Réduction des passages aux urgences pédiatriques et accompagnement des familles : la consultation de puéricultrices hospitalières dans le service de néonatalogie du CHU d'Orléans a fait ses preuves et ne demande qu'à être reconnue et élargie. Explications.
Les consultations assurées par des puéricultrices sont actuellement mises en avant, notamment dans le cadre de la mission parlementaire de la députée Michèle Peyron concernant la Protection Maternelle et Infantile (PMI). Ce rapport, attendu pour janvier 2019, semble se diriger vers une demande de valorisation et de remboursement des consultations de puéricultrices afin de mobiliser au mieux les compétences des professionnels. La plateforme Assurer l’avenir de la PMI
s’est également positionnée favorablement à ce sujet, y compris dans le cadre des consultations obligatoires de l’enfant avant 6 ans.
Mais la consultation de puéricultrice ne se limite pas à la PMI. Elle est notamment présente dans le secteur hospitalier pour répondre aux besoins de conseils et d’accompagnement spécifique des parents. A Orléans, l’équipe de néonatalogie a ainsi mis en place depuis 6 ans des consultations de puéricultrice au sein même du service. Initialement prévue pour la réalisation d’actes techniques tels que les bilans sanguins, elles se sont peu à peu développées devant l’engouement suscité par cette démarche. Le développement du projet a été rendu possible grâce à la mobilisation de l’ensemble du service, y compris l’encadrement. Une réflexion a été porté sur le financement de ces consultations pour aboutir aujourd’hui au financement d’un mi-temps réservé aux consultations, et à une cotation AMI
par les infirmières puéricultrices. Réservées initialement aux nouveau-nés ayant été hospitalisés dans le service de néonatalogie, elles ont été progressivement ouvertes aux familles sortant de maternité et rencontrant une problématique spécifique : allaitement difficile, faible prise de poids du nourrisson, ictère important durant le séjour à la maternité nécessitant un suivi…
Diminuer le nombre de passages aux urgences et accompagner les familles
L’objectif principal de ces consultations est finalement de diminuer le nombre de passages aux urgences des nouveau-nés hospitalisés précédemment dans le centre hospitalier, en néonatalogie ou uniquement durant le séjour en maternité. En effet, devant les difficultés d’accès à un pédiatre, voire à un médecin généraliste pour leur enfant, les parents se rendent plus facilement aux urgences. Pourtant, il s’agit bien souvent de motifs de puériculture. Les consultations de puéricultrices répondent alors à une vraie demande, et à un vrai besoin.
Pour permettre l’organisation de ces consultations, six infirmières puéricultrices du service de néonatalogie réalisent chacune une semaine de consultations sur quatre jours. Un roulement est mis en place de cette façon. Le premier rendez-vous provient systématiquement d’une orientation médicale par le pédiatre. Durant la consultation, l’infirmière puéricultrice est en autonomie et va faire le point sur le vécu de l’hospitalisation pour la famille ainsi que les éventuelles difficultés rencontrées depuis la sortie et le retour à domicile.
Pour permettre l’organisation de ces consultations, six infirmières puéricultrices du service de néonatalogie réalisent chacune une semaine de consultations sur quatre jours.
Une réelle autonomie mobilisant les compétences des puéricultrices
Les infirmières puéricultrices du service ont mis en place un déroulé type de consultation sur lequel elles peuvent s’appuyer, prenant en compte notamment des mesures telles que le poids, la taille, le périmètre crânien, mais aussi plus largement l’état général de l’enfant et son développement, son alimentation, le sommeil… C’est également l’occasion de rappeler certains conseils comme la prévention de la mort inattendue du nourrisson ou encore du syndrome du bébé secoué. En fonction des enfants, la consultation peut donner lieu à un bilan sanguin si une prescription médicale existe, à un suivi plus particulier si le retour à domicile s’est fait avec un appareillage (oxygène, sonde gastrique…).
Enfin, les coordonnées du centre de Protection Maternelle et Infantile (PMI) le plus proche sont données systématiquement et un lien avec les professionnels de PMI est fait si nécessaire. De plus, deux rencontres ont lieu annuellement pour favoriser le travail inter-sectoriel. Le travail avec le réseau périnatalité local est également important.
Ce sont les infirmières puéricultrices qui vont ensuite fixer, selon leur évaluation clinique, les prochaines dates et la fréquence des consultations. De même, si nécessaire, elles peuvent orienter l’enfant et la famille vers un autre professionnel de santé, une psychologue ou encore une assistante sociale.Toutefois, si un problème médical est découvert ou suspecté, un pédiatre du centre hospitalier se rend disponible immédiatement.
Les consultations menées par les infirmières puéricultrices sont l’occasion de rappeler certains conseils comme la prévention de la mort inattendue du nourrisson ou encore du syndrome du bébé secoué.
Des initiatives locales qui doivent être reconnues et élargies
Les infirmières puéricultrices sont mobilisées sur leurs différents secteurs d’activité pour répondre aux besoins du terrain, et pour faciliter l’accès aux soins de l’enfant. Elles sont alors bien souvent en autonomie et mettent à profit leurs compétences professionnelles acquises en spécialité. Mais cette autonomie questionne, puisqu’en fonction des secteurs d’activités et des lieux d’exercice, les responsabilités ne seront pas les mêmes et la valorisation de leur activité sera différente, voire inexistante. Il apparaît donc urgent d’adapter le cadre réglementaire pour offrir une vraie sécurité aux professionnels mais surtout pour permettre de développer ces pratiques, vectrices d’un accès aux soins simplifiée et d’un parcours de santé fluidifiée.
Alors que la réingénierie de la formation IPDE n’est pas finalisée , l’occasion est bien présente de mener de front ces deux dossiers afin d’envisager sérieusement l’évolution de la spécialité et du parcours de santé de l’enfant.
Nous remercions Mme Rousseau Landragin, cadre de santé, et Mme L’Heudé, IPDE, du service de néonatalogie d’Orléans, pour leur participation à la rédaction de cet article.
Charles EURY Infirmier puériculteur, président de l'ANPDEeury30@gmail.com
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