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Les patients auront bientôt leur université...

Publié le 19/12/2012

Le Pr Yvon Berland vient d'annoncer la création prochaine de l'Université des Patients et d'un authentique diplôme délivré par la Faculté de Médecine de Marseille. De quoi réjouir les associations de patients avant de connaître l'avis de la communauté soignante.

A l'occasion du dernier colloque « Médias&Santé », qui s'est déroulé le 14 décembre 2012 au campus santé de la Timone à Marseille, le Pr Yvon Berland a annoncé la création de l'Université des Patients au sein d'Aix-Marseille Université.

Médecine, communication et pédagogie au programme

Ce projet vise à faire bénéficier aux patients et aux membres actifs d'associations de patients notamment, d'une formation de base afin que ceux-ci puissent, à l'avenir, jouer leur rôle avec plus de pertinence ; une façon très concrète de valoriser le « patient expert » qui est une personne expérimentée qui a acquis et développé des connaissances expérientielles (savoir profane) et médicales sur sa maladie.
Le patient-expert a du recul sur sa maladie, et sait s’enrichir de son propre vécu, mais aussi de celui des autres personnes qu’il a été amené à écouter ou à accompagner. Il a une aptitude à la communication. De fait, le patient-expert a une volonté de s’impliquer auprès d’autres personnes atteintes d’une maladie chronique.
Le contenu de cette formation a été rapidement évoqué, et devrait traiter de médecine et de prise en charge de la personne fragilisée, bien entendu, mais aussi de communication et de pédagogie. Cette formation, dont la durée n'a pas été révélée, devrait être sanctionnée d'un authentique diplôme universitaire.

« Le patient-expert a une volonté de s’impliquer auprès d’autres personnes atteintes d’une maladie chronique. »

Le Pr Georges Léonetti, doyen de la faculté de médecine de Marseille et le Pr Marcel Ruffo, également présents lors de ce colloque, on affirmé soutenir cette création et prévoient d'ailleurs d'y apporter une participation substancielle. Les récentes recommandation des tutelles en faveur de la démocratie sanitaire sont à l'origine de cette initiative. Le Pr Yvon Berland, par ailleurs Président de la toute nouvelle entité Aix-Marseille Université qui regroupe les trois institutions universitaires jusqu'alors éparpillées sur ce territoire, surfe ainsi sur ce concept qui préconise la participation active des malades et de leur entourage dans les actions de santé et favorisera, dit-on, le retour de la confiance de ces derniers envers les soignants. Au chapitre des innovations, il n'en est pas à son coup d'essai, puisqu'il est à l'origine de la mise en place des coopérations sanitaires et des nouveaux métiers de la santé qui commencent, dans ce cadre, à se dessiner. Les paramédicaux qui participent, depuis quelques années, à ces expérimentations, témoignent de leur satisfaction de voir leurs missions évoluer et de participer, à leur niveau, à la réduction de la pénurie médicale tout en valorisant leurs nouveaux acquis. Mais cette nouvelle initiative risque de faire grincer quelques dents.

Attention aux effets pervers

Mais qu'en penseront les soignants ? Verront-ils d'un œil serein l'arrivée dans leur service de ces nouveaux acteurs, bardés de leur diplôme universitaire, s'impliquer d'avantage dans leur environnement de travail ? Les associations de patients, si généreuses et motivantes dans le soutien qu'elles apportent au quotidien, ne vont-elles pas changer d'attitude, fortes de leurs nouvelles compétences ?
Il faudra également connaître le ressenti de la communauté médicale, et universitaire en général, devant ce que certains pourraient considérer comme une dévalorisation des diplômes, ceux qui nous intéressent ici pouvant être obtenus sans compétence préalable.
L'Université des Patients apparaît comme une initiative intéressante au premier abord, pouvant à terme permettre aux associations de patients et autres parents de malades chroniques de mieux comprendre les tenants et aboutissants des différentes pathologies auxquelles ils sont confrontés, et de parler le même langage que les soignants. Mais les promoteurs des nouveaux diplômes créés pour l'occasion devront préciser notamment quels seront les pré-requis nécessaires pour y accéder, et prendre garde à ce qu'ils n'engendrent pas des effets pervers pouvant dégrader, ça et là, les relations avec les soignants. Nul doute que le Président Berland, qui n'en est encore qu'au commencement de ce projet, saura obtenir un consensus autour de celui-ci.

Bruno BENQUERédacteur Infirmiers.combruno.benque@gmail.com


Source : infirmiers.com