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Hypnose dans les structures d’urgence : quelle valeur-ajoutée ?

Publié le 29/01/2019
cas clinique douleur hypnose

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hypnose trilogie

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douleur hypnose cas clinique

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L’équipe soignante de l’hôpital de Mercy, à Metz, partage avec nous le poster présenté lors du dernier congrès européen de la médecine d’urgence, en septembre dernier, à Glasgow. Le sujet : la place de l’hypnose dans les structures d’urgence.

« Moins de chimie, un gain de temps », la conclusion de cette recherche sur la place de l'hypnose aux urgences présentée par une équipe soignante messine lors de l'EUSEM 2018, à Glasgow.

Des études d’imagerie ont démontré que la douleur s’accompagne de l’activation d’un réseau de structures cérébrales, comprenant le thalamus, le cortex somatosensoriel, le cortex cingulaire antérieur et l’insula, et que cette activité est diminuée significativement lors de suggestions hypnotiques d’analgésie. En 2017, la Société Française de Médecine d’Urgence recommande l’hypnose thérapeutique comme technique complémentaire adapté aux soins d’urgence. C’est un excellent moyen de communication auprès d’un patient en détresse dans un contexte d’urgence ressentie. Les résistances du patient sont alors au plus bas. Il n’est pas nécessaire que le patient croit en l’hypnose. Cette technique est efficace tant sur la douleur et le stress, geste technique ou pas.

La communication hypnotique

Cet outil nous apprend à réhumaniser les soins, améliorer la relation soignant/soigné. Eviter le plus possible les termes négatifs et adopter une position basse en termes de ton de la voix, de posture et de vocabulaire employé. Annoncer la douleur en termes négatifs augmente l’intensité de cette douleur, qu’elle soit émotionnelle ou physique. Au Centre de Réception et de Régulation des Appels (CRRA 15), elle est essentielle pour rassurer efficacement l’interlocuteur afin d’évaluer la situation, qu’il nous écoute efficacement si des gestes de secours sont nécessaires (MCE, PLS…).

Cas clinique

Mme N. 40 ans, insuffisance rénale dialysée avec luxation d’épaule

Auto hypnose, le bénéfice pour les soignants

La pratique de l’hypnose aux urgences par le soignant lui apporte un confort dans un domaine très négligé qui est son bien-être et son épanouissement, aussi bien privé que professionnel. Les situations de conflits avec les patients ou les collègues ne sont plus une source d’anxiété et de stress. Lorsque les soignant vivent des situations dramatiques, comme le décès de patients jeunes, il est important de disposer de cet outil pour nous aider à purger notre stress.

Hypnose formelle pour accompagner des gestes douloureux anxiogènes

Il est important d’éviter d’annoncer le déroulé des soins avec toutes les connotations négatives en relation avec la douleur, et bien au contraire d’en parler de manière rassurante, en employant des termes bienveillants, positifs.

  • Indications : gestes techniques (réduction de fracture ou de luxations, réalisation de ponctions, pose de drains), gestion du stress en toutes circonstances (pré-hospitalier centre 15) ;
  • Contre-indications : pathologies psychiatriques décompensées, prise de toxiques.

Le déroulement d’une séance d’hypnose formelle comporte les mêmes étapes qu’une anesthésie : une induction, un approfondissement et un réveil du patient. L’induction peut démarrer avec une fixation visuelle ou respiratoire, des techniques de confusion. L’approfondissement utilise fréquemment un comptage, des techniques de catalepsie et surtout les 5 sens, essentiellement via le canal préférentiel du patient.  Le réveil, souvent avec un compte à rebours resitue le patient dans le présent. Durant la séance, le patient est dissocié : une partie de lui est là, une autre est dans sa projection souvent un lieu sûr agréable.

En conclusion : « Moins de chimie, un gain de temps ».


Hypnose dans les structures d’urgences, N. Guler (M.D), P-Y. Gueugniaud (Ph. D.), S. Weber (M.D), E. André (M.D), K. Tazarourte (Ph. D.), F. Braun (M.D), Hôpital de Mercy, Metz, France / SFMU. Remerciements : P.  Aïm (M.D.) – Institut UTHYL  Ce poster a été présenté en septembre 2018 à l’EUSEM de Glasgow.

Bibliographie
- Rainville P., Carrier B., Hofbauer RK, Bushnell MC, Duncan GH. Dissociation of sensory and affective dimensions of pain using hypnotic modulation. Pain. 1999 Aug ; 82(2):159-171.
-  Rainville P. Hypnosis and the analgesic effect of suggestions. Pain. 2008 Jan ; 134(1-2) :1-2.  
-  Price DD, Barrell JJ, Rainville P. Integrating experiential-phenomenological methods and neuroscience to study neural mechanisms of pain and consciousness. Conscious Cogn. 2002 Déc ; 11(4) :593-608.
- Price DD. Hypnotic analgesia: Psychological and neural mechanisms. Dans : Hypnosis and Suggestion in the Treatment of Pain: A Clinical Guide. New York : Norton ; 1996. p.67-84.  
- Benedetti F, Lanotte M, Lopiano L, Colloca L: When words are painful: Unravelling the mechanisms of the nocebo effect.Neuroscience 147:260-271, 2007
- Lang EV and al., Can words hurt? Patient-provider interactions during invasive procedures, Pain, 2005, n°114, pages 303-309

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Source : infirmiers.com