Voici un article réjouissant publié récemment dans le New York Times 1 et intitulé « De l'art comme thérapie ». J'ai décidé de le partager avec vous à l'occasion de cet édito, le premier de ma part. De quoi s'agit-il ?
Un artiste d'origine russe, Alexandre Melamid, a crée une clinique « artistique » au cœur de Manhattan, à New York, où les patients « peuvent être traités pour toutes sortes de maux physiques ou psychologiques, en étant exposés à des œuvres d'art »... Le nom de cet établissement : « Art Healing Ministry ».
Dans le communiqué annonçant son ouverture, le 25 mai dernier, et où les consultations sont gratuites, sur rendez-vous, on peut lire ceci : « nous connaissons tous le pouvoir de l’art, sa capacité à galvaniser, fortifier, stimuler, exciter, apaiser, éclairer ». Cependant, le processus de guérison par l’art n’est pas clairement expliqué...
Monet contre le rhume des foins...
Alexandre Melamid est un homme fantasque, aux créations picturales monumentales et aux projets créatifs... très créatifs même : il a ainsi appris à des éléphants thaïlandais à peindre comme des expressionnistes abstraits ! Faut-il le prendre au sérieux ? Lui-même s'interroge : « on m'a toujours dit que l'art était bon pour moi, mais bon pour quoi ? Je viens juste de comprendre. Qu'est-ce qui est bon ? Aux Etats-Unis, c'est tout ce qui a trait à la santé », explique-t-il.
Serait-ce un nouveau filon en direction de tous ceux qui recherchent des traitements novateurs et pour le moins originaux ? Le journaliste américain Charles McGrath, raconte dans son article qu'un homme d'un certain âge souffrant de stress professionnel se présente à la clinique. Alexandre Melamid lui projette une série de tableaux avant de s'arrêter sur un Cézanne.
« Si vous aviez le rhume des foins, je vous enverrais certainement voir Claude Monet. Mais là, je vous recommande Paul Cézanne. Quand vous irez au musée, allez directement voir ses œuvres. Sa peinture, très puissante, a aussi des vertus apaisantes. » Mais l'homme ne sent pas forcément mieux, ce à quoi le thérapeute en herbe répond : « ce n'est qu'une première approche... ». Une évaluation complète, de 20 minutes, lui en coûtera 125 dollars (87 euros) s'il veut connaître les éventuels bénéfices... Pour finir, Alexandre Melamid, commentant sa nouvelle carrière, affirme : « la question est de savoir si je vais franchir le pas pour de bon, cesser d'être un artiste ou un conceptualiste, et devenir un vrai guérisseur... ».
Mis à part les consultations, la clinique propose également une « boutique » remplie de gadgets artistiques « thérapeutiques » où se côtoient bougies, semelles imprimées d’un autoportrait de Van Gogh, carte de prière invoquant Picasso - saint patron des automobilistes - ou Seurat - saint patron des peaux jeunes - et autres gadgets qui permettent « de se purifier grâce à l’art ».
Y'a pas de mal à se faire du bien...
En s'appuyant sur cette initiative « artistique » plutôt ubuesque, rêvons quelques instants aux prescriptions que nous pourrions recevoir si nous étions infirmière ou infirmier dans cet établissement de santé pas comme les autres : pour Madame L., souffrant de troubles du comportement alimentaire, « observer 5 minutes 3 fois par jour la Femme aux fruits de Paul Gauguin » ; pour Monsieur R., en proie à des troubles auditifs, « visionner matin et soir, 3 minutes durant, Autoportrait à l'oreille bandée et à la pipe de Vincent Van Gogh ; pour Monsieur P., dépressif, « aller 1 fois par jour au musée et s'arrêter sur un Monochrome bleu d'Yves Klein » ; pour Madame Z., souffrant d'artérite, « regarder attentivement 2 fois par jour, La Vénus de Milo »...
Bref, de la couleur, de la matière et, avant tout, surtout du plaisir. A l'heure où ce mot à disparu des conversations hospitalières, un petit moment de bienveillante utopie ne peut être que bienvenu !
Pour faire connaissance : après une « première vie » d'infirmière (1980-1992), j'exerce depuis maintenant 20 ans comme journaliste. Je n'ai jamais cessé de m'intéresser à la profession infirmière, un de mes sujets de prédilection dans le cadre de mes diverses collaborations aux revues de santé professionnelles. Rester plus que jamais très attentive aux préoccupations et aux évolutions en cours et à venir de la profession et toujours la valoriser reste pour moi une priorité.
Note
- Sélection hebdomadaire d'articles réalisée par Le Figaro du 3 juin 2011, « De l'art comme thérapie », Charles McGrath, New York Times.
Bernadette FABREGAS
rédactrice en chef IZEOS
bernadette.fabregas@izeos.com
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