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DOCUMENTATION

Procédures – Faire progresser la radioprotection dans les blocs opératoires

Publié le 26/07/2011

Les rayonnements ionisants font aujourd’hui partie de l’environnement des blocs opératoires. L’Autorité de Sécurité Nucléaire (ASN) incite les professionnels de santé à mieux appréhender cette nouvelle contrainte.

Depuis l'accident nucléaire majeur de Fukushima, la surveillance des radiations ionisantes est devenue une préoccupation majeure pour le public. En quelques semaines, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) s'est imposée comme un acteur très courtisé des médias. Cette institution étatique a en effet pour vocation d’auditer tout ce qui touche, de près ou de loin, à l’exposition de nos concitoyens à la radioactivité.

Des procédures parmi les plus irradiantes

Les activités médicales n’échappent bien sûr pas au contrôle de l'ASN, en particulier les procédures d’imageries interventionnelles. Ces pratiques sont, depuis quelques années, en constante progression dans les blocs opératoires. En effet, de plus en plus, la radiologie se délocalise vers le bloc, si bien que l’on y voit apparaître des appareillages très sophistiqués. Les tutelles ont d’ailleurs émis des recommandations préconisant de centraliser les services de coronarographie et d’imagerie vasculaire au sein même des blocs chirurgicaux.
Dès lors, le personnel infirmier se trouve devant une nouvelle contrainte : la prise en compte de la radioprotection car les pratiques de radiologie interventionnelles sont parmi les plus irradiantes de l’imagerie moderne. C’est la raison pour laquelle l’ASN a, depuis trois ans, initié une campagne de surveillance des blocs opératoires pour observer la manière dont les personnels appréhendent cette nouvelle donnée. Ils n’ont pas été déçus !

Un bilan d’audits accablant

Dans un rapport qu’elle vient de publier, l’ASN pointe les nombreuses insuffisances et les inégalités entre hôpitaux pour la prise en charge du risque radiologique en dehors des unités de radiologie. Il faut dire que la législation dans ce domaine a beaucoup évolué ces dernières années. Les décrets et les circulaires se sont enchaînés, obligeant les établissements de soins à multiplier les contrôles sur installations radiologiques et les pratiques opératoires radioguidées. Car après s’être occupé de la protection des travailleurs, le législateur s’est récemment concentré sur la radioprotection du patient. Celui-ci se trouvant, en per-opératoire, directement sous le flux de rayons, il est bien évidemment plus exposé que les soignants. Il en va de même pour les chirurgiens qui opèrent au plus près du malade et donc de la source radiogène. Ils sont dès lors exposés à des risques de radiodermites au niveau des mains ou de cataracte, du fait de la multiplication et de la longueur des séquences radiologiques.

Infirmier et radioprotection : choc de cultures

L’ASN a émis toute une batterie de recommandations pour faire évoluer les pratiques. La réduction des temps d’exposition et des doses émises, la position des soignants et des praticiens, la surveillance de la dosimétrie sont autant d’items sur lesquels ils essaient d’influer. Dans chaque établissement, une personne au moins est nommée par le directeur pour relayer ces conseils : la personne compétente en radioprotection (PCR). Mais les moyens mis à sa disposition sont souvent insuffisants, tant en termes de temps alloué que de légitimité. De plus, de par sa culture, le personnel infirmier n’est pas très réceptif à ce type de problème et les cadres ne sont pas très impliqués non plus. Quant aux praticiens qui ont pris leurs habitudes de travail, ils se demandent pourquoi on vient aujourd’hui leur rajouter une contrainte, jugée souvent inutile.

L’ASN change de stratégie

Les inspecteurs de l’ASN ont bien appréhendé cette situation. Après avoir fait preuve de trop d’autoritarisme lors de leurs visites d’audit au sein des hôpitaux, ils ont adopté, depuis quelques temps, une attitude plus pédagogique et didactique. De fait, ils n’hésitent pas à entrer dans les blocs, à se fondre au milieu du personnel présent et à engager la discussion avec les soignants. Le message qu’ils doivent faire passer devient alors plus simple et explicite, donc mieux compris. Par voie de conséquence, les règles mieux appliquées.
Le rapport de l’ASN dont il question ici retrace les inspections effectuées en 2009. Il souligne la marge de progression importante dont disposent les établissements de santé dans leur prise en charge du risque radiologique. Nul doute que la nouvelle politique de transmission des recommandations de l'ASN incitera les personnels de bloc opératoire à changer leurs pratiques afin de se sentir plus sereins et responsables dans un environnement radioactif.

Bruno BENQUE
Rédacteur infirmiers.com
bruno.benque@gmail.com


Source : infirmiers.com