L’intensité des troubles dépend de la quantité d’alcool consommée, de la rapidité d’ingestion, de la prise associée d’un repas, de l’âge et de la susceptibilité du sujet.
Signes de gravité immédiats
- Rechercher une détresse vitale.
- Respecter le patient.
- Être rassurant, non agressif.
- Il existe 3 formes cliniques d’IEA :
- isolée non compliquée (75 %) ;
- excitomotrice (18 %) ;
- coma (7 %).
Tableau 1. Formes cliniques d’IEA
Formes cliniques | Tri |
---|---|
Coma |
Niveau 1 |
Forme excitomotrice |
Niveau 2 |
IEA non compliquée |
Niveau 3 |
Éléments cliniques et paracliniques utiles
Éléments cliniques
L’examen clinique doit être complet, particulièrement l’examen neurologique. Même dans un contexte évocateur d’IEA, toujours éliminer en priorité une pathologie intercurrente :
- hypoglycémie (alcoolique dénutri) ;
- hématomes intracrâniens et hémorragies méningées posttraumatiques ;
- intoxications d’autres nature associées ou non à la prise d’alcool : psychotropes (BZD, BBT), cannabis, cocaïne, hallucinogènes, solvants, CO ;
- méningites ou encéphalites ;
- agression ;
- malaise, chute, sensation vertigineuse ;
- encéphalites alcooliques (Korsakoff, Wernicke) ;
- delirium tremens ;
- épilepsie ;
- sevrage.
Tableau 2. Correspondance à l’alcoolémie
Tableau clinique | Correspondance à alcoolémie (variable selon les individus) |
---|---|
Excitation psychomotrice | = alcoolémie 0,5 à 1 g/l |
Ébriété | = alcoolémie à 2 g/l |
Troubles de la vigilance | = alcoolémie à 3 g/l |
Coma et risque vital | = doses létales de 3 à 8 g/l |
Éléments paracliniques
- Glycémie capillaire.
- Taux d’éthanol dans l’air expiré (éthylomètre) ou alcoolémie sont surtout utiles en cas de discordance entre l’anamnèse et la clinique.
- Ionogramme sanguin et/ou bilan orienté en fonction de la pathologie intercurrente suspectée.
Ne pas confondre
- Alcootest : effectué par les forces de l’ordre, c’est un dépistage de l’imprégnation alcoolique dans l’air expiré et non du dosage de l’alcool. Il est obligatoire en cas d’infraction ou d’accident suivi de mort.
- Alcoolémie : elle est pratiquée si l’alcootest est positif ou en cas de refus de dépistage (réquisition du médecin).
Diagnostics à ne pas manquer
Devant un résultat discordant : alcoolémie peu élevée et symptomatologie importante, rechercher une pathologie associée +++.
Conduite à tenir aux urgences
- Faire préciser les circonstances.
- Inventaire des valeurs ++.
- Demandes de désintoxication : non urgentes.
Quels patients hospitaliser ?
- L’hospitalisation est nécessaire dans les cas suivants :
- troubles de conscience ;
- présence d’un traumatisme ;
- complications avec des pathologies associées (QS) ;
- ce sont des enfants (risque de coma et d’hypoglycémie) ;
- ivresse pathologique ;
- misère sociale et trouble psychiatrique sous-jacent.
Tableau 3. Où faut-il les hospitaliser ?
UHCD | REA |
---|---|
IEA grave |
IEA grave avec coma profond ou signe de détresse vitale (altération de la perméabilité des voies aériennes) |
IEA compliquée
|
IEA compliquée avec signes de gravité Alcoolémie > 5 g/l |
Tableau 4. Principes thérapeutiques
Ivresse banale | Ivresse et trouble vigilance | Ivresse pathologique |
---|---|---|
Surveillance simple en UHTCD, conscience, pouls, TA, température, glycémie… jusqu’à la régression des signes en 4 à 6 h Évite de ne pas négliger une pathologie associée et les conséquences médicolégales de l’ivresse sur la voie publique |
Risque de pneumopathie d’inhalation Hypotension artérielle et dépression respiratoire = pronostic vital +++ Traitement symptomatique : – libération des voies aériennes supérieures ; – O2 au masque ou ventilation assistée si besoin ; – correction des troubles électrolytiques + apport glucidique et en vitamines B1 et B6 ++++ (Gaye Wernicke) Prévenir le réanimateur |
Hospitalisation en milieu spécialisé Risque de passage à l’acte auto- ou hétéro-agressif Si besoin, utiliser la contrainte : – hospitalisation sur demande d’un tiers ou hospitalisation d’office ; – chambre d’isolement préférable à la contention physique Sédation par benzodiazépines (clorazepate 50 mg à 100 mg PO ou IM), carbamates (méprobamate 400 IM), NL (loxapine 4 A IM avec risque d’hypotension artérielle) Prévenir les complications du sevrage ++ Consultation psychiatrique lors du retour des fonctions relationnelles, si nécessaire |
- La sortie du patient se fait sur prescription médicale, dans l’idéal avec l’entourage, après examen clinique et entretien psychiatrique, après avoir contre-indiqué la conduite automobile.
- Pour toute demande de sortie prématurée ou pour tout patient amené par la police, la sortie ne sera prononcée que si le maintien de la permanence des fonctions relationnelles est assuré, condition nécessaire pour le confier à un tiers non médical. Si le patient apparaît dangereux pour lui-même ou pour son entourage, l’obtention d’un consentement n’est pas valide et sera assimilé à une fugue, si le maintien à l’hôpital ne peut pas être obtenu.
Éric REVUEMédecin urgentisteRédacteur infirmiers.comericrevue@yahoo.fr
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