Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

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CADRE

Rapport IGAS sur les cadres de santé : un avis de professionnelle

Publié le 22/02/2011

Oui pour une formation universitaire des cadres de santé ! mais en commençant par identifier les besoins des établissements de santé.

Ce rapport reprend les préconisations de la commission Singly en faveur d’une formation universitaire des cadres hospitaliers. S’agit-il d’un coup d’épée dans l’eau ? Peut être.

D’accord pour une formation universitaire

Je suis tout à fait d’accord avec l’idée d’une formation universitaire pour les cadres de santé.
Les instituts de formations s’en inquiètent. Je peux le concevoir, mais il faut bien constater qu’elles ont creusées leurs propres tombes. Un IFCS est une école d’application, ni plus ni moins. Son objectif doit être pratique : former des  cadres.
Comment former des cadres quand les formateurs eux mêmes sont déconnectés du terrain, titulaires à vie  d’une fonction de formation qui n’a de formation que le titre ? L’idée du rapport de tâter un peu du terrain ne me semble pas si décalée, mais plutôt sensée.

Faire entrer l’université dans un institut de formation de cadres de santé est un excellent moyen de s’ouvrir sur l’extérieur : une vision pluraliste de la santé n’est pas superfétatoire. C’est impératif pour que ce métier évolue  enfin, qu’il soit porteur d’innovation, qu’il puisse se positionner en égal avec les directions et non plus en vassal.

Mais pour cela, il faut que cet apport universitaire ne se fasse pas en formation « discount » : un cours par ci ! un autre par là ! que cette formation soit entièrement intégrée à un cursus universitaire avec un enseignement dispensé à la faculté, en partage  avec d’autres étudiants de filières différentes, de formations initiales ou continues.

Le mélange des cultures professionnelles ne se fera jamais dans un site où la majorité des étudiants sont issus de filières infirmières. En cause, les modalités du concours et les quotas des filières professionnelles, qui aboutissent à ce que la très grande majorité des étudiants cadres sont des infirmiers. Une formation par les filières infirmiers, pour les infirmiers.  Les IFCS sont trop imprégnés  de cette culture infirmière pour faire éclater ce carcan de principes et de préjugés qui  les engluent et qui est la cause principale de l’échec de la fusion culturelle attendue.

Ce qui me chagrine

Par contre, ce qui me chagrine, c’est le choix d’un enseignement dispensé par une seule structure sans contre pouvoir pour les cadres dit « supérieurs ». Un seul enseignement, un seul choix, une seule école  - l’EHESP.  Où est l’ouverture ?
Du coup, plusieurs questions peuvent se poser : pourquoi cette école plutôt qu’une autre ? quels ont été les critères pour la choisir ? y avait il d’autres instituts de formation en liste ? des universités ?
Inter : À propos de la création d’instituts régionaux du management en santé (IRSM) pour les IFCS ?

Avant de tout révolutionner et d’utiliser des sigles pompeux (EHESP ou IRSM), il serait plus sage de commencer par re-lifter  les IFCS.
En commençant par se demander ce que les établissements de santé recherchent dans leurs personnels d’encadrement :
« De quel sorte de cadre avons-nous besoin ? »

« Quelles sont les compétences que nous recherchons dans notre encadrement ? Des cadres « référents soins » ? Des cadres gestionnaires ? Des cadres capables de se positionner en tant que responsables ? Des cadres porteurs de projets ? Des cadres critiques ? Ou des cadres vassalisés ? »

Un fois ces questions résolues, alors seulement les questions de la modalité d’accès aux écoles cadres pourront être soulevées. Concours d’accès ? Validation des acquis de l’expérience (VAE) ?
Puis  logiquement se déclineront les contenus des enseignements qui seront dispensés dans les instituts de formation des cadres de santé.
Inter : Et les faisant fonction ?

Où est passé l’épineuse question de  la VAE pour les Faisant fonction cadres de sante ? Il n’en est plus question. Pourtant, les établissements de santé continuent  d’avoir recours à ces professionnels qui exercent des fonctions d’encadrement mais qui ne sont pas cadres. Cette situation si bien qualifiée de« bancale » par la commission Singly aurait elle encore de beaux jours devant elle ? Doit on acter que ce statut précaire va se pérenniser ?

La charrue avant les bœufs

Comme toujours, la charrue va être mise avant les bœufs et les professionnels les plus concernés n’auront encore une fois pas été  impliqués dans le projet.

Marie-Claire CHAUVANCY
Cadre de santé
(titulaire d’un master en management – Université Paris Dauphine)


Source : infirmiers.com