Etendre la formation initiale infirmière à 4 ans est « une fausse bonne idée ». Cette solution, défendue notamment par le Conseil national professionnel infirmier (CNPI) comme l’une des pistes pour répondre aux exigences de la directive européenne fixant les volumes horaires tout en évitant d’alourdir la charge de travail des étudiants, n’est pas tout à fait du goût du Comité d’entente des écoles d’Infirmières et des écoles de cadres (CEFIEC). L’argument avancé dans un communiqué : imposer une année supplémentaire « entrainerait des effets délétères tant sur l’attractivité du métier que sur la réponse à la demande en soins et sur l’employabilité des infirmiers. »
Une formation qui permet déjà la professionnalisation
Le CEFIEC estime en effet qu’une quatrième année dite de « professionnalisation » comme l’imagine le CNPI n’offrirait en réalité aucune plus-value. « La formation en alternance intégrative sur 3 année garantit déjà la professionnalité dans l’emploi », avance-t-il. Une première année est dédiée à l’acquisition et au développement des savoirs fondamentaux et des techniques de soins, une seconde consacrée à l’approfondissement des savoirs indispensables à la pratique infirmière, à l’acquisition et au perfectionnement des techniques de soins ainsi qu’au développement du raisonnement clinique infirmier. La dernière est tournée vers l’appropriation du raisonnement clinique, soutenu par « un positionnement interprofessionnel et interdisciplinaire », et la capacité de s’intégrer de manière opérationnelle dans la construction d’un parcours de soin, détaille-t-il.
Les impacts d'une quatrième année n'ont pas été mesurés
Par ailleurs, elle entrerait en conflit non seulement avec le moment d’arrivée en poste des infirmiers diplômés mais aussi avec les formations dédiées aux spécialités anesthésistes (IADE) et de bloc opératoire (IBODE) et à la pratique avancée (IPA), qui donnent lieu à la délivrance d’un master, et avec la réingénierie de la spécialité puériculture (IPDE). Pour autant, telle qu’elle est pensée, la quatrième année conduirait uniquement à l’obtention d’un diplôme de grade Licence, qui ne bouleverserait donc pas le schéma classique Licence-Master-Doctorat. La question de la temporalité, elle, est plus délicate. Dans le cadre de l’universitarisation, une année supplémentaire pourrait ainsi inciter les étudiants à se diriger directement vers un master puis un doctorat, retardant d’autant plus leur arrivée dans les établissements, fait valoir le CEFIEC. Enfin, l’impact financier et social d’un allongement de la formation initiale sur les étudiants et leur famille, les employeurs ou encore les régions n’a pas été étudié.
Pour l’organisation, qui, rappelle-t-elle, a été longuement consultée dans le cadre des travaux sur la refonte du métier, maintenir la formation sur 3 ans tout en répondant à la nécessité d’augmenter son volume horaire est « possible ». La réflexion qu’elle indique avoir mené « a démontré que les 4 600 heures exigées par la directive européenne s’intègrent parfaitement à une formation licence en 3 ans réparties en 180 ECTS tout en garantissant les apprentissages et la qualité de vie des étudiants ». Et de souligner que, lorsqu’elle a présenté ses conclusions lors de ses Journées Nationales d’Étude 2023, aucune organisation professionnelle infirmière n’y avait marqué d’opposition.
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