Plus de 2 Français sur 3 sont convaincus des bienfaits des médecines alternatives et complémentaires d’après le récent sondage Odoxa sur le sujet. Si les professionnels de santé sont un peu plus réticents quant à leur usage, ils pensent tout de même qu’elles ont un effet bénéfique sur les patients… à une exception près : l’homéopathie. En ce qui concerne l’usage d’internet les Français comme les soignants sont persuadés que les fausses informations qui y circulent peuvent être néfastes pour la santé !
Ostéopathie, acupuncture, sophrologie, hypnose, méditation, homéopathie… la perception des médecines alternatives et complémentaires n’est pas tout à fait la même pour la population générale ou pour les professionnels de santé. En effet, si 68% des Français sont convaincus de l’efficacité de ces thérapies comme 66% des soignants et 56% des médecins, l’homéopathie reste un sujet à part étant donné que 72% des Français y croient contre 49% des professionnels de santé et seulement un tiers des médecins. C’est ce que révèle le récent sondage Odoxa1.
De manière générale, les soignants sous-estiment le recours de leurs patients à l’homéopathie. Ils supposent qu’en moyenne 28% des patients en font usage alors qu’en réalité ils sont plus de la moitié à le faire. Ils sont en revanche assez proche de la réalité en ce qui concerne les autres médecines complémentaires (30% selon leurs estimations contre 35% en réalité). Cette exclusion des professionnels de santé pour l’homéopathie se remarque dans leurs recommandations : seulement un tiers des soignants l’on déjà préconisée alors qu’ils sont deux fois plus nombreux à le faire pour les autres thérapies alternatives. Apparemment, 41% des médecins prescrivent de l’homéopathie sans croire à une quelconque efficacité mais en misant sur l’effet placebo.
Les Français, comme les professionnels de santé, sont d’accord sur le fait que leur formation est trop axée sur les médicaments conventionnels
Les professionnels de santé pas assez formés aux médecines non conventionnelles ?
Cette frilosité à recommander ces médecines complémentaires et l’homéopathie en particulier pourrait-il s’expliquer par une méconnaissance des soignants pour ce type de thérapies ? C’est possible car, d’après le sondage, les deux tiers d’entre eux n’ont jamais suivi de formation sur le sujet. Il est également possible que ce soit les Français qui manquent d’informations. C’est probable aussi puisqu’une nette majorité des sondés avoue n’avoir aucune connaissance précise sur l’homéopathie. S’ils l’utilisent malgré leur ignorance relative c’est parce qu’ils sont convaincus qu’elle est sans danger pour la santé. Cela ne signifie pas pour autant que la plupart des Français auraient moins confiance dans la médecine traditionnelle, ni même qu’ils jugeraient ces traitements plus efficaces. « Il y a une différence entre alternative et complémentarité », affirme Gille Duhamel de la chaire Santé de Science Po. En effet, de nombreux patients ont recours à ces thérapies de façon complémentaire pour pallier les effets secondaires des traitements conventionnels.
Les Français ne sont pas obscurantistes mais ont une méfiance vis-à-vis des vaccins
En effet, 9 Français sur 10 affirment avoir confiance en la science et la médecine. Ils sont toutefois plus mitigés en ce qui concerne les vaccins (un tiers s’en méfient) et les antidépresseurs (33% seulement d’avis favorables).
De même, 63% des sondés jugent que l’allopathie est plus rassurante que l’homéopathie. Ils sont 86% à souligner qu’elle est plus scientifique et 82% pensent qu’elle est plus contrôlée. Plus important encore, les Français sont 90% à estimer que la médecine conventionnelle est la plus efficace pour soigner les maladies graves. Néanmoins, ils sont aussi 63 % à penser que l’homéopathie est plus pertinente pour soigner les maladies bénignes et qu’elle est moins nocive pour la santé à long terme (81%).
Pire encore, près de 3 Français sur 10 ont été capables de refuser un traitement prescrit ou profit d’une thérapie alternative (homéopathie ou autre). Si les professionnels de santé ont déjà rencontré ce type de patients ils sous-estiment nettement leur nombre (ils pensaient que cela ne concernait que 10% des patients). Soigner correctement, c’est partager les informations sans jugement. Or l’homéopathie étant en auto-distribution, les soignants sont par conséquent moins impliqués
, souligne Phillipe Denormandie médecin et directeur des relations publiques et médicales du groupe Nehs.
Internet et les réseaux sociaux : le nerf de la guerre
Les Français comme les soignants estiment qu’internet et les réseaux sociaux jouent un rôle néfaste pour la santé en véhiculant de fausses informations et en contestant les vérités scientifiques. Pourtant un sondé sur deux pense qu’il est facile de trouver des renseignements fiables sur les médecines complémentaires sur internet. Cela reste une pratique fréquente pour recueillir des avis afin de soigner une affection. La moitié des Français l’aurait déjà fait.
En toute logique, ils ont aussi recours à internet pour rechercher des solutions à base d’homéopathie ou autre thérapies alternatives (37% des participants interrogés). Mais où cherchent-ils ? Apparemment, les patients placent au même niveau des sites animés par des professionnels de santé et les forums. Toutefois, ils sont 6 sur 10 à consulter aussi des sites gouvernementaux ou en lien avec le ministère de la santé. Pour Pascale Sauvage, Directrice d’ASIP Santé, il est important de garantir un espace de confiance pour que le grand public ait accès à des informations fiables et accessibles. Après les forums entre patients ne sont pas une mauvaise chose. Il existe aujourd’hui des patients experts
. Pour Philippe Denormandie, le problème est plus vaste : il faut changer de paradigme à propos de la médecine traditionnelle. Il faut examiner le service rendu au patient par rapport à sa vie quotidienne. Les médecines alternatives et complémentaires permettent d’ouvrir ce sujet
.
Et vous quelle est votre position sur le sujet ? L’homéopathie peut-elle remplacer l’allopathie pour les maladies bénignes ? L’hypnose et la méditation peuvent-elle être une alternative aux traitements conventionnels ou sont-elles simplement complémentaires ?
Note
- Ce sondage Odoxa repose sur les réponses apportées par un échantillon de 995 Français et 515 professionnels de santé (dont 290 médecins, 148 infirmiers, 41 pharmaciens et 26 aides-soignants). Les participants ont été interrogés entre fin décembre 2018 et début janvier 2019.
Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com @roxane0706
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