière

Convergence Infirmière était également au Ministère de la Santé le 26 avril, mais a signé son propre communiqué de presse qui s'avère plus modéré à propos du décret qui va paraître. Si, nous contestons fermement certains aspects du texte, nous ne pouvons que nous satisfaire de quelques avancées, souligne le communiqué en question. En effet, le syndicat déplore l’absence de consultation infirmière (remplacée par un entretien), ainsi que de la notion de protocole, qui se référait à l’article 51 de la loi HSPT et à ses coopérations. Il regrette également que certains domaines de compétence, à l’instar de la psychiatrie, aient purement et simplement disparus.

Le principal problème que craint Convergence Infirmière, c'est la confusion possible entre les IPA et les cadres de santé, en charge de manager les libéraux.
Pour se prémunir et éviter cet écueil, le Ministère nous a assuré qu’un comité de suivi des IPA serait rapidement mis en place. Cela permettra de suivre au plus près l’évolution de ce  nouveau métier, de réajuster ou de faire évoluer le champ de compétences, en fonction des problématiques rencontrées.

En outre, le syndicat se félicite tout de même de cette première étape arguant qu'il y en aura d'autres ! Dès lors que cela concerne les soins primaires, Convergence Infirmière est à la manœuvre et n’hésite pas à monter au créneau… contrairement à certains, dont on comprend rapidement que les postures s’inscrivent plus dans la communication que dans la défense de convictions profondes ! Ainsi, le syndicat souligne que même si le texte est loin de promouvoir ce dont bénéficient les collègues Outre-Atlantique notamment, c'est un premier pas dont il faut se réjouir car il marquera l’histoire du système de santé français.

Un affront aux 660 000 infirmières et infirmiers pour le SNIL

Extraits du communiqué du 3 mai 2018 - Le 16 mai prochain, le décret sur l’exercice infirmier en pratique avancée sera présenté lors de la prochaine séance du Haut Conseil des Professions Paramédicales. A cette heure, et malgré la promesse qui leur avait été faite, les organisations infirmières, dont le Sniil, n’ont aucune idée du contenu exact du nouveau texte qui sera présenté… Personne ne peut donc prévoir ce qui se passera : et notamment si le Ministère des Solidari tés et de la Santé restera toujours aussi frileux et influencé par des médecins corporatistes, ignorants et craintifs qui n’ont de cesse que de vouloir limiter les contours de cette nouvelle profession. En tout cas, si le texte présenté le 16 mai prochain au HCPP reste identique à celui qui avait été proposé, le Sniil refusera de lui apporter sa caution. En effet, il est inconcevable, pour le Sniil, que les IPA soient obligées de signer, comme le projet du 26 avril le proposait, un « protocole d’organisation » entre médecin et IPA pour chaque patient. Les IPA, de niveau d’étude Master 2, ne seraient-elles pas capables de savoir quand et comment alerter le médecin en cas de problème chez un patient ? Pour le Sniil, ce « protocole d’organisation » constituerait non seulement une atteinte grave à l’autonomie des futurs IPA, mais aussi une véritable insulte à leurs compétences et responsabilité professionnelles. Pire même… ceci représente un affront pour l’ensemble des 660 000 infirmières et infirmiers actuels, tous modes d’exercice confondus, qui n’ont jamais eu besoin de signer un document pour agir au mieux des intérêts du patient.

Les signataires de ce plaidoyer sont : Ordre national des infirmiers, Collège Infirmier français, AFDS, ANPDE, Académie des Sciences infirmières, CNI, Fnesi, Snies-Unsa éducation, ANFIIDE, GIC Répasi ANFIIDE, AFIDTN.


Source : infirmiers.com