Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

INFOS ET ACTUALITES

Ni nonnes, ni bonnes, ni pigeonnes : les infirmières aussi !

Publié le 16/10/2012
Ni nonnes, ni bonnes, ni pigeonnes : les infirmières aussi !

Ni nonnes, ni bonnes, ni pigeonnes : les infirmières aussi !

On parle beaucoup des pigeons ces derniers jours. Bien entendu ce ne sont pas des volatiles dont il s’agit mais bien de la symbolique qu’ils représentent. L’expression « se faire prendre pour un pigeon » est définie comme quelqu’un qui se fait duper, arnaquer. Le mouvement "Les pigeons" a été initié par les auto-entrepreneurs mécontents suite à des décisions gouvernementales concernant leur statut, suivi de près par le groupe « Les médecins ne sont pas des pigeons » créé sur « Facebook » et qui a obtenu 30.000 membres en une semaine. Le 13 octobre 2012, un groupe « ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes » à l’initiative d’une infirmière s’est ouvert. Près de 900 membres le soutiennent déjà. Rencontre...

« Je souhaite rester anonyme car je ne vois pas ce que mon identité pourrait apporter de plus à nos revendications… Ce groupe, je l’ai créé, mais je souhaite qu’il soit représentatif de tous les modes d’exercices : intra ou extra-hospitalier et de tous soignants. On est tous dans la même galère », nous raconte « ni bonne » le pseudo que cette infirmière utilise sur la toile pour s’identifier.

Quelles revendications ?

« Les revendications sont quasi les mêmes qu’il y a 25 ans lors du mouvement de grève de 1988. Nos conditions de travail sont à dénoncer, car il n’est pas normal que l’on ne puisse pas souffler 5 mn dans une journée... Mes collègues boivent leurs cafés dans des thermos ! Il y a des jours où nous travaillons 12 heures sans pouvoir aller aux toilettes… J’exagère à peine et il faut arrêter de minimiser les dégâts. Nos salaires sont bien trop bas avec un indice gelé depuis 3 ans dans la fonction publique et une réforme de la convention 51 de la FEHAP qui se trame et dont on ne connait même pas les conséquences. On nous laisse dans le flou artistique bien volontairement. Cela fait 10 ans que j’exerce et j’ai peur de ce que l’hôpital est en train de devenir. Oui, j’ai peur d’être à mon tour soignée dans ces conditions. Le « pas le temps » ne doit pas être une excuse, mais c’est pourtant la réalité de notre quotidien et il faut arrêter de dire que c’est parce l’on ne sait pas s’organiser... Nous sommes alors beaucoup en France à ne pas savoir s’organiser car je m’aperçois avec les témoignages postés dans le groupe que c’est partout pareil, voire pire à certains endroits. J’en ai assez de ne pas pouvoir soigner avec toute l’humanité due aux patients. Trouvez-vous normal que je ne puisse pas mettre un enfant en fin de vie dans les bras de ses parents ? De ne pas pouvoir jouer un moment avec lui ? D’espérer qu’il ne me contredise pas lorsque je vais lui faire un soin invasif pour « ne pas perdre de temps » ? Nous avons la tête dans le guidon et la seule chose que l’on souhaite faire une fois rentrée chez nous c’est nous reposer (entre 2 appels de notre cadre qui nous demande de faire des heures supplémentaires) et profiter de nos proches (qui en pâtissent aussi). Il est temps de dire stop ! De nous réveiller et d’agir. »

"La vocation du groupe : nous regrouper, faire valoir - et savoir - nos préoccupations, montrer notre existence, résister..."

Une vague blanche ?

« Je pense que l’opportunité est bien trop belle pour ne pas la saisir. Les médecins, les internes et les chirurgiens se mobilisent pour diverses raisons mais on peut se rallier à leur mouvement, comme dit la FNESI « tout seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin » et bien prouvons-le ! Je ne sais pas si la grève est une solution et je ne sais pas vraiment quelles actions il faut entreprendre. Je sais qu’il faut agir, mais par quels moyens ? Dire les choses ne suffit plus, on ne nous écoute même pas. Des collègues se font agresser physiquement par des patients : les journaux n’en parlent même pas, les agents de la RATP ou SNCF utilisent leurs droits de retrait et se fichent de l’opinion publique. Des infirmières se suicident même dans l’indifférence la plus totale. Donc il faut agir, comment ? Je ne le sais pas encore, commençons par nous rassembler sur le groupe afin d’alimenter la vague blanche qui se prépare. »

Sensibiliser l’opinion publique ?

« Ce rassemblement est spontané et j’espère qu’il va sensibiliser l’opinion publique, car si on se bat c’est aussi pour améliorer l’accueil et les soins que l’on apporte aux usagers. On a aussi besoin d’eux ! Je n’appartiens à aucun syndicat et je ne souhaite pas être une porte-parole ou créer une polémique ou je ne sais quoi d’autre. Je veux dire tout haut et fort ce que l’on se dit tous tout bas. Il est temps de se préoccuper de notre avenir commun, nous soignants et usagers de la santé. Le changement c’est maintenant, et bien on va appliquer ce qui a été dit puisqu’il n’y a personne d’autres pour le faire à notre place… »

Pour conclure

« Ce groupe compte aujourd'hui plus de 800 membres à son actif. J’espère bien que ce chiffre va croître rapidement dans les jours à venir. Nous pourrons agir ainsi en nous regroupant et démontrer que tout n’est pas perdu et qu'il faut que l’on se fasse entendre. Vu notre nombre, on en a les capacités. »

Audrey DEMEILLEZ
Rédactrice Infirmiers.com
audrey.demeillez@infirmiers.com


Source : infirmiers.com