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AU COEUR DU METIER

Vers une plus grande autonomie des infirmiers en matière de vaccination

Publié le 25/04/2017
vaccin bras vaccination

vaccin bras vaccination

À l’occasion de la Semaine mondiale de la vaccination (24-30 avril), le Conseil international des infirmières (CII) plaide pour que les infirmiers1 acquièrent davantage d’autonomie dans le domaine de l’administration des vaccins. Un souhait partagé ici en France notamment par l'Ordre national des infirmiers et les infirmiers libéraux.

Le CII plaide pour un rôle élargi des infirmiers en matière de vaccination

La vaccination, qui fait partie des domaines d’action prioritaire du Conseil international des infirmières (CII), est considérée comme l’un des moyens les plus efficaces pour garantir la sécurité sanitaire au niveau mondial : elle permet en effet de prévenir près de trois millions de décès chaque année. Investissement des plus rentables dans le domaine de la santé, la vaccination peut être assurée de manière efficace au profit même des populations particulièrement difficiles à atteindre. Cependant, le CII rappelle que la couverture vaccinale au niveau mondial reste lacunaire, l’accès aux vaccins étant limité dans de nombreuses régions à faible revenu et isolées. Et de souligner que les progrès vers un accès équitable à la vaccination sont d’une lenteur préoccupante. Quant aux pays riches, où les vaccins sont largement disponibles, la vaccination y est parfois rejetée par manque d’information ou sous l’effet de la désinformation, de la peur et de la méfiance. Une récente campagne du ministère des Affaires sociales et de la Santé lancée à l'occasion de cette semaine d'information et de sensibilisatioon à la vaccination, souligne qu'en France, près d'une personne sur cinq (19%) estime ne pas être à jour de ses vaccinations aujourd'hui. Pour le CII, tous ces facteurs affectent dangereusement l’efficacité des programmes de vaccination et constituent une menace pour la santé mondiale.

Géré par des infirmières et à l’avant-garde de la profession au niveau international, le CII plaide pour des soins de qualité pour tous et pour des politiques de santé solides, partout dans le monde.

Il est évident que le rôle joué par les infirmiers en appui à ce grand sujet de santé publique que constitue la vaccination est crucial et ce, à plusieurs titres : administrer les vaccins, informer les usagers, les familles et les communautés pour améliorer leurs connaissances sur la vaccination, sa finalité et ses modalités et à plaider pour que les groupes à risque accèdent plus facilement aux vaccins. Pour le CII, les infirmiers chargés de la conception et de la prestation des services de soins de santé garantissent le succès des programmes de vaccination en les intégrant à d’autres services de santé, notamment les soins post-partum prodigués aux mères et à leurs bébés, et en œuvrant au renforcement des systèmes sanitaires de telle sorte que la vaccination se poursuive même en temps de crise. Autre argument avancé : le fait de soutenir et de renforcer le rôle des infirmiers dans le déploiement des programmes de vaccination favorise la lutte contre la résistance aux antimicrobiens en autorisant un meilleur contrôle du suivi des prescriptions et en limitant le recours inutile aux antibiotiques en cas de maladie évitable.

Environ 116 millions d'enfants dans le monde reçoivent les vaccins de base chaque année. Mais 19,4 millions d'enfants n'en bénéficient toujours pas. Près de 60% de ces enfants vivent dans 10 pays.
Organisation Mondiale de la Santé

Dans un article paru récemment dans l’International Journal of Nursing Studies, le Dr Frances Hughes, Directrice générale du CII, et le Dr Judith Shamian, Présidente du CII, entre autres co-auteurs, demandent aux gouvernements et aux organismes décisionnels de comprendre que l’inclusion des infirmiers dans leurs délibérations n’est pas seulement « une bonne idée », mais surtout « un impératif » étant donné la somme de connaissances et d’expérience pratique que les infirmières apportent à cette question d’une actualité brûlante.2

Les infirmiers sont aussi en mesure de faire pression sur leurs gouvernements et de mener campagne pour l’adoption de politiques de santé propices à la disponibilité et à l’utilisation des vaccins au niveau des pays, pour favoriser ainsi l’émergence de pratiques plus efficaces au niveau des systèmes de santé dans le monde entier. Cependant, comme le rappelle le CII, une forte proportion d’infirmiers au niveau international indique manquer d’autonomie s’agissant de la capacité d’administrer des vaccins aux populations ciblées. La tâche est beaucoup trop souvent réservée aux médecins , parfois même aux pharmaciens , ce qui a pour effet de limiter considérablement la capacité des infirmiers d’atteindre les communautés.

Les infirmiers sont parfaitement formés et compétents pour effectuer toutes les vaccinations sur prescription médicale

Le point de vue des infirmiers français…

A l'automne dernier, dans le cadre de la grande concertation citoyenne sur la vaccination , l'Ordre national des infirmiers rappellait que les infirmiers sont parfaitement formés et compétents pour effectuer toutes les vaccinations sur prescription médicale. De surcroît les infirmiers libéraux sont les professionnels de santé de premier recours les plus nombreux et les seuls quasiment à encore se rendre au domicile des patients et disposant de cabinets de soins adaptés. Il invitait alors les infirmiers à se faire entendre sur le sujet.

Très récemment, à l'occasion de la campagne présidentielle 2017, le Syndicat national des infirmiers libéraux (Sniil) rappelait que la limitation du droit à vacciner était un frein au bon accomplissement du rôle infirmier, notamment face aux grands défis de demain en termes de santé publique. En effet, chaque vaccination chez le médecin engendre actuellement 23€ de remboursement de consultation  médicale pour l’Assurance Maladie. Or, ce tarif est très nettement supérieur à celui de l’acte infirmier de vaccination (entre 4,5€ et 6,3€)… qui est luimême parfois carrément gratuit puisque compris dans une séance de soins infirmiers. Le Sniil souligne qu'un simple ajustement par décret ministériel permettrait une modification de l’article R4311-1 du Code de la Santé Publique, définissant le rôle propre infirmier, et qui permet déjà « la participation » des infirmières « à des actions de prévention, de dépistage, de formation et d’éducation à la santé ».

Notes

  1. Lire partout infirmiers/infirmières
  2. ME Ellen et al. (2017). “How nurses can contribute to combating antimicrobial resistance in practice, research and global policy”, Int. J. Nurs. Stud.

Pour en savoir plus

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com