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TFE - Le respect du secret professionnel à l'hôpital

Publié le 04/02/2016
infirmières couloir hopital

infirmières couloir hopital

En décembre 2015, Lydie Thonet, alors étudiante en soins infirmiers à l'Institut de Promotion Sociale de la Province de Liège en Belgique (promotion 2012-2015) a soutenu avec succès son travail de fin d'études sur la thématique suivante : « Le respect du secret professionnel à l'hôpital ». Elle souhaite aujourd’hui le partager avec la communauté d’Infirmiers.com et nous l'en remercions.

Dans son TFE, Lydie fait un état des lieux du secret professionnel à l'hôpital en région liégeoise.

Lydie débute ainsi son travail de recherche : « Le monde médical s'accorde à reconnaître le rôle fondamental du secret professionnel dans la qualité de la relation soignant-soigné. Le texte fondateur de la médecine occidentale, le serment d'Hippocrate, nous en donne dès l'antiquité grecque, une définition qui conserve toute son actualité : « Quoi que je voie ou entende dans la société pendant l'exercice ou même hors de l'exercice de ma profession, je tairai ce qui n'a jamais besoin d'être divulgué, regardant la discrétion en pareil cas comme un devoir ».

La signification et les enjeux du secret professionnel ont évolué avec la société. Il a ainsi acquis un caractère religieux au Moyen Âge, s'assimilant au secret de la confession, puis s'est acheminé au fil de l'histoire vers le caractère absolu qu'il possède encore aujourd'hui. Au fil du temps, un « arsenal » juridique et déontologique s'est développé afin d'encadrer au mieux sa mise en application. Ces dernières années, nous verrons qu'il s'est également assorti de certaines exceptions afin de mieux s'accorder à l'évolution des pratiques de soin. Cependant, force est de constater que le respect quotidien de ces règles s'avère bien plus complexe qu'il n'y paraît. En effet, les questions sont nombreuses : dans quel contexte des données anodines peuvent-elles être considérées comme secrètes ou confidentielles ? Peut-on respecter totalement l'anonymat des patients et est-ce souhaitable si c'est au détriment de la convivialité ? Quels sont les enjeux réels du secret dans notre société marquée par des mutations technologiques dont nous ne mesurons pas toujours l'impact ? Voici quelques questions, parmi une multitude d'autres, que je me suis posées en observant les situations auxquelles j'ai été confrontées au cours de mes études.

Les difficultés à respecter le secret professionnel et le devoir de confidentialité me sont apparues dès mon premier jour de stage, lors d'un échange dans un lieu public avec deux condisciples à propos de notre récente expérience. Après quelques minutes, nous avons réalisé que ceux-ci citaient le nom des patients que nous avions pris en charge. Nous avons dès lors pris conscience que le devoir de discrétion n'était, en dépit de notre volonté, pas aussi aisé à appliquer que nous l’imaginions. Pourtant, dans notre cursus d'études, dès les tout premiers temps, notre attention est attirée sur cet aspect de l'éthique et de la déontologie infirmière. Comment peut-on déroger aussi rapidement à la règle ? Qu'est ce qui peut amener à perdre de vue involontairement cet aspect important de notre profession ?

Plus tard dans mon parcours académique, je me suis trouvée confrontée à de nombreuses reprises à des attitudes qui ont alimenté mon questionnement sur le respect du secret professionnel en milieu hospitalier. Il m’a, par exemple, été demandé de laisser la porte du bureau infirmier ouverte lors des rapports de transmission. J’ai observé des dossiers grand ouverts dans les couloirs sans surveillance ou confiés au patient lors d’un examen hors du service. J’ai été témoin d’anamnèses pratiquées en chambre commune. « Viens voir comme on fait bien les anamnèses, ici ! » m’a glissé ironiquement à cette occasion une infirmière, en levant les yeux au ciel. J'ai également été interpellée par un aspect qu’il pouvait revêtir. De nombreuses anecdotes concernant le manque de confidentialité m'ont encore été relatées par des proches. De son côté, l'actualité rapporte régulièrement ce type de problèmes, vécus par des personnalités. Je citerai en exemple le suicide de l’infirmière en charge de la princesse de Cambridge, victime d'un canular fomenté par des journalistes australiens en recherche de scoop. Si cette histoire tragique reste très heureusement un fait d’exception, elle me semble révéler les conséquences dramatiques possibles d'un manquement aux règles. La diffusion dans la presse, dès le lendemain de l'accident de l'A320, d'extraits du dossier médical du copilote suspecté d'être à l'origine de ce tragique événement, pose de nouveau question. Qu’en est-il du respect de la confidentialité, lorsque les médias sont en mesure de révéler les éléments d’un dossier médical ?

L'objet de ce travail ne sera pas d'examiner les violations volontaires. Je vais plutôt me pencher sur les causes des divulgations mineures mais régulièrement observées, qui peuvent entacher le climat de confiance nécessaire à une prise en charge optimale des patients en milieu hospitalier. Suite à toutes ces constatations, il m'a en effet semblé utile d'essayer de clarifier la situation. Ce travail consistera à observer, sur un échantillon d'institutions hospitalières, les pratiques de terrain et les mesures préventives mises en place pour optimaliser cet aspect des soins. J'ai limité ce travail au contexte hospitalier, qui pose des problèmes spécifiques en matière de circulation des données et des personnes. Par ailleurs, il s'agit du cadre sur lequel se sont portées mes observations de départ. Le but est d'établir un « état des lieux » en vue de comprendre ce qui est en jeu et de tenter d'élucider les causes des pratiques interpellantes décrites précédemment ».

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Aurélie TRENTESSE  Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com  @ATrentesse


Source : infirmiers.com