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Edito - 8 mars 2019 : croire que l'avenir peut s'éveiller plus beau que le passé !

Publié le 08/03/2019
femme sigle

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Aissa Doumara Ngatansou

Aissa Doumara Ngatansou

En ce 8 mars 2019, Journée internationale des Droits des Femmes, nous avons choisi en premier lieu de mettre en avant deux ouvrages de femmes qui dénoncent et racontent, à leur façon et avec coeur, le meilleur et le pire de l’univers hospitalier. "Silence sous la blouse", de Cécile Andrzejewski, brise l’omerta des agressions sexuelles et autres harcèlement subis par les soignantes à l’hôpital… "Coup de blouse à l’hosto", de Sophie Ruellé, nous raconte le quotidien hospitalier (mais parfois aussi inhospitalier) d’une infirmière entre "sang, larmes et rire". Quelques éléments complémentaires, édifiants, données à l’occasion de cette Journée particulière qui ne devrait pas en être une, nous montreront, une fois de plus, combien le sujet des Droits des femmes ici et ailleurs et partout dans le monde est encore largement en devenir alors que XXIe siècle est déjà bien entamé.

Les ailes ne sont liberté que lorsqu’on les déploie pour voler. Repliées sur le dos, elles ne sont qu’un fardeau.
Marina Tsvetaïeva, poétesse russe

Le sujet des Droits des femmes ici et ailleurs et partout dans le monde est encore largement en devenir alors que XXIe siècle est déjà bien entamé. Les femmes doivent "compter" comme tout un chacun et ce, à travers le monde.

Puisque l’essentiel des professions du soin est féminin, cette Journée internationale des Droits des Femmes est aussi la leur. Infirmières, aides-soignantes, auxiliaires de puériculture, aides-médico-psychologiques, diététiciennes, ergothérapeutes, kinésithérapeutes, podologues, psychologues, médecins, sages-femmes, directrices d’hôpital... nul doute qu’elles s’inscriront dans cette démarche des mêmes droits pour tous et que, pour ce faire, elles continueront à s’y engager au quotidien dans leur vie professionnelle comme personnelle… Rappelons que le thème de l’ONU pour cette Journée 2019 est : "Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement".

"Silence sous la blouse"

Dans un grand hôpital, Justine, infirmière, est soulevée du sol par un chirurgien qui l’embrasse de force. Ailleurs, Jessica et d’autres soignantes se plaignent d’avoir dû étaler de la crème sur le corps et les fesses d’un anesthésiste. À l’autre bout de l’Hexagone, L. et ses collègues sont menacées à coups de pieds dans le bloc. Ailleurs encore, Laurie, technicienne de labo, subit fessées et caresses de la part de son chef biologiste. Toutes ces employées ont en commun d’avoir été agressées et d’avoir tenté d’alerter. Ceux qui leur font face, supérieurs ou collègues, partagent la même impunité : ils ont été couverts par leurs confrères et leur hiérarchie. Le chirurgien qui faisait régner la terreur à coup de pieds à gravi les échelons pendant quinze ans, malgré leurs alertes. Jessica et les autres aides-soignantes ont carrément entendu : S’il part, la maternité devra fermer. Et ainsi de suite. Culture du secret, justice de pairs, culte du chef, la journaliste Cécile Andrzejewski a recueilli pour cet ouvrage1 partout en France des témoignages de victimes, des faits jamais révélés, des histoires inédites puisque méticuleusement étouffées. 

 Cette enquête sur les violences sexuelles à l'hôpital plonge les novices dans le système peu connu mais ravageur de l’hôpital public. Bien loin du simple fait divers, ces affaires constituent le fruit pourri d’un appareil qui permet et perpétue l’impunité des blouses blanches.

10 femmes directrices générales de CHU s’expriment pour le 8 mars 2019

A l'occasion de cette Journée, dix femmes directrices générales de CHU témoignent en vidéo sur Réseau CHU de leur histoire professionnelle. En exclusivité, elles livrent leur conception du management hospitalier au féminin et leur vision du pouvoir. Une série en 10 épisodes à suivre sur Twitter avec #LeDGduCHUestuneFemme et un clip à visionner sur youtube Le DG est une Femme.  





"Coup de blouse à l’hosto !"

Voilà ce qu'écrit Sophie Ruellé, infirmière dans cet ouvrage2. "Pour moi, être infirmière était tout sauf une vocation. Je ne savais pas du tout quoi faire après mes études en biologie. Alors j’ai suivi quelques copines qui voulaient devenir infirmières : en résumé, j’ai vu de la lumière et je suis entrée ! Depuis que j’ai obtenu mon diplôme, il y a sept ans, j’ai le sentiment d’avoir vécu mille vies et d’avoir dû apprendre à encaisser… Je suis passée par beaucoup de services, de la maison de retraite au samu social, des soins palliatifs à la chirurgie viscérale, de la cancérologie à la réanimation… Et depuis quatre ans, j’ai choisi d’exercer essentiellement à la maternité (à moins que ce ne soit la maternité qui m’ait choisie ?), c’est plus reposant. Pour l’esprit, je veux dire… Je ne sais pas si j’exercerai cette profession toute ma vie. C’est très intense, les conditions dans lesquelles nous travaillons sont éprouvantes, voire parfois carrément inadmissibles. Le salaire, quant à lui, n’est pas à la hauteur des difficultés rencontrées… Mais, aujourd’hui, à trente ans, c’est mon boulot. Mon quotidien. Et j’ai envie de le partager, sans me censurer. Il est fait de contentements, de frustrations, de douleurs et de remèdes. Mon quotidien se raconte comme on raconte la vie des autres. Et le mot vie n’a jamais pris autant de sens. Mon quotidien, ce sont mes patients, toutes celles et ceux qui me mettent au bord de la crise de nerfs, mais qui me touchent tellement, aussi. Je les pique, ils me touchent, parfois c’est l’inverse. J’ai très souvent les larmes aux yeux. Je suis confrontée à des questions, des situations absurdes ou cruelles et je me rends compte que je n’ai pas toujours les mots pour consoler, expliquer, rassurer. Je me sens démunie. Mais j’apprends à me blinder, à ne pas tout prendre en pleine figure."

Je ne fais pas ce métier par vocation ni par passion, mais par conviction. La conviction de faire et d’être dans l’empathie. Mais face à un système médical de plus en plus absurde, j’ai parfois peur de me retrouver un jour aigrie, sans empathie justement. Et si je ne suis plus dans l’humain, j’arrêterai net.

L’article qu’il faut lire en ce 8 mars

30 femmes tuées en France depuis le début de l'année... 70% des pauvres dans le monde sont des femmes... Une femme sur trois dans le monde a subi des violences... En Europe, les femmes handicapées sont largement plus au chômage que les hommes... Les femmes sont dans la santé, l'éducation et le commerce, au mieux, sinon c'est l'agriculture... Les femmes exclues des négociations de paix… Et tant d'autres choses toutes aussi révoltantes à lire sur cet article de France Inter.



8 mars 2019 : la création du "Prix Simone Veil de la République française"

Le président Emmanuel Macron a remis ce vendredi 8 mars à Aissa Doumara Ngatansou, militante camerounaise contre les mariages forcés, le Prix Simone Veil de la République française, premier du nom, créé pour récompenser des actions partout dans le monde en faveur des droits des femmes. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la diplomatie féministe de la France, contre les violences sexistes et sexuelles, l’excision, les mariages forcés, pour l’accès à l’éducation des filles et des garçons, pour l’émancipation économique des femmes. Le prix est doté de 100 000 €.

Aissa Doumara Ngatansou raconte son combat : J’ai perdu ma mère quand j’avais 11 ans, et dès que j’ai eu 15 ans, mon père et sa famille ont décidé de me marier à un homme de leur choix, sans mon consentement. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je devais faire quelque chose pour moi-même. La discrimination, telle que je l’ai vécue, m’a poussée à devenir l’activiste que je suis aujourd’hui. Après mon mariage, j’ai décidé de poursuivre mes études. La famille de mon mari s’est opposée à ma décision, mais j’ai tenu bon. Finalement, mon mari m’a soutenue. À la fin de mes études secondaires, j’ai travaillé avec d’autres femmes pour lancer notre association à Maroua et aider les femmes et les filles victimes de la violence. J’ai compris, à travers mes propres luttes, que c’est la nature patriarcale de notre société qui constitue le principal défi.

Je compte. Je compte autant. Pas "à condition que". Pas "Tant que". Je compte. Un point c’est tout.
Chimamanda Adichie, écrivaine nigériane

Pour aller plus loin... ensemble ! 8 mars : des initiatives ici et ailleurs

Notes

  1. Silence sous la blouse, Cécile Andrzejewski, éditions Fayard, janvier 2019.
  2. Coup de blouse à l’hosto !Sophie Ruellé, Editions TUT-TUT, mars 2019.

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com