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A voir - Ils ne boivent plus, ne se droguent plus, mais ils causent !

Publié le 06/03/2019
A voir - Ils ne boivent plus, ne se droguent plus, mais ils causent !

A voir - Ils ne boivent plus, ne se droguent plus, mais ils causent !

Ils ne boivent plus, ne se droguent plus, mais ils causent !

Ils ne boivent plus, ne se droguent plus, mais ils causent !

Une fiction en huit clos dont le déroulé fait penser à un documentaire, "Nos vies formidables", nouveau film de Fabienne Godet, mélange les genres et sort des sentiers battus, un peu comme les personnages de ce long métrage qui sort en salle le 6 mars. Des personnes abîmées par l’addiction réunies dans une même résidence pour se soigner, se reconstruire et retrouver leur chemin. Ils viennent de tous les milieux, ont des origines et des histoires bien différentes mais une chose les réunit tous : leur envie de s’en sortir.

Arrivant dans la résidence où elle va passer 10 semaines, Margot reste en retrait et solitaire. Il va falloir qu’elle réapprenne à vivre avec les autres.

Je suis venue pour me désintoxiquer, pas pour étaler ma vie, scande Margot, personnage central du film, en remballant rapidement ses affaires alors qu’elle vient à peine d’arriver dans la résidence pour commencer une cure de 10 semaines. Elle venait de participer à sa première table ronde. Le spectateur comprend vite que la jeune trentenaire, toxicomane et alcoolique bien qu’en recherche de rédemption, a du mal à vider son sac. D’ailleurs elle va faire et défaire ses bagages à plusieurs reprises tout au long du film, dans les moments de doute ou comme si elle avait peur de s’ouvrir à nouveau…

Le spectateur, comme le personnage principal, découvre un lieu où les gens s’écoutent mais ne se jugent pas

Le début du film paraît lent, un peu trop, puis on s’attache à ces vies brisées par la drogue, l’alcool, la solitude ou le sentiment de solitude. On se prend de sympathie pour Lisa, la jeune maman paumée si fière de son fils, pour César, la cinquantaine, ancien taulard qui a appris à ne jamais regarder le passé ou pour Zacharia la warrior grande gueule qui comprend qu’elle n’en est pas vraiment une suite au décès de sa grand-mère.

En fait, c’est peut-être voulu si le début de ce long métrage traîne un peu. Le spectateur évolue en même temps que l’héroïne qui paraît indolente lors de son arrivée. Quand l’infirmier lui demande de parler de sa consommation, elle répond sans détours, limite blasée : De l’alcool tout ce que je pouvais, des cachetons tout ce que j’avais sous la main. J’ai envie de vomir, j’ai mal partout. On sent la jeune femme distante, comme si elle n’était pas vraiment là. Puis il y a Jalil, le premier de la communauté avec qui elle sympathise, le premier qui lui tend la main en même temps qu’une cigarette. Lui, il veut échapper à sa dépendance pour retrouver sa famille surtout pour sa petite fille, c’est son leitmotiv.

Au fil des jours, au fil des échanges, des silences et des regards qui en disent long, Margot finit par s’ouvrir, par réussir à évoquer sa honte et surtout à l’exprimer. Elle parvient à arrêter de se poser en victime même si au fond elle en est une.

La prise de parole dans ces réunions respecte un protocole très strict, chacun disposant du même temps pour partager son vécu, ses difficultés et ses victoires aussi.

Un long travail en amont

De 2014 à 2016, Fabienne Godet a participé à des séances de groupes des Alcooliques et Narcotiques Anonymes afin de se documenter sur leur fonctionnement. Elle y découvre des personnes venant de tous les horizons sociaux-culturels. Le principe fort qui gouverne ces groupes est celui de l’identification à ceux qui ont réussi. Qui mieux qu’un malade alcoolique ou toxicomane rétabli peut comprendre un autre malade qui souffre encore ? La dépendance est une maladie où la relation à l’autre a été abîmée dès le départ. Mais si le lien aux autres est la source de tous les problèmes, ce lien est aussi la solution, explique-elle.

Au fil du temps, elle commence à prendre des notes et réalise des entretiens individuels. C’est en mélangeant des éléments de chaque histoire recueillie, des petites portions de vies, qu’elle réussit à recréer une petite vingtaine de personnages fictifs mais avec un passé plausible. Tous ces entretiens et ces rencontres sont autant de matière que j’ai amassée pour créer les personnages du film, raconte-elle. D’ailleurs, si le casting est très majoritairement composé d’acteurs, il y a une exception : celui du thérapeute qui est joué par un véritable professionnel du métier. Nous savions que nous allions faire des impros, et même si elles étaient très cadrées, ce personnage ne pouvait pas être joué par une personne n’ayant pas l’expérience réelle de la pratique de ce métier, argumente la réalisatrice. Lors du tournage, les séquences écrites, les scènes totalement improvisées ou les improvisations cadrées s’enchaînent, se succèdent et s’entremêlent.

Le résultat est crédible, sobre et émouvant, jamais ostentatoire ou cliché. Si le sujet est dur, les propos parfois violents, ce long métrage dégage un message positif. Les personnages vont devoir aller jusqu’au plus profond d’eux-mêmes pour trouver les origines de leur dépendance et réapprendre à être responsable, à ne plus cacher ni se cacher. Le but exprimé par les personnages :  sortir avec son diplôme de gens normaux.

NOS VIES FORMIDABLES
Date de sortie 6 mars 2019
Durée : 1h 57min
De Fabienne Godet  
Distributeur : Memento film

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com