Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

BLOG

La prochaine fois il faudra venir avec une voie veineuse !

Publié le 13/06/2017
douleur femme

douleur femme

Nous sommes en 2017 dans un CHU de province. Dans le cadre de mon bilan de troisième greffe rénale, je dois faire une scintigraphie myocardique. Un examen demandé par le néphrologue et l'anesthésiste afin de vérifier l'état du muscle cardiaque. Je dois être perfusée mais, hélas, mon capital veineux se résume à de très vilaines veines, utilisées à de très nombreuses reprises, uniquement sur mon bras gauche. Commence alors la galère... quant à l'écoute...

L'infirmière pique, cherche, trifouille. J'ai mal. Je demande à ce qu'on arrête, mais on ne m'écoute pas... Pourquoi faut-il en passer par là ?

Il est 10 heures. J'arrive au CHU un peu stressée. J'ai vécu beaucoup de choses ici et ce n'est pas très simple pour moi d'y revenir me faire soigner dans le cadre de cette troisième transplantation rénale. Après avoir traversé tout l'hôpital car je me suis trompée de hall, j'arrive enfin dans le service de médecine nucléaire. Je suis accueillie par une secrétaire très sympathique. Elle me dit que je vais bientôt être prise en charge pour la pose du cathéter qui permettra d'administrer le liquide traceur. En attendant, je me rends dans la salle d'attente. Je tente de surfer avec mon portable. Pas de réseau car le service est plombé. Bon. Je prends une revue et je bouquine un peu.

Ça y est, on m'appelle. Je n'ai attendu que 15 minutes. Ouf. J'entre dans la salle de pose des cathéters où je suis accueillie par un jeune infirmier. Je lui présente mon bras gauche, seul bras utilisable car j'ai la fistule de l'autre côté. Il cherche une veine. Il faut dire que les miennes sont affreuses, utilisées pour des perfusions depuis 40 ans que je suis malade. Je tente de ne pas trop le stresser (!), mais moi je le suis vraiment par cet examen que je n'ai jamais eu. La dernière fois qu'on a voulu me poser une perfusion, cela a été très compliqué. Cela s'est terminé par la perfusion dans la fistule artério-veineuse car il a été impossible de trouver une veine qui tienne. Même celles du pli du coude ne sont plus utilisables.

L'infirmier cherche une veine. Il faut dire que les miennes sont affreuses, utilisées pour des perfusions depuis 40 ans que je suis malade...

L'infirmier finit par s'arrêter sur une veine qui lui semble possible à perfuser. Il tente de me rassurer en me disant qu'il a l'habitude et que ça va bien se passer. Cela m'inquiète encore plus.  Il pique, il cherche, il trifouille. C'est loupé. Je sens bien qu'il est désolé. Je lui dis que c'est la galère chaque fois. et mon stress ne fait qu'augmenter. Je lui demande si on peut joindre le service de néphrologie pour poser le cathéter dans la fistule. Il me répond que pour l'instant on en est pas là. Bon.

Il me demande l'autorisation de piquer une seconde fois. Anxieuse je lui réponds que oui. Même combat que la première fois. J'ai mal. Je stresse. Je connais trop bien cette situation. La tension monte d'un cran. L'infirmier part chercher une collègue. Je commence à pleurer. L' infirmière arrive et tente de me rassurer comme elle peut en regardant mon bras. Je demande à nouveau à ce qu'on téléphone au service de néphrologie et tente d'appeler moi-même avec mon portable. En vain, il n'y a pas de réseau. Je vois bien que mes pleurs énervent l'infirmière qui me dit qu'il va bien falloir piquer et qu'on piquera autant de fois qu'il le faudra mais qu'on finira par y arriver. Bien sûr, ça ne me rassure pas du tout et le stress monte encore d'un cran

Je demande à nouveau à ce qu'on téléphone au service de néphrologie et tente d'appeler moi-même avec mon portable. En vain, il n'y a pas de réseau

Pour la troisième fois, l'infirmière pose le garrot. Sur la main cette fois. Je sais que ça va rater et que je vais avoir bien mal (c'est plus douloureux sur la main). Elle pique, cherche, trifouille. J'ai mal. Je demande à ce qu'on arrête, mais on ne m'écoute pas. L'interne arrive alors dans la pièce. Je lui demande de stopper, que ça devient insupportable et re-demande qu'on téléphone au service de dialyse pour poser le cathéter dans la fistule. Ma demande est ignorée. L'infirmière enlève le cathéter sur ma main inopérant en me disant que ce n'est pas de sa faute si je suis difficilement piquable et si je refuse d'être piquée.  En pleurs, je n'ai même plus envie de rétorquer.

Je commence à ranger mes affaires pour partir.  L'interne me dit qu'elle va envoyer un courrier au néphrologue en disant que j'ai refusé l'examen. Alors que je suis en train de partir en pleurs, elle me dit énervée : la prochaine fois il faudra venir avec une voie veineuse ! Sous-entendu, vu qu'on arrive pas à vous piquer, il faudra que vous trouviez une solution... D'accord mais ça s'achète où ?

Epilogue :une fois que j'ai eu accès au réseau, j'ai téléphoné au secrétariat du service de néphrologie qui a re-planifié une date pour ma scintigraphie myocardique avec, cette fois, un passage préalable dans le service pour poser un cathéter afin de pouvoir faire l'examen.

Une question demeure : fallait-il en passer par là ?

Cet article a été publié sur le blog d'une Patiente... impatiente le 6 juin 2017. Nous la remercions de partager ce billet d'humeur qui a le mérite d'être clair : les patients sont encore très loin de faire entendre leur voix.


Source : infirmiers.com