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Loi santé : "le but c’est que chaque Français trouve une offre de soins à proximité"

Publié le 15/02/2019
Loi santé :

Loi santé :

Le 12 février dernier, la ministre des Solidarités et de la Santé était l’invité de la matinale de France Inter. Alors que la fameuse loi santé était à l’ordre du jour du Conseil des ministres le 13 février, Agnès Buzyn a défendu les orientations du gouvernement et les différentes réformes en cours. Interpellée par les auditeurs sur la crise des urgences et de la psychiatrie elle a pointé ce qui, selon elle, pose problèmes dans ces secteurs.

La ministre a soutenu au micro de France Inter : il faut mettre fin à la médecine à deux vitesses.

La stratégie de transformation du système de santé c’est plusieurs briques, la loi n’en représente qu’une seule. Une autre partie du projet passe par des négociations avec les professionnels de santé et l’Assurance maladie et encore une autre partie est votée dans le PLFSS, explique Agnès Buzyn interrogée au micro de France Inter le 12 février, la veille de présentation de la loi santé au Conseil des ministres. En effet, de nombreuses mesures sur la réforme en cours seront précisées via des décrets et des ordonnances (près d’une demi-douzaine), ce qui inquiète des professionnels de santé comme des élus locaux craignant que les concertations ne soient réduites à peau de chagrin. Pour la ministre, c’est l’inverse. L’ordonnance c’est laisser trois mois supplémentaires après le texte de loi pour se concerter et aboutir à un projet commun. Et je suis absolument certaine que nous sommes d’accord avec les grands élus, je les vois assez souvent pour cela, affirme fièrement Agnès Buzyn. D’ailleurs ce qui émerge du grand débat pointe exactement les orientations que nous prenons assure-t-elle.

Objectif : augmenter de 20% le nombre de médecins formés

Hôpitaux de proximité et maternité

De quoi exactement sera-t-il question dans cette loi ? Elle va traiter de la fin du numerus clausus pour augmenter le nombre de médecins formés et diversifier les profils des médecins. Elle va aussi porter sur les hôpitaux de proximité qui sont une urgence pour notre pays, annonce-t-elle. En outre, Il est prévu que sur les quelque 3000 hôpitaux existants, entre 500 et 600 reçoivent le label pour un maillage complet. Aujourd’hui nous avons une médecine à deux vitesses. Nous le savons tous, on n’a pas la même qualité de soins dans certains hôpitaux que quand on est en ville. Je veux assurer la même chance aux Français d’accéder à un plateau technique de qualité, d’où l’intérêt de réinvestir financièrement les hôpitaux de proximité pour leur donner les moyens de travailler pour des missions utiles en proximité, argumente Agnès Buzyn. Apparemment, ces établissements seront centrés notamment sur la gériatrie, les soins de rééducation, la médecine générale avec de la radiologie et des laboratoires et il y aura un plateau technique mais pas de maternité.

En ce qui concerne plus spécifiquement le sujet des fermetures des maternités , la ministre s’explique : aujourd'hui nous savons que dans de toutes petites maternités, nous n'avons plus les professionnels pour assurer la sécurité des soins pour les femmes. Ces établissements ne seront néanmoins pas fermés mais transformés en centre de périnatalité où les femmes seront suivies pendant leur grossesse. Cependant, l’acte d’accouchement aura lieu dans des centres très sécurisés. Je comprends l’inquiétudes des parents et des élus mais nous feront en sorte de garantir le transport et l’hébergement des femmes.

Vos promesses budgétaires sont des rustines face à la réalité de la psychiatrie en France. Ecouter les patients et le personnel !

La psychiatrie : un secteur à moderniser pour la ministre

Lors de l’entretien, une infirmière en centre de psychiatrie à Paris rappelle que cela fait des mois que des collectifs nationaux alertent sur la crise du secteur et demande une psychiatrie plus humaine et plus digne à l’intérieur et en dehors des murs. Ce à quoi Agnès Buzyn répond je suis la première à dire que la psychiatrie à été abandonner dans notre pays. J’ai pris le sujet à bras le corps dès mon arrivée. Près de 100 millions d’euros vont être débloqués pour 2019 et ces budgets vont continuer. Je cherche à moderniser la psychiatrie française. Il faut des investissements dans les hôpitaux, il faut raviver la flamme de la pédopsychiatrie. La ministre annonce notamment recréer une filière dans le domaine, lancer un programme de recherche et surtout il lui semble nécessaire d’harmoniser les recommandations en psychiatrie car il y a encore trop d’hôpitaux avec des pratiques d’un autre temps.

Que propose Mme Buzyn, non pas dans les années qui viennent, mais dans les jours et les semaines qui viennent, pour venir en aide à ces personnels qui sont à bout de forces, malgré leur détermination ? On rattrape des catastrophes par les cheveux tous les jours !

Les urgences : quand on évite des catastrophes tous les jours

Autre sujet épineux : les urgences ! Deux soignants ont interpellé la ministre sur la situation intenable dans les services d’où la nécessité de mesures rapides et non sur le long terme. Un chef de service travaillant à l’AP-HP a évoqué les trois cas de décès dans les urgences ces dernières semaines. A Lariboisière un patient oublié en novembre ; à Mantes-la-Jolie (Yvelines) il y a quelques semaines, un malade retrouvé mort à l'arrière des urgences ; à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil (Val-de-Marne), un patient intoxiqué qui a échappé à la surveillance et s'est suicidé cent mètres plus loin. En effet, au -delà de la résignation que les choses fonctionnent mal depuis plusieurs années, les soignants constatent encore une aggravation.

Pour la ministre, l’engorgement des urgence est dû à trois problèmes principaux. D’abord, les locaux il faut qu'on agrandisse beaucoup de services d'urgences qui ne sont pas dimensionnés. C'est ce qui explique que des patients attendent, c'est ce qui peut expliquer que certains soient oubliés, parce qu'il y a trop de monde. Cela nécessite des travaux, et tous les hôpitaux aujourd'hui ne peuvent pas les faire. En parallèle, Agnès Buzyn souligne des problèmes d’organisation interne. Elle affirme avoir pris connaissance que des patients chroniques se rendent aux urgences malgré la présence de médecins de garde. On fait passer les malades par les urgences plutôt que de les reprendre directement dans le service.

En outre, le manque d’urgentiste est flagrant, et ce, parce que nous n’en avons pas formés assez. Ce n'est pas un problème de postes, je veux bien [en] ouvrir, le problème c'est qu'il n'y aura personne pour les prendre. Apparemment une nouvelle génération d’internes avec la nouvelle discipline de médecine d’urgence va sortir mais d’ici là le manque de praticiens reste, selon la ministre la raison pour laquelle nous ne pouvons pas faire fonctionner certaines urgences, notamment dans la ruralité.

La vaccination : les Français méfiants…

Enfin, Agnès Buzyn a été interrogé à propos d’un sondage IFOP qui montreraient que 43% des Français pensent que le ministère de la Santé est de mèche avec les industries pharmaceutiques pour cacher la nocivité des vaccins. Les bras m’en tombe. Pasteur doit se retourner dans sa tombe. L’OMS aussi est de mèche ? On veut juste sauver des vies. Les industries pharmaceutiques gagnent assez peu d’argent avec les vaccins. Par contre, une personne qui finit à l’hôpital plutôt que de se faire vacciner coûte 10, 20, 100 fois plus cher à l’Assurance maladie. Je ne comprends pas ce raisonnement, argumente-t-elle.

Beaucoup de sujets abordés donc au cours de cet entretien, mais là encore, si la ministre a défendu bec et ongle sa stratégie elle paraît encore bien loin de la réalité du quotidien des soignants qui demandent des actions quasi-immédiates, notamment en ce qui concerne les urgences et la psychiatrie.

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com