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Limitations et arrêts des thérapeutiques : quels impacts chez les paramédicaux ?

Publié le 09/01/2019

À l’occasion du Rendez-vous 6 de la Fondation de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) pour la Recherche, Sébastien Kerever, coordonnateur paramédical de la recherche en soins infirmiers, de rééducation et médico-techniques, au sein de la direction des soins du Groupe Hospitalier Saint Louis–Lariboisière–Fernand Widal (APHP) a présenté ses travaux sur la fin de vie en réanimation. Une recherche dans le cadre d'une thèse qui s’intéresse notamment aux ressentis des paramédicaux pendant les limitations et arrêts des thérapeutiques. Nous partageons ici son travail.

1 patient sur 10 admis en réanimation, va décéder suite à une décision de limiter ou d’arrêter les soins.

Les soignants sont confrontés à des décisions difficiles lors de la fin de vie d’un patient en réanimation. Sébastien Kerever a été invité à communiquer sur ses travaux de recherche concernant les décisions de limitations et arrêts des thérapeutiques (LAT) en réanimation. Prendre soin de soi pour pouvoir prendre soin des autres. C’est une phrase qui pourrait correspondre aux paramédicaux qui exercent en réanimation et qui sont confrontés à des décisions de limitations et d’arrêts des thérapeutique.

Avant de présenter les résultats de son étude, Sébastien Kerever, restitue le contexte : Il y a deux grandes catégories de limitations et d’arrêts des thérapeutiques. D’un côté, les limitations qui consistent à ne pas introduire de nouveaux traitements quand un patient est pris en charge en réanimation. De l’autre, les arrêts des traitements déjà en cours qui concernent des patients admis en réanimation avec beaucoup de comorbidité. Lorsqu’un patient est admis en réanimation, il va pouvoir sortir en vie dans 80% des cas. Et pour ceux qui décèdent, la moitié sera concernée par des décisions de limitations et d’arrêts des thérapeutiques. Résultat : 1 patient sur 10 admis en réanimation, va décéder suite à une décision de limiter ou d’arrêter les soins.

42% des paramédicaux souhaiteraient avoir accès à une consultation psychologique

Nombreuses sont les recommandations sur les limitations et les arrêts des thérapeutiques d’un point de vue médical, éthique et législatif mais peu de publications se sont intéressées au(x) rôle(s) des paramédicaux alors qu’ils sont au cœur des soins. Partant de ce constant, Sébastien Kerever a décidé de s’en préoccuper en recueillant leurs points de vue, leurs visions, leurs rôles, leurs impacts et la manière dont ils s’organisent pour pouvoir être impliqué dans les décisions de limiter ou d’arrêter les soins : J’ai commencé par une enquête nationale sous forme de questionnaire électronique auprès de l’ensemble des paramédicaux qui exerçaient en réanimation dans les unités de soins continus, explique Sébastien Kerever qui a obtenu 1500 réponses (près de 135 villes en France, 195 hôpitaux) ce qui équivaut à avoir une vision sur 324 unités de soins. D’après son enquête, alors que 70% des paramédicaux déclarent participer de manière active aux prises de décisions de limitations et d’arrêts des thérapeutiques, seulement 10% énoncent être parfaitement formés sur l’éthique et le réglementaire. Autre ambiguïté : lorsque la question suivante est posée aux paramédicaux : Est-ce que selon vous, ces limitations ou arrêts des thérapeutiques ont un impact sur votre bien-être ? 80% répondent non alors que 65% déclarent éprouver le besoin d’en parler fréquemment, 42% souhaiteraient avoir accès à une consultation psychologique pour eux-mêmes et 20% déclarent avoir parfois été obligés de demander à changer de patients concernés par des décisions de limiter ou d’arrêter les soins, parce qu’ils ne pouvaient plus les prendre en charge.

Si vous ne parvenez pas à voir la vidéo, veuillez cliquer sur ce lien.

À travers cette enquête, Sébastien Kerever a cherché à s’informer sur le bien-être des paramédicaux qui exercent en réanimation et à mieux comprendre l’impact des décisions de limiter ou d’arrêter les thérapeutiques. L’objectif étant de proposer des actions qui permettraient aux équipes et aux patients de mieux vivre les décisions de fin de vie en réanimation avec des propositions sur l’organisation des services et l’organisation des soins, sur la formation des équipes, sur des potentiels soutiens psychologique. Les services d’urgence, d’oncologie, d’hématologie sont aussi concernés par les décisions de limiter ou d’arrêter les soins. Il faudrait donc étendre ces questionnements à d’autres services et à l’Europe pour savoir si les perceptions sont les mêmes dans d’autres pays.

Inès KheireddineJournaliste infirmiers.com ines.kheireddine@infirmiers.com  @Ineskheireddine


Source : infirmiers.com