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COURS IFSI

Le développement psychique : du complexe d’Œdipe à l’adolescence

Publié le 20/02/2018
fleurs dans les cheveux

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Dans le précédent cours étaient détaillés les différents stades de l’enfance, les trois premiers stades (oral, anal, phallique) marquant le développement psychique de l'enfant. Ces trois premiers stades sont dits prégénitaux, car situés avant la réunification des différentes pulsions partielles, sous le primat de la zone génitale. Ce cours s’attache à présenter les trois stades suivants, complexe d’Œdipe, latence et adolescence, qui sont dits génitaux.

Le complexe d’Œdipe (de trois à six ans, environ)

« A l’adolescence, en lien avec les modifications corporelles, hormonales, on assiste à une réémergence pulsionnelle très forte ».

Ce terme, connu de tous, est tiré de la mythologie grecque. Œdipe, ce jeune homme sous le coup d’une prophétie calamiteuse, en vient (sans le savoir) à tuer son père et à épouser sa mère. Cette référence antique n’est pas anodine ; les grands mythes de l’humanité, les contes populaires… nous disent tous quelque chose des mécanismes psychiques propres aux humains. Le complexe d’Œdipe est fondamental car il assure le dépassement de l’auto-érotisme primitif en orientant l’enfant vers les objets extérieurs (ce rôle étant tenu par les parents durant cette période). Nous passons d’un stade narcissique à un stade objectal, sous le primat de la zone génitale. La loi fondamentale de la prohibition de l’inceste est l’enjeu de cette nouvelle relation triangulaire (père, mère, enfant). L’enfant est attiré par le parent de sexe opposé, mais il peut l’être également par le parent de même sexe (on parlera dans ce cas de forme négative du complexe d’Œdipe, la forme complète correspondant à une oscillation entre ces deux attirances).

Ce qui se joue alors est de l’ordre du renoncement, de la frustration et, plus largement, de la capacité ultérieure à faire son deuil. L’enfant passe par des phases de rivalité, d’identification, des mouvements dépressifs et anxieux, avant de renoncer à séduire le parent en question. Ce renoncement se vit dans une angoisse de castration mettant un terme à la problématique œdipienne. Le complexe d’Œdipe participe grandement à la maturation psychique ; par l’intégration des interdits parentaux, il favorise la mise en place du Surmoi et de l’Idéal du Moi.

Le complexe d’Œdipe est fondamental car il assure le dépassement de l’auto-érotisme primitif en orientant l’enfant vers les objets extérieurs.

La période de latence (de six à douze ans, environ)

Cette période se vit dans une certaine accalmie. Les pensées sont désexualisées grâce à une sublimation servie par un mécanisme de refoulement. L’enfant se ritualise ; il s’initie à la discipline, aux apprentissages scolaires, tout en consolidant ses acquis antérieurs. Nous sommes à « l’âge de raison ». Ce désinvestissement libidinal favorise une socialisation apaisée.

A l’adolescence, le complexe d’Œdipe est en partie réactivé ; cette période voit se rejouer de nombreux conflits qui trouveront ainsi la dernière occasion de se résoudre, de manière physiologique.

L’adolescence (après onze, douze ans…)

Ce stade particulier s’assimile à une crise identificatoire et narcissique majeure. L’adolescent cherche des modèles, des objets extérieurs. Il se construit en s’opposant ou en faisant alliance avec son entourage. En lien avec les modifications corporelles, hormonales, on assiste à une réémergence pulsionnelle très forte. Le complexe d’Œdipe est en partie réactivé ; cette période voit se rejouer de nombreux conflits qui trouveront ainsi la dernière occasion de se résoudre, de manière « physiologique ». Au seuil de sa vie d’adulte, l’individu voit donc l’instauration définitive de sa personnalité. Auparavant (dans le cadre d’une psychogenèse normale) il se sera constitué une peau psychique, délimitant un espace interne, où il aura pu garder en lui une image interne stable. Ceci, grâce à sa capacité d’introjection.

Cette peau psychique assure la fonction de maintenance du psychisme, tout comme la mère soutient le corps du nourrisson « dans un état d’unité et de solidité » (le « holding »). Elle assure également une fonction contenante, à l’instar de la mère enveloppant son enfant et l’aidant ainsi à acquérir lui-même une enveloppe psychique (le « handling »). La fonction de pare-excitation protège le psychisme des excitations excessives, tout comme l’épiderme préserve les terminaisons sensitives. La peau psychique assure aussi une fonction d’intersensorialité (donnant un sens commun aux différentes perceptions sensorielles), une fonction d’inscription des traces sensorielles tactiles (le « brouillon » du « moi-peau »)  et une fonction d’individuation de soi en déterminant les frontières du sujet. Au final, l’enjeu est de permettre l’émergence de la pensée en assurant à l’individu la permanence du moi et des objets internes dans la continuité des enveloppes.

La suite du cours sera publiée prochainement.

Didier MORISOT Infirmier, auteur didier.morisot@laposte.net


Source : infirmiers.com