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Burn-out : un niveau très élevé chez les infirmiers libéraux

Publié le 14/06/2017
Migraine

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Charge de travail, amplitudes horaires, contraintes environnementales sont autant de facteurs responsables d'un burn-out qui s'avère très élevé chez les infirmiers libéraux. Les résultats d'une étude menée par l'Université de Bourgogne-Franche-Comté et soutenue par l'Infirmière libérale magazine auprès de 1 700 IDEL en témoignent. Explications.

Les infirmiers libéraux sont confrontés à une charge de travail élevée qui peut mener au burn-out.

Selon les résultats d'une enquête initiée en février dernier1 par Didier Truchot, professeur de psychologie sociale à l'Université de Bourgogne-Franche-Comté et Mathilde Duboz, étudiante en master psychologie du travail, le niveau de burn-out est très élevé chez les infirmiers libéraux . Il est équivalent à celui des médecins généralistes, souligne ainsi le Pr Truchot.

La charge de travail et le travail empêché, principaux stresseurs

Au travers de son questionnaire, le Pr Truchot a souhaité déterminer les stresseurs2 rencontrés par les infirmiers durant leur exercice quotidien. Il apparaît que le principal stresseur est la charge de travail à laquelle sont associés des amplitudes horaires importantes (5,22/6), la réalisation de divers services qui ne sont pas du ressort de l'IDEL (5,18/6) et le manque de temps pour se reposer (4,84/6). Le travail empêché est le second stresseur identifié par le Pr Truchot. Il s'agit notamment des relations conflictuelles que les IDEL peuvent avoir avec les patients qui leur manquent de respect, des relations tendues avec leurs collègues ou d'un environnement de travail contraignant. Les situations défavorables les plus rencontrées par les infirmiers libéraux sont la réalisation des soins dans des logements peu adaptés (4,57/6), la confrontation à des demandes excessives des patients et/ou de leur famille (4,25/6) ou la réalisation de soins dans des logements sales, vétustes (4,12/6). Trois autres stresseurs ont été définis. L'un renvoie aux affects, notamment aux émotions provoquées par la prise en charge de patients en difficultés physiques ou psychologiques. Les inquiétudes financières sont le quatrième stresseur, le cinquième étant l'empathie.

Plus les IDEL s'aperçoivent qu'elles doivent faire un travail d'empathie et trouver la juste distance avec le patient, plus le travail va avoir un effet positif sur la vie privée

Burn-out : entre épuisement émotionnel et dépersonnalisation

Le Pr Truchot s'est attaché à savoir dans quelle mesure ces différents stresseurs peuvent avoir un impact sur le burn-out. Dans le cas de cette étude, ce qui joue le plus sur l'épuisement émotionnel des infirmiers libéraux est la charge de travail, suivie du travail empêché, indique le Pr Truchot. Soulignons que l'épuisement émotionnel est la plus importante sous-échelle principale du burn-out selon le Maslach Burnout Inventory (MBI), la seconde étant la dépersonnalisation. L'épuisement émotionnel est le noyau dur du burn-out, estime le Pr Truchot. Cela renvoie au sentiment de ne plus avoir de ressources pour répondre aux exigences de son travail, à un manque de motivation pour son travail, à un sentiment de fatigue chronique qui n'est pas soulagé par quelques jours de repos, ce qui s'approche d'un était proche de la dépression. Quant aux stresseurs associés à l'affect, ils semblent ne pas engendrer une élévation des scores de burn-out, bien au contraire. Plus les IDEL perçoivent qu'elles sont confrontées à ce type de stresseurs et ont conscience d'être fréquemment au contact de la souffrance de leurs patients, moins elles ressentent d'épuisement émotionnel et de dépersonnalisation, car ce sentiment donne du sens à leur travail, constate le Pr Truchot.

L'interférence du travail sur la vie privée a un effet particulièrement fort sur l'épuisement émotionnel des infirmiers libéraux

Se regrouper pour diminuer le burn-out ?

Dans son étude, le Pr Truchot révèle que les infirmiers exerçant seuls effectuent en moyenne 53 heures par semaine, contre 38 heures pour ceux qui sont associés. Cette charge de travail élevée chez les IDEL travaillant seuls n'est pas sans conséquence puisqu'elle est associée à un nombre de burn-out plus important chez cette population et impacte de manière négative la vie privée. Le cabinet de groupe serait-il l'une des solutions à mettre en place pour diminuer le burn-out ? Cela ne fait aucun doute pour le Dr Truchot.

Notes

  1. Enquête menée en ligne et par courrier en février 2017 auprès de 1 678 infirmiers libéraux.
  2. La partie relative aux stresseurs comportait 70 items notés de 0 à 6 en fonction de la fréquence à laquelle les IDEL étaient confrontés à ces situations.

Aurélie TRENTESSE  Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com  @ATrentesse


Source : infirmiers.com