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FORMATION EN IFSI

ESI version 2009 : mieux (se) comprendre pour mieux évoluer

Publié le 16/10/2017
étudiante bibliothèque tablette

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Chaque année, plusieurs dizaines de milliers d’étudiants franchissent les portes des instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) pour leur rentrée. En septembre 2017, une huitième promotion a ainsi « bénéficié » du référentiel de formation de 2009. Qu’a concrètement changé cette réforme ?

Un Arrêté du 8 avril 2020 (paru au Journal Officiel du 9 avril 2020) fixe au titre de l'année universitaire 2020-2021 le nombre d'étudiants à admettre en première année d'études préparatoires au diplôme d'Etat d'infirmier, soit 31 176 étudiants (30 920 pour la rentrée 2019/2020) répartis comme suit : Auvergne-Rhône-Alpes : 3 600 ; Bourgogne-Franche-Comté : 1 350 ; Bretagne 1 200 ; Centre-Val de-Loire : 1 287 ; Corse : 120 ; Grand-Est : 2 717 ; Guadeloupe : 122 ; Guyane : 100 ; Hauts-de-France : 3 733 ; Ile-de-France  : 6 540 ; La Réunion : 218 ; Martinique : 84 ; Mayotte : 45 ; Normandie : 1 520 ; Nouvelle-Aquitaine : 2 656 ; Occitanie : 2 175 ; Pays de la Loire : 1 350 ; Provence-Alpes-Côte d'Azur : 2 359.

Selon un arrêté paru le 22 août dernier au JO, et conformément aux Accords de Ségur qui stipulaient une augmentation progressive des effectifs d'étudiants dans les IFSI et les IFAS à compter de la rentrée 2020, le nombre d'étudiants en soins infirmiers pouvant être admis en première année d'études menant au DEI s'élève désormais à 31 764 (contre 31 176 initialement dans un arrêté daté du mois d'avril 2020), soit 824 places supplémentaires (+2,6%) par rapport à l'année universitaire en cours.

Définition officielle du métier

Évaluer l’état de santé d’une personne et analyser les situations de soins ; concevoir et définir des projets de soins personnalisés ; planifier des soins, les prodiguer et les évaluer ; mettre en œuvre des traitements. Les infirmiers dispensent des soins de nature préventive, curative ou palliative, visant promouvoir, maintenir et restaurer la santé, ils contribuent à l’éducation à la santé et à l’accompagnement des personnes ou des groupes dans leur parcours de soins en lien avec leur projet de vie. Les infirmiers interviennent dans le cadre d’une équipe pluriprofessionnelle, dans des structures et à domicile, de manière autonome et en collaboration. À noter que la profession infirmière dispose de son code de déontologie publié dans le journal officiel le 27 novembre 2016. Il comprend ainsi l'ensemble des droits et devoirs des infirmiers, quels que soient leurs modes ou lieux d'exercice.

Depuis la réforme de 2009, comment évolue la formation en soins infirmiers ? D'un point de vue étudiants, formateurs et tuteurs de stage...

Bénéficier ? Est-ce bien le mot approprié tant il est courant d’entendre encore dans les unités de soins le « nouveau diplôme » et les différentes critiques dont il fait l’objet… Depuis la rentrée de septembre 2009 , le microcosme des infirmiers français a vu sa formation évoluer. Et comme tout changement, cela a entraîne de nombreuses résistances. Résistances dont les étudiants en soins infirmiers et jeunes diplômés témoignent encore huit années après la mise en œuvre de cette réforme. En tant qu’infirmier , j’ai appris à émettre des hypothèses. J’émets donc ici l’hypothèse que ces résistances sont liées à des incompréhensions de la part des étudiants et des professionnels mais également à un climat soci(ét)al peu propice à la prise en charge des étudiants.

Un Diplôme infirmier au grade Licence

Depuis la rentrée de septembre 2009, la formation infirmière s'inscrit dans le processus de Bologne : LMD (Licence, Master, Doctorat) et valide le niveau Licence. Les études se déroulent dans les Instituts de Formation en Soins Infirmiers (IFSI). En partenariat avec l'Université, elles préparent en 3 ans, au diplôme d'Etat d'Infirmier et à l'obtention du grade Licence . Le cursus de Formation, fondé sur l'alternance, comprend :

  • 6 semestres validant les 180 ECTS (European Credit Transfert System) du grade Licence
  • 20 semaines de formation en alternance par semestre.
  • 50% d'enseignement en IFSI = 2100 heures théoriques.
  • 50% de stage = 2100 heures de stages cliniques.

En février dernier, le Gouvernement a annoncé la mise en place d'un service sanitaire pour environ 40 000 étudiants en santé dès la rentrée 2018. Parmi eux, les étudiants en soins infirmiers. Le Service sanitaire aura lieu en 2e ou 3e année pour les infirmiers.

Car oui, il apparaît de nos jours que l’accompagnement des étudiants en soins infirmiers est une charge pour les professionnels… Est-ce une nouveauté ? Je n’en suis pas certain. Je n’ai pas une carrière bien longue certes, mais d’aussi loin que ma mémoire remonte, j’entends des étudiants et des formateurs raconter des professionnels disant ne pas pouvoir encadrer les étudiants (au sens propre comme au figuré). Ce qui est nouveau, ce sont les prétextes liés au référentiel de formation de 2009 : le portfolio trop complexe, les unités d’enseignements mal organisées, trop peu de stages… Et ces arguments ne se trouvent pas que dans la bouche des infirmiers formés avant 2009, même des infirmiers formés dans la mouture 2009 répètent ces prétextes…

Soci(ét)al, vous avez dit soci(ét)al

En ce qui concerne le climat soci(ét)al, il est pour moi indissociable des conditions d’accompagnement des étudiants en soins infirmiers . En effet, dans une société où les moyens ne sont pas pour l’ensemble des acteurs en accord avec les besoins, il se crée une fracture. Il n’est pas question ici d’incriminer qui que ce soit, je ne vois que peu d’intérêt à cela. Par contre il est indispensable de questionner le climat soci(ét)al dans la mise en stage des étudiants et dans leur apprentissage.

Une histoire de distance

Un autre point de fracture peut se trouver également dans la distance entre instituts de formation et terrains de pratique. Le manque de connaissance du travail de l’autre a toujours favorisé la déconnexion. Et cela est valable dans les deux sens. L’universitarisation n’est pas forcément une aide. Elle est parfois interprétée comme une mise à distance de la pratique réelle du terrain pour être remplacé par une version théorisée de la pratique soignante. Et les étudiants ne mettent pas longtemps à s’en apercevoir… Il y a donc une nécessité à se rencontrer, à créer des ponts entre terrain et formation pour que la formation soit la plus proche possible des besoins du terrain.

Et les étudiants dans tout ça ?

Comment expliquer que certains jeunes professionnels, tout juste diplômés, puissent dire à un étudiant qu’ils ne comprennent pas le portfolio et ne savent pas comment l’évaluer ? Pour avoir travaillé sur les différences générationnelles, je ne pense pas que la génération soit un argument recevable. Il apparaît donc une compréhension difficile d’un outil utilisé pendant trois ans… Comment cet outil est-il présenté ? Quel sens lui est-il donné ? Les critiques dans les unités de soins ne sont-elles pas influentes dans ce processus de rejet du portfolio par les étudiants… ?

À suivre

Je m’attaque donc peut-être ici à une montagne, un chemin dans le brouillard, mais il me semble intéressant de venir proposer ma lecture du référentiel actuel de formation et de différents points. Je ne suis pas là pour faire du prosélytisme, non, juste pour favoriser la compréhension de chacun pour avancer ensemble.

Cette série d’articles s’adresse à plusieurs publics :

  • les étudiants et futurs étudiants en soins infirmiers : ils sont le centre du dispositif de formation, ce sont les premiers à pouvoir défendre et valoriser leur formation en étant eux aussi pédagogues ;
  • les infirmiers , aides-soignants , et tous les professionnels de proximité : ils sont proches des étudiants au quotidien en stage, pour mieux se comprendre peut-être peut-on mieux se connaître ;
  • les infirmiers tuteurs de stage   : formés ou non, volontaires ou pas, ils ont un rôle de référent dans les unités de soins pour accompagner les étudiants mais également les équipes durant le déroulé des stages ;
  • les cadres de santé ou maîtres de stage : ils sont un maillon indispensable dans les stages des étudiants en soins infirmiers et eux aussi ont un rôle de pédagogue auprès des équipes de soins. Une partie plus spécifique sera également consacrée à l’impact des stages et de l’accompagnement des étudiants sur le management d’une équipe

Benjamin JULIAN-MICHEL Cadre de santé formateur Rédacteur Infirmiers.com

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Source : infirmiers.com