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Salon Infirmier 2012 : en direct du stand K8-K10 – 1er jour

Publié le 24/10/2012

Ça y est ! La grand-messe annuelle des infirmières a débuté ce matin Porte de Versailles, à Paris, et l’on peut dire que c’est vraiment l’année de toutes les attentes professionnelles... Conditions de travail, salaires, universitarisation de la formation initiale, réingénierie des spécialités, filière doctorale en sciences infirmière, Ordre infirmier... les sujets qui posent question ne manquent pas et ce n’est pas la visite du ministre des Affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine, et du discours qui l’a accompagnée, qui ont donné des réponses précises à la profession... Infirmiers.com présent sur le salon, vous livre quelques éléments clés de cette première journée du Salon infirmier 2012, 25e édition du genre !

Sur le stand d’Infirmiers.com...

Dès l’ouverture du Salon, à 9 heures, les visiteurs sont nombreux. Ils se pressent à l’accueil pour récupérer leur badge, sésame indispensable pour aller à la rencontre des exposants : établissements de santé, associations professionnelles, syndicats, assureurs, éditeurs, médias professionnels et parmi eux, Infirmiers.com et ses sites satellites dédiés à l’information (aide-soignant.com et cadredesante.com), l’emploi (EMPLOI Soignant), la e-formation (MEDI Formation) et l’équipement (IDE Collection). Infirmières, infirmiers, spécialisés ou non, étudiants en soins infirmiers, ils sont donc très nombreux à venir découvrir les différentes offres proposées sur le stand et à les commenter. Ils connaissent tous pour la plupart infirmiers.com qu’ils consultent régulièrement, souvent le week-end quand ils ne travaillent pas, ou dont ils reçoivent les dernières publications par le biais de leur page facebook ou de leur smartphone. Beaucoup de commentaires également sur la boutique infirmière que les soignants fréquentent assidûment à la recherche de l’accessoire « indispensable » ou complètement « superflu » mais si « fun » !

Invités à remplir un « questionnaire-minute » sur leur connaissance des différents sites, les visiteurs s’y sont appliqués avec l’espoir que leur nom soit tirés au sort à 16 heures... Six d’entre eux ont donc gagné quelques gadgets à la fois utiles et agréables... clés USB, pinces kocher porte-clés : Lucie Prieur, Anna Ythier, Alexandra Reme, Émile Fongueuse, Alberte Mondesir et Angèle Gwladyd.

Les étudiants en soins infirmiers, nombreux en cette première journée, ont souligné quant à eux l’intérêt de la navigation sur infirmiers.com. Quant au forum, c’est l’élément jugé  « indispensable » pour mettre en lien la communauté et la faire progresser. De nombreux enseignants d’Ifsi nous ont également dit « conseiller à leurs étudiants de consulter le site car ils le trouvent très complet, tant au niveau ressources documentaires qu’articles d’actualité nécessaires à tous ».  Une cadre de santé Belge, qui ne connaissait pas le site, a bénéficié d’une visite rapide en quelques clics. Son propos est rassurant : «  elle recommandera le site en Belgique ! ».

De jeunes infirmiers diplômés de juin 2012 ont partagé avec nous leur désarroi de ne pas trouver de postes actuellement dans leur région rouennaise et d’être donc « au chômage ». En cause, les réductions de budgets hospitaliers, les contrats intérim inexistants, c’est plutôt l’heure de l’angoisse... Un directeur de soins de la région parisienne quant à lui nous a confié « recruter normalement » et trouver des candidats. Chacun cherche ou trouve sur EMPLOI Soignant, où offres et demandes se côtoient... Comprenne qui pourra, l’année 2012 est de fait bien curieuse pour l’emploi des infirmiers...

Du côté de la formation, le catalogue MEDI Formation et son offre en e-learning a suscité de l’intérêt des infirmiers eux-mêmes qui ont souvent, faute de temps, des difficultés à se former, mais aussi des enseignants en Ifsi qui soulignent la réelle valeur-ajoutée de ce nouveau mode de formation qui, sur des thèmes précis et précieux  - Alzheimer, douleur, transfusion... - « permettent de renforcer la formation présentielle classique en apportant à chaque étudiant le soutien juste nécessaire ».

Du côté du ministère des Affaires sociales et de la santé...

Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, a souhaité marquer de son empreinte cette 25e édition du Salon Infirmier. Elle était attendue par l’ensemble de la profession et par les différentes organisations professionnelles, institutionnelles, associatives ou syndicales, consultées récemment sur leurs problématiques propres, quand elles ne sont pas conjointes, tant est forte en ce moment la grogne, voir l’exaspération à tous les niveaux professionnels. Les conditions de travail sont dégradées, la qualité des soins en pâtit, les soignants sont épuisés, les différentes spécialités infirmières (Iade, Ibode, cadre de santé, puéricultrice) sont en cours de réingénierie de leur formation, les étudiants en soins infirmiers vivent un passage à la licence assez délicat avec un programme qui doit être évalué, l’universitarisation et la création d’une filière en sciences infirmières sont réclamées, l’entrée sur le marché du travail n’est pas évident - il y a cette année du chômage chez les nouveaux diplômés ! - et l’éternel sujet ordinal continue à faire des remous, faute de ne pas voir de ligne directive ministérielle claire à son sujet... A la veille du Salon Infirmier, chacun y était allé de son communiqué à l’attention de la Ministre, voire de sa lettre ouverte, pour attirer son attention sur l’état critique de la profession et son attente forte en terme de valorisation et de reconnaissance... C’est ainsi que 7 syndicats et associations professionnelles1 se sont exprimés pour que « justice soit rendue à l’ensemble de notre filière (…) dans le but d’obtenir une réelle reconnaissance du rôle et de la place des infirmières dans le système de santé français, d’améliorer les conditions de vie des professionnels de la filière tous grades et spécialités confondus, de défendre leurs droits et leurs intérêts moraux, tant collectifs qu’individuels ». Du côté des infirmières de bloc opératoire, même démarche, l’AEEIBO et l’Unaibode demandent « que l’on tienne compte des évolutions de la chirurgie pour plus de sécurité dans les blocs opératoires (…) et proposent une formation adaptées à l’évolution du métier, en 4 semestres, au grade de Master laissant une possibilité de stage dans l’établissement ou futur établissement de l’élève.» L’Unaibode et l’Aeeibo "demandent le règlement rapide d’une « urgence sanitaire " qui met en jeu la sécurité des patients et la qualité de la chirurgie tout comme la Ministre vient de se préoccuper récemment du temps de repos des internes, par exemple ». L’Ordre national des infirmiers avait également interpellé la ministre à plusieurs reprises et très récemment sur la nécessité d’un dialogue constructif qui reconnaisse ses missions et en assure sa pérennité...

Face à ces problématiques aussi nombreuses que précises, le discours de Marisol Touraine était donc ardemment attendu. Autant dire tout de suite que la déception a été à la hauteur des attentes... En effet, durant une vingtaine de minutes, c’est un discours de surface qui a été égrené par la ministre alors qu’il avait pourtant bien commencé : « Vous êtes la première profession en termes d’effectifs. Vous êtes également présents à tous les niveaux de l’offre de soins et vous exercez dans de très nombreux secteurs d’activité : la diversité de vos profils et de vos compétences est un élément essentiel de la richesse et de l’efficacité de notre système de santé. Unanimement appréciés par vos patients, vous exercez aujourd’hui dans des conditions éprouvantes. » Et de poursuivre : « Votre salon est pour moi l’occasion de renouer le lien, qui a trop souvent été distendu ces dernières années, entre les pouvoirs publics et les infirmiers : je tiens aujourd’hui à saluer l’excellence de votre travail, qui apporte tant, chaque jour, à la qualité de notre système de soins. »
Marisol Touraine a ensuite placé son discours sous le signe du futur : « nous améliorerons les conditions de travail des infirmiers », « nous rénoverons le dialogue social », « nous bâtirons un parcours personnalisé des carrières à l’hôpital », « nous valoriserons des transferts d’activité entre les professionnels de santé », « nous réorganiserons les soins de proximité »... A la clé peu d’éléments concrets qui viendront impacter directement, rapidement et positivement le quotidien des soignants.

Marisol Touraine s’est montrée néanmoins plus précise sur deux sujets particuliers, et pas des moindres.

- Sur la nécessaire adaptation des formations des professions paramédicales, la ministre a rappelé que « tout en préservant le caractère professionnalisant de vos études, l’intégration à l’université offre une perspective intéressante. (…) Votre diplôme est aujourd’hui reconnu par les Universités : l’année 2012 a été marquée par la première promotion de diplômés d’Etat, élevés au grade de licence.  (…) Trop peu nombreux sont les infirmiers qui atteignent le niveau de docteur d’université. A l’image de la Suisse ou du Canada, une filière doctorale en soins infirmiers mérite d’être développée. Nous y travaillerons très prochainement. »


La photo du jour : ils ne s'étaient jamais vus,
"en vrai"... Didier Borniche, président de l'Ordre infirmier,
et Marisol Touraine, ministre des Affaires Sociales
et de la Santé... Entre eux, un flou artistique récurrent...

- Au sujet de la pérennité de l’Ordre national des infirmiers, Marisol Touraine a dit ceci : « L’Ordre des infirmiers peine à être reconnu par votre profession, il rencontre des difficultés récurrentes : il ne parvient pas à s’intégrer dans le paysage professionnel, marqué notamment par un rejet des infirmiers salariés. (…) Au sein même de l’Ordre, des dysfonctionnements perdurent (…) Ces écueils m’ont amenée à proposer que l’adhésion à l’Ordre des infirmiers soit rendue facultative. Je suis d’ailleurs favorable à ce que le Parlement se saisisse de cette question. Mais quelle qu’en soit l’issue, je serai vigilante sur la nécessaire continuité des missions de service public qui incombent à l’Ordre. »

La ministre a conclu son discours ainsi : « je veux que nous puissions avancer rapidement, par un travail en commun, sur ces deux importants chantiers pour votre profession. » Elle a ensuite quitté la tribune alors que l’assemblée, très nombreuse, aurait souhaité pouvoir lui adresser questions, remarques, suggestions, voire témoignages de découragement et de colère. Il est dommage que Marisol Touraine n’est pas saisi l’occasion qui lui était donnée de parler « en direct » avec les infirmières dans une manifestation qu’elle a jugé comme « première manifestation paramédicale en Europe ».

Quelques apartés « à la volée » des uns et des autres plus tard, elle avait disparu... Un rendez-vous certes honoré mais manqué...

Didier Borniche, président de l’Ordre des infirmiers, s’est dit particulièrement préoccupé, voire choqué par les propos de la ministre : « Dans un contexte de crise économique qui touche particulièrement notre système de santé, l'intérêt général commande que la coopération et le dialogue soient privilégiés. L'heure n'est pas à la stigmatisation de l'Ordre National des Infirmiers, sujet secondaire qui permet surtout de ne pas aborder les vrais dossiers prioritaires que sont les conditions d'exercice des infirmiers, la qualité et la sécurité des soins, la reconnaissance des expertises infirmières ou encore la mise en place du développement professionnel continu. » Il compte bien prendre la ministre « au mot » sur l’idée d’un "travail en commun" alors que son double discours sur l’existence même de l’Ordre perdure...

Voilà, ce moment a bien été le « moment fort » de la journée mais l’expectative demeure...

Après ce tour d’horizon, non exhaustif de la première journée (nous ne rendrons pas compte des très nombreux ateliers et conférences), rendez-vous demain, même stand - K8-K10 - , même heure, pour la suite du compte-rendu de cette 25e édition du Salon Infirmier.

Note

  1. Les associations AIEBO, ANPDE, CEEPAME, UNAIBODE et les syndicats CNI, SNIA et SNICS

Bernadette FABREGAS
Rédactrice en chef Infirmiers.com
bernadette.fabregas@infirmiers.com


Source : infirmiers.com