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COURS IFSI

Cours IFSI - Le chikungunya

Publié le 10/05/2016
moustique chikingunya

moustique chikingunya

Le chikungunya est une maladie virale transmise par des moustiques décrite pour la première fois à l'occasion d'une flambée dans le sud de la Tanzanie en 1952. Il s'agit d'un alphavirus de la famille des togaviridés. Le nom de «chikungunya» vient d'un verbe de la langue kimakonde qui signifie «devenir tordu» ce qui décrit l'apparence voûtée de ceux qui souffrent de douleurs articulaires. Le virus peut causer une maladie aiguë, subaiguë ou chronique.

Signes et symptômes

Le virus est transmis d'un être humain à l'autre par les piqûres de moustiques femelles infectées, par les espèces Aedes aegypti et Aedes albopictus.

Le chikungunya se caractérise par l'apparition brutale de fièvre souvent accompagnée d'arthralgie. Les autres signes et symptômes communs sont notamment myalgies, céphalées, nausée, fatigue et éruption. L'arthralgie est souvent invalidante, mais elle disparaît généralement au bout de quelques jours ou de quelques semaines. La plupart des patients se rétablissent complètement, mais dans certains cas l'arthralgie peut persister pendant plusieurs mois ou même plusieurs années.

On a signalé des cas occasionnels de complications oculaires, neurologiques et cardiaques, ainsi que des douleurs gastro-intestinales. Les complications graves ne sont pas fréquentes, mais chez les personnes âgées la maladie peut contribuer à la cause du décès. Les symptômes sont souvent légers chez les personnes infectées et l'infection peut passer inaperçue ou faire l'objet d'un diagnostic erroné dans les zones où sévit la dengue.

Transmission

Le chikungunya a été identifié dans une soixantaine de pays d’Asie, d’Afrique, d’Europe, mais aussi des Amériques.

Le virus est transmis d'un être humain à l'autre par les piqûres de moustiques femelles infectées. Les moustiques incriminés sont le plus souvent Aedes aegypti et Aedes albopictus, deux espèces qui peuvent également transmettre d'autres virus, notamment la dengue. Ces moustiques sont susceptibles de piquer pendant la journée, bien que leur activité maximale se situe surtout tôt le matin et en fin d'après-midi. Les deux espèces piquent à l'extérieur, mais Ae. aegypti le fait aussi volontiers à l'intérieur des bâtiments.

La maladie se manifeste généralement entre quatre et huit jours après la piqure par un moustique infecté, mais la fourchette peut aller de deux à douze jours.

Diagnostic

Plusieurs méthodes de diagnostic peuvent être mises en œuvre. Des tests sérologiques, tels que les tests immunoenzymatiques simples (ELISA), peuvent permettre de confirmer la présence d'anticorps anti-chikungunya IgM et IgG. Les niveaux d'anticorps IgM sont les plus élevés trois à cinq semaines après l'apparition de la maladie et persistent pendant environ deux mois. Le virus peut être isolé à partir du sang au cours des premiers jours de l'infection.

Diverses techniques d'amplification génique transcriptase-inverse (RT-PCR) sont disponibles mais leur sensibilité est variable. Certaines conviennent au diagnostic clinique. Les produits de RT–PCR provenant d'échantillons cliniques peuvent aussi être utilisés pour le typage génique du virus, ce qui permet des comparaisons avec des échantillons de virus de différentes sources géographiques. Les échantillons recueillis au cours de la première semaine suivant l’apparition des symptômes doivent être analysés au moyen de techniques tant sérologiques que virologiques (RT-PCR).

Principaux faits

  • Le chikungunya est une maladie virale transmise à l’homme par des moustiques infectés. Elle provoque de la fièvre et des arthralgies (douleurs articulaires) sévères. Les autres symptômes sont myalgies, céphalées, nausée, fatigue et éruption.
  • Les douleurs articulaires sont souvent débilitantes et de durée variable.
  • Cette maladie a quelques signes cliniques en commun avec la dengue, ce qui peut entraîner un diagnostic erroné dans des zones où la dengue est commune.
  • Il n'existe pas de remède contre cette maladie. Le traitement est essentiellement symptomatique.
  • Le fait que des sites de reproduction de moustiques se trouvent à proximité d'habitations constitue un sérieux facteur risque de chikungunya.
  • La maladie se manifeste en Afrique, en Asie et dans le sous-continent indien. Ces dernières décennies, les moustiques vecteurs du chikungunya ont atteint l'Europe et les Amériques. En 2007, la transmission de la maladie a été enregistrée pour la première fois en Europe, lors d'une flambée localisée au nord-est de l'Italie. Depuis d'autres flambées ont été en registrées en France et en Croatie.

Traitement

Il n'existe pas de médicament spécifique qui permette de guérir la maladie. Le traitement a essentiellement pour but d'atténuer les symptômes, notamment l'arthralgie, au moyen d’antipyrétiques, d’analgésiques et d’un apport optimal de liquides.

Prévention et lutte

La présence de sites de reproduction du moustique vecteur à proximité des lieux d'habitations constitue un sérieux facteur de risque de chikungunya ainsi que d'autres maladies transmises par ces espèces. La prévention et la lutte reposent dans une grande mesure sur la réduction du nombre des récipients naturels et artificiels contenant de l'eau qui favorisent la reproduction des moustiques. Cela passe par la mobilisation des communautés affectées. Lors de flambées épidémiques, on peut pulvériser des insecticides pour tuer les moustiques, en les appliquant sur les surfaces à l'intérieur et autour des récipients où les moustiques se posent, et en traitant l'eau contenue dans ces récipients afin de tuer les larves.

Pour se protéger lors de flambées épidémiques de chikungunya, on recommande de porter des vêtements couvrant le corps au maximum et d'appliquer un répulsif sur les parties exposées ou sur les vêtements, conformément aux instructions qui accompagnent le produit. Les répulsifs doivent contenir du DEET (N, N-diéthyl-3-méthylbenzamide), de l'IR3535 (esther éthylique de l'acide 3-[N-acétyl-N-butyl]-aminopropionique) ou de l'icaridine (1-piperidinecarboxylic acid, 2-(2-hydroxyethyl)-- 1-méthylpropylester). Pour ceux qui dorment pendant la journée, en particulier les jeunes enfants ou les personnes malades ou âgées, les moustiquaires imprégnées d'insecticide assurent une bonne protection. Les spirales anti-moustiques ou d'autres vaporisateurs d'insecticides peuvent aussi réduire les piqures à l'intérieur des bâtiments.

Les personnes voyageant dans des zones à risque doivent prendre des précautions élémentaires, à savoir : utiliser des répulsifs, porter des vêtements à manches longues et des pantalons, et vérifier que les pièces sont équipées de moustiquaires qui empêchent les moustiques d’y pénétrer.

Flambées épidémiques

Le chikungunya est présent en Afrique, en Asie et dans le sous-continent indien. Les infections humaines en Afrique sont restées à des niveaux assez bas pendant un certain nombre d'années, mais en 1999-2000 une flambée importante s'est produite en République démocratique du Congo et en 2007 une flambée s'est déclarée au Gabon.

À partir de février 2005, une importante flambée de chikungunya s'est produite dans les îles de l'Océan indien. Un grand nombre de cas importés en Europe ont été imputés à cette flambée, pour la plupart en 2006 quand l'épidémie de l'Océan indien était à son comble. Une flambée importante de chikungunya est survenue en Inde en 2006 et en 2007. Plusieurs autres pays de l'Asie du Sud-est ont également été affectés. En 2007 la transmission a été enregistrée pour la première fois en Europe, à l'occasion d'une flambée localisée dans le Nord-est de l'Italie.

Depuis 2005, l’Inde, l’Indonésie, les Maldives, le Myanmar et la Thaïlande ont signalé 1,9 million de cas. En 2007, la transmission de la maladie a été signalée pour la première fois en Europe, lors d’une flambée localisée dans le nord-est de l’Italie, au cours de laquelle 197 cas ont été enregistrés, et qui a confirmé que des flambées dues au moustique Ae. Albopictus pouvaient très bien se produire en Europe. En décembre 2013, la France a signalé deux cas autochtones confirmés en laboratoire (indigènes) de chikungunya dans la partie française de l'île antillaise de Saint-Martin. Depuis lors, la transmission locale a été confirmée dans plus de 43 pays et territoires des Amériques. Il s'agissait de la première flambée de chikungunya par transmission autochtone documentée dans cette région. Le 21 octobre 2014, la France a confirmé 4 cas d’infection par le chikungunya contractée localement à Montpellier (France). Fin 2014, des flambées ont été signalées dans les îles du Pacifique.Une flambée de chikungunya a été enregistrée dans les Îles Cook et les Îles Marshall, tandis que le nombre de cas dans les Samoa américaines, la Polynésie française, le Kiribati et les Samoa diminuait. En avril 2015, plus de 1 379 788 cas suspects de chikungunya avaient été enregistrés dans les Caraïbes, dans des pays d’Amérique latine et les États-Unis d’Amérique. Cent quatre-vingt-onze décès ont aussi été imputés à cette maladie pendant la même période. Le Canada, le Mexique et les États-Unis ont aussi relevé des cas importés. L’OMS est intervenue suite à de petites flambées de chikungunya fin 2015 dans la ville de Dakar (Sénégal) et dans l’État du Punjab (Inde). Dans les Amériques en 2015, 693 489 cas suspects et 37 480 cas confirmés de chikungunya ont été notifiés à l’Organisation panaméricaine de la Santé, le Bureau régional de l’OMS, la Colombie supportant le plus lourd fardeau avec 356 079 cas. Ces chiffres étaient toutefois inférieurs à ceux de 2014, où l’on avait enregistré plus d’un million de cas dans cette Région. La tendance à la baisse se poursuite en 2016, avec 31 000 cas notifiés à l’OPS jusqu’au 18 mars 2016, ce qui représente une division par cinq du nombre par rapport à la même période de 2015. Malgré cette tendance, le chikungunya demeure une menace dans la Région, l’Argentine ayant récemment signalé sa première flambée.

À propos des vecteurs de la maladie

Tant Ae. aegypti que Ae. albopictus ont été mis en cause dans les flambées importantes de chikungunya. Alors qu'Ae. aegypti ne vit que dans des zones tropicales et subtropicales, Ae. albopictus se rencontre aussi dans des régions tempérées et même froides. Ces dernières décenniesAe. albopictus s'est propagé de l'Asie à certaines zones de l'Afrique, de l'Europe et des Amériques.

L'espèce Ae. albopictus prolifère dans des sites de reproduction contenant de l'eau beaucoup plus variés qu'Ae. aegypti, notamment dans des coquilles de noix de coco, des cabosses de cacao, des souches de bambou, des cavités d'arbres et des anfractuosités de roches, en plus des récipients artificiels tels que pneus de véhicules et soucoupes placées sous des pots de fleurs. Cette diversité d'habitats explique l'abondance d'Ae. albopictus dans les zones rurales aussi bien que périurbaines et dans les parcs ombragés des villes. Ae. aegypti est davantage associé aux habitations humaines et utilise des sites de reproduction intérieurs, notamment des vases à fleurs, des citernes d'eau et des réservoirs d'eau en béton dans les salles de bain, ainsi que dans les mêmes habitats artificiels extérieurs qu'Ae. albopictus.

En Afrique, plusieurs autres moustiques vecteurs ont été impliqués dans la transmission de la maladie, notamment les espèces du groupe A. furcifer-taylori et A. luteocephalus. Il semblerait que certains animaux, y compris non-primates, des rongeurs, des oiseaux et de petits mammifères servent de réservoir.

L'action de l'OMS

L’action de l’OMS face au chikungunya consiste à :

  • élaborer des plans de gestion des flambées fondés sur des données factuelles ;
  • fournir un soutien technique et des orientations aux pays pour les aider à prendre en charge efficacement les cas et les flambées ;
  • aider les pays à améliorer leurs systèmes de notification ;
  • dispenser une formation à la prise en charge clinique, au diagnostic et à la lutte antivectorielle au niveau régional avec certains de ses centres collaborateurs ;
  • publier des recommandations et des manuels sur la prise en charge des cas et la lutte antivectorielle à l’intention des États Membres.

L’OMS encourage les pays à constituer et maintenir la capacité de détecter et de confirmer les cas, de prendre en charge les malades, et de mettre en œuvre des stratégies de communication sociale visant à réduire la présence de moustiques vecteurs.

Organisation Mondiale de la Santé (OMS)  http://www.who.int/fr/

Organisation Mondiale de la Santé - Aide-mémoire N°327 - Chikungunya - Avril 2016


Source : infirmiers.com