Un accès aux professionnels de santé libéraux en moins de 15 minutes

Environ 95% de la population de France métropolitaine a accès aux soins dits "de proximité" assurés par les médecins généralistes, chirurgiens-dentistes, infirmiers et masseurs-kinésithérapeutes libéraux en moins de 15 minutes, selon un état des lieux au 1er janvier 2007 publié le 6 juin dernier par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees).

Cette étude, réalisée à partir de travaux de l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé, porte sur l'accessibilité spatiale aux soins, mesurée grâce à la "proximité immédiate", entendue comme la distance à parcourir pour la population de chaque commune pour accéder au service recherché le plus proche.

L'Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) et la Drees montrent que l'accès aux soins dits "de proximité", englobant les principaux professionnels de santé libéraux, est "globalement bon" en dépit d'inégalités d'accès persistantes pour les spécialités les plus courantes comme les plus rares.

Ainsi, moins de 1% de la population vivant dans 4% des communes, soit environ 600.000 personnes, se situait en 2007 à plus de 15 minutes de trajet d'un médecin généraliste. Sont concernées les zones "essentiellement rurales ou montagneuses", selon l'étude qui cite notamment la Corse (11% de la population à plus de 15 minutes d'un généraliste), Champagne-Ardenne (2%) et l'Auvergne (1,5%).

Pour les trois quarts de la population, les spécialistes libéraux les plus proches sont les ophtamologues et les radiologues (17 minutes), devant les cardiologues (18 minutes), les gynécologues et les dermatologues (19 minutes), les psychiatres (20 minutes), les pédiatres (21 minutes), les oto-rhino-laryngologues (ORL), les gastro-entérologues et les rhumatologues (environ 22 minutes), les pneumologues (25 minutes) et les urologues (32 minutes).

Les plus grands temps d'accès ont été observés pour les populations de Corse, Limousin, Bourgogne et Auvergne, où 20% des habitants se situent à plus de 30 minutes du spécialiste le plus proche par la route.

Les auteurs de l'étude soulignent que 95% de la population peut accéder à un service de chirurgie orthopédique ou digestive, d'hépato-gastro-entérologie, de cardiologie, de néphrologie ou de pneumologie en moins de 45 minutes, voire en moins de 25 minutes pour 75% de la population.

Les équipements matériels lourds de type IRM ou scanner se situent en moyenne à moins de 20 minutes par la route, contre 31 minutes pour les caméras à scintillation et 46 minutes pour les tomographes à émission de positons.

L'analyse de l'évolution de l'accessibilité spatiale dans le temps montre qu'entre 1990 et 2007, les distances se sont réduites pour les spécialités les plus rares et pour les chirurgiens-dentistes, et très légèrement allongées pour les généralistes, pédiatres et psychiatres ¹.

S'agissant des soins hospitaliers, la Drees avait relevé en février que près de la moitié des patients sont hospitalisés à moins de 20 minutes de leur domicile selon des données du PMSI-MCO de 2008.

Les auteurs observent que "les problèmes d'accessibilité géographique concernent pour l'instant des micro-zones du territoire", et considèrent qu'il reviendra aux agences régionales de santé de prendre des décisions locales pour régler ces difficultés, tout en relevant que "les zones les plus éloignées sont souvent situées sur les frontières régionales ou départementales, ce qui plaide alors pour une approche interrégionale".

Distances et temps d'accès aux soins en France métropolitaine, Etudes et résultats n°764, 7 juin 2011

Note

1. NDLR : La distance d’accès aux radiologues (6 km en moyenne en 2006) et aux infirmiers (0,9 km en moyenne en 2006) est restée quasiment stable malgré
une forte augmentation des effectifs sur la période (+43 % pour les infirmiers et +28 % pour les radiologues).