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COURS IFSI

BPCO : troisième cause de mortalité dans le monde d'ici 2030

Publié le 20/11/2020
chiffres BPCO

chiffres BPCO

tabac, fumée

tabac, fumée

Elle touche probablement plus de 3,5 millions de Français et pourtant elle reste mal connue. La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est l'une des principales maladies provoquées par le tabagisme. Généralement sous diagnostiquée, elle peut très vite détériorer la qualité de vie des patients et engager leur pronostic vital, d'où la nécessité d'un diagnostic précoce dès les premiers signes de gêne respiratoire. Focus sur la maladie à l'occasion de la Journée mondiale de la BPCO le 20 novembre 2020.

Quand la vie part en fumée... De nombreux cas de BPCO pourraient être évités grâce à un sevrage tabagique précoce.

Ses symptômes apparaissent lentement, ce qui ne facilite en rien son diagnostic. La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) se manifeste généralement à partir de 40 ou 50 ans. Les signes sont caractéristiques d'une altération progressive, voire massive, de la fonction respiratoire au point de fortement handicaper les patients et de diminuer leur espérance de vie. Essoufflement, toux chronique, expectorations… Ces symptômes peuvent très vite s’exacerber et nécessiter une hospitalisation ainsi que des soins d'urgence.

La BPCO est également associée à de nombreux autres troubles : on parle de comorbidités qui peuvent affecter différents organes et des fonctions diverses : métaboliques, musculaires, cardiaques, gastro-intestinales, psychiques (anxiété, dépression)… En moyenne, un patient atteint de BPCO présente cinq comorbidités. La plupart des patients ne décèdent pas d’insuffisance respiratoire, mais d’accidents cardiovasculaires, de pneumonies, de cancer...

Le tabac figure au premier rang des facteurs de risque pour la BPCO, il est en effet le principal polluant pouvant endommager les poumons. Dans 80 % des cas, le tabagisme est la principale cause de l’apparition de la BPCO

Guide du parcours de soins bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)

Le guide du parcours de soins* décrit la prise en charge usuelle d’une personne ayant une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Il est destiné aux professionnels impliqués dans la prise en charge globale des patients, du secteur sanitaire, social et médico-social. Tenant compte de la pluri-professionnalité de la prise en charge, le guide aborde le rôle, la place et les modalités de coordination des différents professionnels. II est accompagné d'une synthèse sur les points critiques de la prise en charge et de 10 messages pour améliorer ses pratiques.

*A retrouver sur le site de la Haute Autorité de Santé

Une maladie qui s'est féminisée ces dernières années

Si autrefois la maladie touchait exclusivement les hommes, on observe une parité quasi parfaite puisque désormais près de 50 % des personnes touchées par la maladie sont des femmes . Une tendance due à une augmentation du tabagisme chez cette population. Mais, qu'il soit actif ou passif, il n'est pas l'unique facteur puisque la maladie peut également être provoquée par la pollution de l'air extérieur et/ou intérieur, particulièrement dans les pays à faibles revenus où le chauffage et la cuisine se font au moyen de combustibles solides. Par ailleurs, plus de 90 % des décès dus à la BPCO surviennent dans les pays où les stratégies efficaces de prévention et de lutte sont absentes ou peu accessibles, rapporte l'OMS. Car en effet, de nombreux cas de BPCO pourraient être évités grâce à un sevrage tabagique précoce. La mise en œuvre globale de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac réduira la prévalence du tabagisme et la charge de cette maladie à l'échelle mondiale.

Le tabagisme figure ainsi au premier rang des facteurs de risque et notamment :

  • chez l’homme, si plus de 20 paquets/années ;
  • chez la femme, si plus de 15 paquets/années ;
  • associé ou non à l’inhalation de cannabis ;
  • incluant le tabagisme passif.

La BPCO est une maladie incurable mais le traitement peut soulager les symptômes, améliorer la qualité de vie et diminuer le risque d’en mourir.

Comprendre la BPCO en 3D

Une pathologie incurable

La BPCO peut également être le résultat d'un asthme chronique aggravé ou d'infections fréquentes des voies respiratoires durant l'enfance. Et bien que la maladie soit incurable, un traitement adapté peut toutefois soulager les symptômes, améliorer la qualité de vie et diminuer les risques de mortalité. La kinésithérapie fait partie de la prise en charge curative. Néanmoins, le sevrage tabagique est le plus efficace des remèdes puisqu'il ralentit l'évolution de la maladie, diminuant ainsi le nombre de décès. Enfin, l'inhalation de corticoïdes peut être prescrite mais la pratique régulière d'un sport est néanmoins le deuxième moyen de ralentir l'évolution de la BPCO. Toutes les études publiées ces dernières années démontrent que l’activité physique entraîne une amélioration de la tolérance à l’exercice et de la qualité de vie, mais aussi une diminution de l’essoufflement. Elle diminue également les exacerbations (épisodes d’aggravation aiguë) de la maladie, le nombre et la durée des hospitalisations. Dans la BPCO, l’activité physique fait beaucoup mieux que les médicaments ! Elle est possible à tous les stades de la maladie, même pour un patient sous oxygène, précise le Docteur Daniel Piperno, pneumologue à Lyon.

Mais quel que soit le traitement mis en place, un diagnostic précoce de la maladie est déterminant. Aujourd'hui, deux tiers des personnes atteintes l'ignorent. Aussi la BPCO doit-elle être dépistée le plus précocement possible. Car les lésions broncho-pulmonaires provoquées par le tabac sont irréversibles et aucun traitement ne peut les faire disparaître. Dans certains cas les lésions peuvent évoluer vers une destruction progressive des alvéoles du poumons, ce que l’on appelle l’emphysème, qui est une des complications de la BPCO. Pour réaliser un diagnostic précoce de l’obstruction des bronches, le seul moyen actuellement à disposition est la mesure du souffle par l’exploration fonctionnelle respiratoire, c’est à dire la spirométrie.

Les stratégies de diagnostic et de prévention sont donc déterminants, d'autant plus si l'on considère que la bronchopneumopathie chronique obstructive devrait devenir la troisième cause de mortalité dans le monde d'ici 2030.

Des personnes malades témoignent

J’ai accepté la maladie, mais je refuse encore toute aide... Valérie (52 ans), asthmatique et atteinte de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), témoigne d'une façon poignante combien la maladie chronique peut mettre un couple en danger, abréger une carrière professionnelle et fragiliser une vie sociale. Mais il montre aussi que faire preuve de volonté pour retrouver une certaine qualité de vie est non seulement possible, mais nécessaire pour ne pas s’effondrer.

Je voudrais surtout dire que l’immense majorité des malades infectés par le Covid-19 guérissent, y compris des personnes comme moi, âgées et souffrant d’une maladie chronique respiratoire. Marie, 73 ans (Pas-de-Calais), atteinte de BPCO au stade 2 a souhaité témoigner de cet épisode dont elle sort à peine.

Pratiquer la sophrologie me permet de me reconnecter à la partie de moi-même qui va bien. Cécile Burrough, 45 ans, thérapeute sophrologue et souffrant de BPCO (Toulouse) le souligne :  je ne suis pas «BPCO», je suis «Cécile» et «j’ai une BPCO». Cette précision sémantique compte beaucoup. La sophrologie permet de gérer cette manière délétère de voir sa vie car un individu n’est pas défini par la maladie. Cette technique contrôle le stress que la BPCO induit et évite même de le ressentir.

Mon défaut est de ne rien laisser paraître. Je fais toujours comme si tout allait bien. Je ne veux pas inquiéter mes proches alors je souris et je masque toutes mes angoisses. Lorsque je demande de l’aide c’est que, physiquement, je suis à terre. Est-ce que j’adopte la bonne solution ? J’ai certainement un travail personnel à mener. Valérie

Une urgence de santé publique

Dans un contexte sanitaire marqué par la crise du COVID-19 qui a mis en avant les difficultés de prise en charge des patient(e)s atteint(e)s d’insuffisance respiratoire sévère, un grand débat national intitulé "Pour une action urgente et forte contre la BPCO", organisé le 20 novembre à 9h par les 5 organisations nationales de professionnels de santé et de patients engagées dans la lutte contre la BPCO ( BPCO Association, FFAAIR, Fédération française de Pmeunologie, Fondation du souflle, SPLF) et sous le patronage du Ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran, constituera un moment d’échange privilégié et inédit entre pouvoirs publics, représentants des patients et professionnels de santé, permettant de dresser un bilan de la prise en charge de cette maladie et de dessiner des solutions pour demain. évoquer les suites à donner au Livre Blanc « Faire de la BPCO une urgence de santé publique pour le quinquennat ». La rencontre marquera une étape de plus dans la lutte contre la BPCO.

Ouverture prochaine de la plateforme RespirAgora qui crée du lien entre les personnes vivant avec une maladie respiratoire.

La BPCO en quelques chiffres

En France   

  • Probablement plus de 3,5 millions de personnes, soit 6 à 8 % de la population adulte Française  
  • 3 % des décès en France
  • En 2030, la BPCO sera en France la 4ème cause de mortalité

En Europe 

  • 23 millions de personnes sont concernées par la BPCO dans l’Europe
  • La BPCO est la cause de 3,4 % des décès et de 1,3 % des hospitalisations dans l’UE, où elle a tué 230 000 personnes en 2008
  • Les coûts annuels de santé et de perte de productivité dus à la BPCO sont estimés à 48,4 milliards d’euros en 2008

Dans le monde

  • La mortalité par BPCO devrait doubler en 2020 par rapport à 1990  
  • D’après l’étude sur la charge mondiale de la maladie, la prévalence s’établissait à 251 millions de cas de BPCO au niveau mondial en 2016.
  • Plus de 3,17 millions de personnes sont décédées d’une BPCO en 2015, ce qui correspond à 5% de l’ensemble des décès survenus dans le monde cette année-là.

Source : OMS et Santé Respiratoire France

Pour aller plus loin

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com