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Il faut le rappeler : "on ne guérit pas du sida"...

Publié le 26/07/2017

La neuvième conférence scientifique de l’International AIDS Society se tient à Paris depuis le 23 juillet. Pendant quatre jours, 6 000 professionnels de la santé débattent des avancées dans la lutte contre le VIH/sida et dressent les perspectives en la matière ; il y en a certes et des positives, ce qui ne doit pas banaliser la maladie et encore moins relâcher les mesures de prévention.

Le ruban rouge est le symbole universel de la lutte contre le sida et de la solidarité avec les personnes qui en sont atteintes.

Le sida est devenu une maladie chronique parce qu'avec les traitements, les gens vivent avec le sida, convient Elisabeth Menu, directrice de recherche à l'Institut Pasteur, dans le Grand Soir 3 du lundi 24 juillet dernier. Et d'ajouter : les traitements, s'ils sont bien pris, ont permis d'avoir une très forte amélioration de la santé. L'espérance de vie chez les personnes séropositives est augmentée et atteint quasiment les niveaux de la population générale. Et de rappeler cependant l'essentiel : on ne guérit pas du sida. Les traitements actuels permettent de diminuer la quantité de virus dans le sang, voire de mettre le virus "en sommeil". De plus, la recherche sur le vaccin avance. En 2009, un essai a montré une efficacité de 30% souligne Elisabeth Menu. Mais le relachement en matière de prévention est hélas observé, notamment chez les étudiants. Autre inquiétude, une baisse des fonds alloués à la recherche. S'ils diminuent, ça va être une catastrophe alerte la chercheuse.

On ne guérit pas du sida. Les traitements actuels permettent de diminuer la quantité de virus dans le sang, voire de mettre le virus "en sommeil".

Françoise Barré-Sinoussi, Codécouvreuse du VIH, la chercheuse française a reçu le prix Nobel de médecine en 2008, a livré une interview sur le site du Monde. Elle revient sur le drame des « années sida », s’exprime sur les progrès qui restent à faire pour lutter contre les nouvelles contaminations, et juge sévèrement la décision d’Emmanuel Macron d’avoir annulé sa venue au Palais des congrès de Paris pour cette conférence. Son absence lors de la conférence d'ouverture avait été en effet très remarquée et critiquée. Il avait donc finalement reçu lundi en fin d’après midi quelques associations de malades, des représentants du congrès et le directeur de l’Agence de recherche contre le sida. Dans un communiqué, l’Elysée indique que le président de la République s’est engagé à garantir la digne prise en charge des personnes les plus fragiles et les plus exposées au virus. Il a également tenu à rappeler l’engagement tant scientifique que financier de la France dans la recherche, l’innovation, l’accès aux traitements et la coopération internationale, pour contribuer aux objectifs d’éradication du VIH-sida d’ici à 2030, et compte tenu des défis qui restent à relever.

Chercher. C’est espérer, se tromper, changer de cap dans le but de trouver. C’est aussi échanger, apprendre, transmettre. C’est grâce a vous que nous vivrons dans un monde sans sida. Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de Médecine, Université des jeunes chercheurs - Octobre 2015

Parallèlement, alors que la région Île-de-France est la région la plus touchée par l’épidémie de VIH/Sida, particulièrement les départements de Paris et de Seine-Saint-Denis - en 2015, 48 000 personnes vivant avec le VIH étaient prises en charge dans les hôpitaux de la région, dont 96% étaient traitées par antirétroviraux - un quart des personnes dépistées le sont trop tardivement. La prévention, l’accompagnement et le soutien aux personnes sont donc plus que jamais l’affaire de tous : une mobilisation collective est donc indispensable. L’ARS Île-de-France et la Région s’engagent avec la signature d’une déclaration commune qui doit constituer une nouvelle étape de leur mobilisation forte en faveur de la lutte contre le VIH/Sida. A cet effet, dans le cadre de sa priorité régionale de réduction des inégalités de santé, l’ARS Île-de-France fait siens les objectifs d’ONUSIDA des « 3 fois 90 » : 90% des personnes infectées doivent connaitre leur statut, dont 90% doivent accéder à un traitement antirétroviral, et dont 90% doivent avoir une charge virale contrôlée. C’est donc l’ambition de la Région Île-de-France que de contribuer à cette mobilisation sur son échelle territoriale afin notamment de renforcer la diffusion de l’information et de compenser les déséquilibres territoriaux en matière d’accès aux moyens de prévention, de dépistage, de soins et de diffusion des innovations.

Rappelons quelques chiffres : environ 37 millions de personnes vivaient avec le VIH en 2015. 18,2 millions de personnes vivant avec le VIH suivaient un traitement antirétroviral en  2016. 1,1 million de personnes sont décédées d'une cause liée au VIH dans le monde en 2015. Chaque année en France, 6 000 personnes de plus sont contaminées par le sida. Les hommes représentent 70% des découvertes de séropositivité. Les personnes de moins de 25 ans représentent 12% des découvertes et celles de 50 ans et plus, 19%. Environ 900 personnes hétérosexuelles nées en France ont découvert leur séropositivité en 2015, dont 57 % d'hommes.

L’OMS collabore avec les pays afin de mettre en œuvre la Stratégie mondiale du secteur de la santé contre le VIH/sida, 2016-2021.Celle-ci définit 5 orientations stratégiques en vue d’aider les pays à atteindre efficacement les cibles mondiales relatives au VIH :  

  • utilisation stratégique des ARV pour le traitement et la prévention du VIH ;
  • élimination des infections à VIH chez l’enfant et extension de l’accès aux traitements pédiatriques ;
  • amélioration de la riposte du secteur de la santé au VIH dans les populations clés ;
  • développement de l’innovation dans les domaines de la prévention, du traitement et des soins du VIH ;
  • information stratégique au service d’une intensification efficace de la riposte ;
  • création de liens plus forts entre les résultats obtenus pour les VIH et les autres problèmes de santé liés au VIH.

Dans un communiqué de presse daté du 20 juillet dernier, à quelques jours de l'ouverture de cette grande conférence mondiale sur le sida, l'Organisation mondiale de la santé a alerté la communauté scientifique sur la hausse de la résistance aux médicaments contre le VIH dans les pays en développement mise en évidence dans un rapport. Dans six des onze pays observés, en Afrique, Asie et Amérique latine, plus de 10% des patients ont en effet développé une résistance aux traitements antirétroviraux les plus courants. Cette menace grandissante pourrait nuire aux progrès globaux réalisés dans la lutte contre le Sida si des mesures précoces et efficaces ne sont pas mises en oeuvre, estime l'instance de l'ONU pour la santé publique.

Selon les experts, un vaccin resterait le meilleur moyen de mettre fin à une épidémie qui a contaminé 76 millions de personnes et provoqué 35 millions de décès depuis son apparition, au début des années 1980.

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com