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"La personne au bout du fil m’a dit que nous n’avions qu’à mettre le foetus à la poubelle !"

Publié le 27/08/2018
femme, tristesse

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Renvoyée des urgences de Besançon alors que sa fausse couche était imminente, on lui dit de mettre son fœtus "à la poubelle" après qu'elle a dû l'expulser, seule chez elle dans sa baignoire, sans aucune assistance physique, ni psychologique. Réponse de l'hôpital : Elle peut contacter la direction. Où quand, une fois encore, l'hôpital est inhospitalier.

"Ils ne m’ont jamais demandé comment je me sentais, ni pendant, ni après", souligne Magdalena

Le 17 août dernier, une femme, Magdalena Cocatrix, a expulsé seule, chez elle, un foetus à 3 mois de grossesse. Elle s’était rendue juste avant aux urgences de l’hôpital de Besançon après avoir perdu beaucoup de sang. Deux violentes douleurs au ventre l’ont réveillée dans la nuit du 16 au 17 août. Au petit matin, se souvient-elle dans les colonnes de l'Est républicain , j’ai constaté que mon lit était trempé de sang. C’était trop grave. J’ai attendu que l’hémorragie cesse et je me suis rendue, par mes propres moyens, au CHU Minjoz. Impossible d’attendre ma prochaine visite de contrôle prévue le 23 août.

Malgré un dossier rempli d’alertes du même type depuis un mois, elle attend plus de trois heures avant d’être prise en charge aux urgences, en raison de cas plus sérieux que le sien. Le diagnostic suite à l'échographie est sans appel, on lui dit que son foetus a cessé de vivre. Aucune autre information ne lui est fournie ni sur les causes, ni sur ses pertes abondantes de sang. Elle ressort avec une ordonnance d’antidouleur.

Le personnel m’a précisé que je pouvais rentrer chez moi et que le fœtus sortirait tout seul petit à petit, rappelle Magdalena J’ai pris le tram et les contractions ont commencé. J’avais atrocement mal. A peine arrivée chez moi, j’ai senti qu’une petite masse était expulsée. Mon pantalon était recouvert de sang. Je me suis enfermée à la salle de bains et me suis dévêtue avant d’aller dans la baignoire vide. J’ai recueilli mon bébé dans les mains. Il mesurait environ 7 cm et était entier, formé. J’ai encore poussé 20 minutes pour rejeter le placenta. J’avais peur d’une infection et d’une hémorragie massive. Son compagnon, affolé, appelle les urgences gynéco-obstétricales pour savoir quoi faire. Mal reçu dans un premier temps, il doit insister pour qu'on l'écoute. Il demande s’ils peuvent revenir pour surveiller l’état de sa compagne et prendre le fœtus. La personne au bout du fil m’a dit que l’hôpital n’en ferait rien et que nous n’avions qu’à le mettre à la poubelle !, explique-t-il. Et de s'insurger : Comment peut-on dire une chose pareille ? Comment peut-on abandonner une maman en détresse ?

La personne au bout du fil m’a dit que nous n’avions qu’à mettre le foetus à la poubelle !

Le couple est ensuite reçu en urgence par le médecin généraliste de Magdalena, spécialisé en suivi de la grossesse. Il l'examine, retire les éléments organiques restants,  vérifie qu’il n’y a plus aucun risque de complications et prescrit des médicaments adaptés et une prise de sang à faire toutes les 48 heures, pendant une semaine. Magdalena, traumatisée par cet événement ne cesse de s'interroger : pourquoi ne m’ont-ils pas gardée à l’hôpital, proposé une solution pour accélérer le processus ou un curetage, et donné un soutien psychologique ? 

L'Est Républicain a sollicité la direction de l’hôpital qui lui a fait parvenir la réponse suivante : Vous nous avez transféré un témoignage que vous avez recueilli auprès de Mme Cocatrix concernant ses différents passages aux urgences gynéco-obstétricales de l’établissement. La lecture de ce témoignage douloureux, que nous regrettons de n’avoir pas reçu directement, nécessite de recueillir des éléments précis sur les conditions de prise en charge de cette patiente pour lui fournir toutes les informations qu’elle recherche. Dans ce but, Mme Cocatrix peut prendre contact avec la direction de l’établissement dès qu’elle le souhaitera. Une réponse qui, comme vous pouvez le constater, respire l'empathie. Quant à la personne qui a suggéré de mettre le foetus à la poubelle, qu'en dire ? Sa réponse nous laisse sans voix et nous rappelle la triste histoire de Naomi Musanga qui avait agité récemment les urgences du CHU de Strasbourg et ébranlé le monde hospitalier dans son ensemble et le grand public. Force est de constater et l'on ne peut que s'en émouvoir et le crier haut et fort : l'hôpital devient de plus en plus inhospitalier.

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com