Il ne vous a pas échappé que hier, dimanche 15 juillet 2018, se jouait la Finale de la Coupe du monde de football et que la France a vaincu la Croatie... Pendant les 90 minutes du match puis des festivités qui ont suivi, certains supporters trop enthousiastes ont fini aux urgences... Alexis, dans une nouvelle chronique de "son couloir" nous le raconte. Cap sur la chambre 170 et comme on le dit trop souvent : "I will survive !"
Dans le couloir…
Aide-soignant diplômé en 2013, Alexis il a toujours exercé à l'hôpital. Je prends plaisir à être le spectateur assidu de mes meilleurs acteurs : les patients et le personnel soignant. Ce contact me permet d'apprendre beaucoup sur l'humain, ses travers parfois, les cultures du monde, les difficultés du quotidien... Cet apprentissage de la vie, j'en garde une trace depuis cinq ans. Dans un carnet qui me sert d'exutoire, je relate des anecdotes professionnelles. Depuis, j'essaie de formaliser cela sur un support accessible et ludique. C'est ainsi que j'ai créé une page Facebook sur laquelle je délivre régulièrement une histoire courte. Parfois humoristiques, parfois touchantes, elles sont le reflet du quotidien d'un aide-soignant travaillant à l'hôpital. Pourquoi avoir choisi comme nom "Dans le couloir" me direz-vous ? A la fois une entrée et une sortie, cet élément anodin d'un service représente le passage et c'est, à mon sens, l'essence même de l'hôpital. Passeur d'âmes et passeur d'histoires je souhaite faire découvrir ce monde troublant
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Découvrez Alexis et son message lors de la Journée internationale de l'aide-soignant le 26 novembre 2017.
Chambre 170
Le football, c'est une histoire de coupe et de ballon, toutefois, les soirs de match, au lieu de mouiller le maillot, certains lèvent plutôt des coupes de champagne et des verres ballon ! Résultat, pour le supporter éméché, la troisième mi-temps se termine souvent aux urgences où il se retrouve encadré par une escorte policière agitant son carton rouge pour faute. Inutile de botter en touche pour se sortir de ce mauvais pas, le nouvel arbitrage vidéo ne saurait que corroborer la scène pour remettre le fautif dans ses buts. De toute évidence, lorsque l'on est enfant de la balle, mieux vaut taper dans le ballon que souffler dedans !
L'ambiance est particulière dans la salle d'attente des urgences. Au lieu d’être rivés sur le panneau d'affichage, tous les yeux sont braqués sur le poste de télévision. Habituellement grands ordonnateurs de l'info en continu, les vieux tubes cathodiques hypnotisent toute l'assistance en diffusant aujourd'hui tout autre chose que des nouvelles du monde. En effet, c'est soir de match et pas de n'importe quel groupe, non, c'est l'équipe nationale qui joue sur le terrain. Alors, pendant quatre vingt-dix minutes, oubliés les douleurs abdominales, les bras et jambes cassés, l'ongle décollé qui picote... Ce soir, nos patients en oublient presque leurs maux et ont tous en commun un seul organe qui vibre : le cœur.
Monsieur S. et Monsieur I. arrivent en même temps dans leurs boxes de consultation respectifs. Le premier a tout du supporter « fatigué » par des encouragements harassants. Tee-shirt détrempé, regard brillant, chantant à tue-tête et ayant découvert les subtilités d'un nouveau langage très imagé... Son allure contraste avec les deux gorilles policiers qui l'entourent, impassibles : pas de doute, il n'y a pas que le ballon qui est rond ! L’éthylotest que nous brandit l'un des gardiens de la paix confirme nos doutes, les couleurs affichées sont loin d'être tricolores...
De toute évidence, lorsque l'on est enfant de la balle, mieux vaut taper dans le ballon que souffler dedans !
Malgré son état, Monsieur S. le sait, après avoir bu sa liqueur il va se ramasser une belle prune ! Ce n'est pas tant son taux d'alcoolémie à proprement parler qui l'a précipité dans le panier à salade, mais c'est plutôt le fait d'avoir uriné allégrement sur le fourgon cellulaire. Pour cet homme, mécanicien de profession, faire une vidange, en tout temps, en tout lieu, ce devrait être pourtant une qualité mais son talent n'a semble-t-il pas été apprécié à sa juste valeur par les agents de police.
Le second, Monsieur I. est tout aussi bouillant. Mais c'est pour une autre raison. Au moment où l'équipe de France marquait son premier but, le fervent patriote a tellement sauté de joie que la friteuse s'est renversée sur lui... Et 1, et 2 et 3... degrés de brûlure, sur les cuisses et les mains avec, en prime, sa tenue « bleu-blanc-rouge » intimement collée à la peau ! Lorsque l'ustensile a chuté, projetant l'huile sur le corps, il n'y a malheureusement pas eu « la main de Dieu ».
On ne dirait pas comme ça, mais le football, c'est dangereux ! Alors, en définitive, un soir de match, mieux vaut être beurré que huilé ! I will survive !
Dans le couloir - Pensées d'un aide-soignant - Dimanche 15 juillet 2018
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