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Edito - 14 juillet : infirmière militaire, elle a défilé pour la première fois !

Publié le 13/07/2018
défilé 14 juillet 2018 armée santé

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souad, infirmière, armée

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Le leitmotiv de ces soignants résume bien leur mission : « Votre vie, notre combat ». Souad est infirmière militaire au sein du Service de Santé des Armées. Elle défilait pour la première fois ce 14 juillet 2018 sur les Champs-Elysées, à Paris. Portrait.

C’est la première fois que les hôpitaux d’instruction des armées (HIA) défilaient au 14 juillet, je me devais de leur faire honneur et d'être à la hauteur de ce privilège, assure Souad.

Crédit photos : bcissa2018 

A 28 ans, l'adjudant Souad est infirmière en soins généraux de premier grade auprès du pôle chirurgical à l'Hôpital d'Instruction des Armées Begin, à Saint-Mandé dans le Val-de-Marne, près de Paris, un hôpital militaire qui fait partie du Service de Santé des Armées. Après un bac scientifique, elle effectue son cursus d'infirmière dans le civil, puis, diplôme en poche, la jeune femme s'engage à l'hôpital d'instruction des armées Begin. Nous sommes en 2010. Elle suit alors une formation militaire initiale , puis sert en service de chirurgie orthopédique et traumatologique, en chirurgie maxillo-faciale, en chirurgie gynécologique et en chirurgie urologique et viscérale. Même si sa spécialité reste bien la chirurgie, avec la prise en charge de polytraumatisés et de blessés de guerre, Souad peut être amenée à faire appel à d’autres compétences. Durant notre carrière militaire, on attend de nous une grande polyvalence. Je suis donc apte à servir dans d’autres pôles que celui auquel je suis affectée, explique-t-elle.

Si la jeune femme a choisi d’intégrer le service de santé des armées, c'est parce que celui-ci lui donnait la possibilité de servir en développant des compétences propres aux armées, notamment lors des opérations extérieures où la militarité offre la rigueur et les valeurs qu'elle recherchait, confie-t-elle. Etre infirmière pour le Service de Santé des Armées me permet d’être au plus près des blessées de guerre pris en charge sur le terrain mais aussi, auprès des populations en France comme à l’étranger. Intégrer l'armée implique évidemment une discipline toute particulière. Au sein du Service de Santé des Armées, le leitmotiv reflète d'ailleurs parfaitement la mission qui revient aux soignants : Votre vie, notre combat. Concrètement, chacun doit se montrer disponible en tout temps et en tout lieu pour le soutien de la population et des forces armées. Un véritable engagement envers la France qui demande une grande disponibilité, de la mobilité, ainsi que des capacités d’adaptation, résume l'infirmière.

J’ai fait partie de l’équipe de prise en charge des victimes du 13 novembre, chargée d’accueillir et de soigner un maximum de victimes et de prendre en charge leurs familles. 

Afghanistan, attentats... les missions s'enchaînent

En 2013, l'adjudant Souad est envoyé en opération extérieure en Afghanistan, une mission qui lui permet de mettre en œuvre ses compétences chirurgicales au profit des forces armées et de la population, se souvient-elle. Cette expérience, riche tant sur le plan professionnel que personnel, m’a amenée à développer des capacités techniques et à vivre des émotions intenses au contact de mes collègues et d’une population locale courageuse. Sur un plan purement personnel, cette mission restera une aventure humaine sans précédent.

En 2015, Souad est envoyée auprès des nombreux blessés des attentats du 13 novembre . Une série de fusillades et d'attaques-suicides islamistes ont été perpétrées dans la soirée à Paris et dans sa périphérie par trois commandos distincts, une attaque revendiquée par l'organisation terroriste État islamique (Daech) qui fera 130 morts et de 413 blessés. Un service de crise est créé en urgence. Souad est dépêchée sur place. J’ai fait partie de l’équipe de prise en charge des victimes , chargée d’accueillir et de soigner un maximum de victimes et de prendre en charge leurs familles. Par la suite, j’ai pu suivre mes patients en assurant la continuité des soins durant les mois suivants, explique l'infirmière militaire, qui se souvient de ses impressions à l'époque : la mise en place du plan MASCAL (Massive casualties) et le traitement de blessures de guerre sont plus habituellement rencontrés en opérations extérieures. Le fait d’activer tout cela à quelques kilomètres de notre domicile était inattendu. Néanmoins, notre expertise et nos compétences militaires nous ont permis d’accueillir et de traiter les patients au mieux. Je retiens surtout la solidarité et la fraternité qui nous est propre et qui a su nous motiver dans ces moments pénibles, ainsi que les capacités de résiliences de mes patients. Ça a représenté pour moi une leçon de vie qui montre à quel point nous devons toujours aller de l’avant ensemble.

La difficulté, aussi curieux que cela puisse paraître, vient du fait que nous devons tous nous soutenir comme si nous nous connaissions depuis toujours pour arriver à marcher parfaitement ensemble.

Tout premier défilé du 14 juillet 

Pour les militaires, défiler sur les Champs-Elysées est un honneur. Malgré son naturel timide et discretSouad a décidé de se porter volontaire pour le défilé 2018. Nous étions nombreux à vouloir défiler, je ne pensais pas être choisie, la surprise à donc été totale ! Il faut alors suivre une préparation rigoureuse. Marcher au pas, c’est quelque chose que nous apprenons lors de notre formation militaire initiale. En revanche, l’activité des hôpitaux ne nous permet de pratiquer l’ordre serré que très rarement. La préparation nous apporte donc le temps nécessaire à réveiller notre mémoire en la matière et surtout nous permet de créer des liens avec les autres participants pour faire honneur à tous ceux qui nous regarderons et bien entendu à l’institution à laquelle nous sommes attachés. Est-ce difficile ? La présence de personnels des huit hôpitaux d’instruction des armées (HIA) implique que nous ne nous connaissons pas tous. La difficulté, aussi curieux que cela puisse paraître, vient du fait que nous devons tous nous soutenir comme si nous nous connaissions depuis toujours pour arriver à marcher parfaitement ensemble. Cette difficulté est donc bien réelle mais aussi très vite estompée, grâce à notre implication, à notre capacité d’adaptation et aux conditions de répétitions qui nous rassemblent. En effet, le poids de l’arme, le soleil, l’attente... toutes ces choses nous rapprochent et nous permettent de passer outre les difficultés des répétitions

Française d'origine algérienne, la jeune femme se dit particulièrement fière et touchée d'avoir était choisie. C’est la première fois que les hôpitaux d’instruction des armées (HIA) défilent au 14 juillet, je vais leur faire honneur et être à la hauteur de ce privilège, assure Souad. A quoi pensera-t-elle pendant le défilé ? A ses parents et à sa famille, bien sûr, mais elle aura aussi une pensée toute particulière pour ses collègues de l’hôpital militaire Bégin qui seront tous représentés lors de ce 14 juillet.

Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com